O P E T H

Heritage
OPETH
Heritage
Roadrunner Records

Le nouvel OPETH vient d'arriver et se nomme simplement « Heritage ». Encore une fois, fidèle à lui-même, Mikael Åkerfeldt n'en a fait qu'à sa tête et s'est enfin décidé à nous concocter un album de…Rock Progressif, très seventies. Ca y est, je l'ai lâché !

Le style de ce nouvel opus est tout simplement un voyage musical qui va vous ramener 40 ans en arrière et faire abstraction des influences Death Métal qui faisaient la renommée de la formation Suédoise depuis ses débuts. « Heritage » va vous inviter dans un monde vintage ou les ambiances progressives, rock, folk et psychédéliques vont annihiler toute connotation trop metal, dans le style musical qui les définissait. Adieu, donc, grosses guitares, growls et tempos frénétiques. Ce virage stylistique, osé et courageux, fera la part belle à une mélodicité vocale et instrumentale décuplée, le tout allié à une technicité impressionnante du début à la fin de l'album.

Ce nouvel OPETH sera l'occasion, pour les plus jeunes, de découvrir un genre qui était un peu tombé en désuétude depuis trop longtemps. Les fantômes de KING CRIMSON, RAINBOW, DEEP PURPLE, POPOL VUH, ZAPPA, MARILLION, RUSH, JETHRO TULL, YES, CAMEL et, bien sûr, PORCUPINE TREE, habitent et hantent les dix compositions de l'album. « Heritage » peut même chatoyer, par moment, le jazz Progressif, WEATHER REPORT, et n'en éprouver aucun complexe.

Même en ce qui concerne le rendu sonore et la production d'« Heritage », orchestrée par Steve Wilson (Porcupine Tree), un travail impressionnant a été réalisé pour donner des couleurs très 70 à l'ensemble des titres. Je dois reconnaître que le résultat est simplement bluffant : retour des sons chauds de la basse, des guitares aux multiples sonorités, une batterie alternant groove Jazzy et précision percussive, ainsi que des claviers aériens, un mellotron d'un autre temps, une flûte traversière maligne, des percussions ethniques et des arrangements millimétrés, seront vos compagnons de chaque instants.

Cependant, jamais ô grand jamais je n'ai eu l'impression d'entendre autre chose que du OPETH. Oui, l'approche musicale diffère, mais le style d'écriture de Mikael Åkerfeldt reste identifiable instantanément. Premièrement grâce à cette voix chaude et mélodieuse, générant une émotivité naturelle. Deuxièmement, par la prolifération de multiples passages acoustiques, rédhibitoire chez OPETH. Ainsi que, en troisième point, par cette forme d'écriture si particulière chez Mikael, passant de moments planants à des sauts plus énergiques, agrémentés de breaks incroyables qui ont fait la réputation du groupe.

Si je devais, en quelques mots, détailler les différentes compositions de ce nouvel opus, je les décrirais ainsi :

Le premier titre, « Heritage », donnant son nom au dixième album d'OPETH, s'avère être une introduction instrumentale mélancolique aux reflets jazzy, Piano/Contrebasse, avec un thème musical que n'aurait pas renié le regretté pianiste de E.S.T, Esbjörn Svensson .

Le second morceau, « The Devil's Orchard », déjà en écoute gratuite, est largement influencé par RUSH et KING CRIMSON, mais garde immanquablement la marque d'OPETH. Pour « I Feel the Dark », le troisième titre, il n'est pas sans rappeler « Coil » sur l'album « Watershed », avec son côté sombre et ses quelques montées plus musclées. Pour « Slither », la quatrième piste, c'est plus un bon vieux DEEP PURPLE de dessous les fagots qui nous est proposé. Autre atmosphère pour « Nepenthe », plus jazzy dans la forme, avec un passage habité par le spectre de Franck Zappa. C'est un « Haxprocess » multi-facettes très influencé KING CRIMSON dans son introduction, basculant dans Alice Cooper (Welcome To My Nightmare) et enchainant dans du PORCUPINE TREE, tout en gardant une identité Opéthienne. « Famine », le Septième titre, aux percussions ethniques, Marqué du sceau WEATHER REPORT, se concluant sur un final entre JETHRO TULL et BLACK SABBATH. Le huitième volet, « The Lines in My Hand », que ne renierait pas Steve Wilson dans sa discographie, s'avère pourvu de breaks plus toniques, mais disparates, rendant le morceau difficile à capter dans sa globalité. L'avant dernier, « Folklore », longue pièce de huit minutes, propose une base d'écriture plus simple et progressive, avec des passages de guitare acoustique splendides, rassurante pour le coup, et qui, au final, semble moins fragmentée que les autres pistes de l'album, donc plus facilement assimilable. « Heritage » se conclut avec un dernier titre, « Marrow of the Earth », une plage instrumentale toute en émotion, d'une simplicité touchante.

Je précise que la version numérique en ma possession ne contient pas les deux bonus de la version Deluxe édition. Celle-ci comprend « Pyre » et « Face in the Snow ».

Même si, dans cette chronique j'ai usé et abusé de comparatifs avec d'autres formations progressives, c'est uniquement pour vous donner quelques indications plus précises sur l'orientation musicale prise dans « Heritage ». Malgré tout, la marque d'OPETH reste bien distincte dans l'écriture des différentes compositions et ne laisse pas entrevoir que les Suédois ont retourné leurs vestes pour suivre un quelconque mouvement de mode.

Bon, il est clair aussi que l'orientation musicale prise par Åkerfeldt et OPETH, risque de faire grincer beaucoup de dents. Le Fan de distorsion Death Métal se sentira perdu et sans réel repère pour affronter cette nouvelle galette. Mais, a contrario , cette ouverture stylistique pourra expliquer, pour ceux qui ne l'avaient pas encore capté, qu'OPETH a toujours eu, dans sa forme, une filiation naturellement progressive. Celle-ci se trouve ici mise plus en avant, au détriment des assauts brutaux qui faisaient la renommée du groupe. Personnellement, je ne regrette pas ce virage musical et pense qu'OPETH est un groupe courageux et de grande classe, même si, antérieurement, quelques indications (surtout dans l'avant dernier album « Watershed ») le lassait entrevoir, la scission paraitra violente et disproportionnée lors des premières écoutes. Seule l'ouverture d'esprit de chacun pourra déterminer si OPETH a su asseoir et préparer ses hordes d'aficionados à un tel séisme musical. Mais, au fond de moi, j'aurais certainement regretté, pour OPETH, qu'il nous ressasse un nouveau clone musical, sans la moindre prise de risque. Cela aurait certainement contenté tout ce petit monde et n'aurait pas eu cet effet cataclysmique à venir. Alors oui, je suis totalement pour ce virage à 90° et vais continuer à suivre les Suédois dans leurs aventures musicales. Seulement, je regrette certaines transitions bancales et décousues dans plusieurs titres de l'album, lui faisant ainsi perdre, dans sa globalité, en fluidité et en efficacité. Un album « prise de risque », courageux et qui me laisse espérer que l'industrie musicale n'est pas qu'une grosse machine à fric, planifiant les futurs standards qui doivent être écoutés, mais aussi que les groupes qui signent avec ces grosses Majors, monstres de l'industrie musicale, peuvent encore garder une forme d'autonomie dans la tournure stylistique qu'ils souhaitent pouvoir suivre à certains moments de leurs carrières.

Le site : http://www.myspace.com/opeth + http://opeth.com/splash.html

Dave.

 

   
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