Lion Music

Overdrive est un vieux groupe de la scène Heavy suédoise, initialement formé en 1980. Quelques reformations ont donné lieu à des concerts ponctuels après leur dissolution mais ce n'est qu'en 2003, avec un nouveau vocaliste, que l'équipe reprend officiellement la route, puis le chemin des studios. « Let The Metal Do The Talking » (sans doute un hommage à Joe Perry) à peine sorti en 2008, Overdrive commence à travailler sur « Angelmaker », notre album du jour...
Et sans doute album du mois pour moi si Ultrarock proposait de tels classements. La pochette peut vous laisser penser que Overdrive est un groupe de Power, formé l'année dernière pourquoi pas. En fait, à part illustrer le morceau-titre (les « faiseuses d'anges » étaient des pseudo-sorcières de la Suède d'il y a un siècle responsables de la mort de plusieurs nouveaux-nés qu'elles étaient sensées transformer en anges...) cette pochette ne dit pas grand chose... Elle ne dit surtout pas ce que vous ressentirez immédiatement lors de la détonation « Signs all over » : une force incroyable, de la nervosité dans les guitares, de la solidité dans les rythmiques... On a affaire à une équipe d'un niveau supérieur. Overdrive a beau jouer du Heavy de base, rien de vient plomber cette dynamique qui vous prend immédiatement.
Pour être plus précis, ce Heavy est traditionnel, parfois carrément NWOBHM comme à leurs débuts (« Mother earth » pourrait dater de 1983), avec une certaine propension au Speed (« On with the action », « To grow ») d'un côté et au Hard mélodique de l'autre (des choses comme « See the light » par exemple). Rien pourtant qui rende Overdrive révolutionnaire et, malgré tout, l'effet est immédiat : la qualité de l'équipe est, en effet, exceptionnelle. Le punch naturel dont recèlent les cinq membres, l'écriture enthousiaste, la puissance de leur formule et sans doute l'expérience... Overdrive est loin, très loin devant la scène Heavy actuelle.
L'équipe en question (présentons-la, elle le mérite) c'est Janne Stark et Kjell Jacobsson aux guitares, Kenth Ericsson à la basse et Kenta Svensson à la batterie, donc complétés de la nouvelle recrue Per Karlsson. Ce dernier serait d'ailleurs le seul à quelque peu dénoter, avec son approche plus moderne du chant, trop criarde sur les morceaux plus typés Judas Priest par exemple et plus à l'aise dans les registres plus Rock comme « In gut we trust » ou « Mother earth » où il trouve plus chaussure à son pied. Le reste est solide comme l'acier : des riffs flamboyants, des rythmiques irrésistibles, énergiques (les cavalcades de « The wave breaker » ou les mid-tempi « Mother earth » et « It's a thriller ») et profondes (le groove de « In gut we trust »...), des refrains hymniques (« To grow », « Mother earth ») parfois soutenus de chœurs à l'allemande (« Signs all over », le morceau-titre...) y injectant une dose d'agressivité... Jamais Heavy aussi basique n'aura été si efficace.
La formule est si puissante qu'ils l'appliquent à « I know there's something going on », titre sorti à l'époque de leurs tout-débuts chanté par... Frida de ABBA. Afin de lui rendre justice ? C'était une composition de Russell Ballard. Leur reprise est, en tout cas, incroyable. Le punch y est, le son est plein... à croire que tout ce qu'ils touchent devient or.
Les points négatifs sont, en fait, quasi-inexistants. Aucun titre n'est faible, aucun ne jure par rapport aux autres... les Speeds sont peut-être privilégiés par rapport aux mid-tempi, bien qu'ils soient les plus typés 80s. Mais tant qu'il s'agit de tueries comme le morceau-titre ou des choses portées par les riffs flamboyants en tapping de « Under the influence » ou le solo quasi-Maiden de « Mother earth » on y trouvera peu à redire. Le chant, dont j'ai remis la tendance aux aigus en question, parvient même à faire avec le temps de « Cold blood chaser » où ces accès de halfordite se font plus ponctuels et alternés et du coup plus solides voire élançants. Rien, non vraiment rien ne vient gâcher cette superbe mécanique qui se met en place sur le premier titre pour ne pas s'arrêter avant le dernier.
Est-ce l'enseignement des 80 ? Est-ce la longue collaboration des membres ? Je ne saurais dire, mais leur qualité de jeu est exceptionnelle. Aucun de ces douze titres ne souffre de son écriture convenue ou standard. Il y a quelque chose dans cette machine rythmique qui ne peut s'expliquer que par un solide sens musical. Si tous les combos Power pouvaient partager la même chose le genre serait sauvé. J'espère très sincèrement que la deuxième partie de carrière d’Overdrive sera plus longue que la première. Rien n'est perdu en authenticité et encore moins en dynamisme.

Le site : www.overdrive.se + myspace.com/overdrivesweden

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