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RADIOHEAD
" The Kings Of Limbs "

RADIOHEAD The King Of Limbs

Auto-production

Et voici le huitième Radiohead.... Ca peut ne faire ni chaud ni froid à une bonne partie du lectorat d'Ultrarock mais, passées les frontières de ce site, « King Of Limbs » fera office d'album de l'année, alors touchons-en quelques mots. Déjà, avant même sa sortie vous pouvez vous le procurer en téléchargement, le groupe ayant décidé de renouveler l'expérience tentée précédemment. Ensuite, et bien... lancez tout cela et, première constatation, huit titres pour moins de 40 minutes, c'est court... C'est le plus court Radiohead, je pense. Et la musique est à cette image : sombre, mélancolique, dépouillée ou éthérée, mais allégée. Quoi qu'il en soit, il y a beaucoup à dire sur ces huit titres, alors entrons-leur dans le lard sans plus attendre.

La première partie de l'album reprend les choses là où « In Rainbows » les avait laissées, c'est-à-dire avec des samples et un son électro-friendly. Logique comme démarche, donc illogique pour Radiohead. Toutefois ce son est plus léger, comme je l'ai dit. Enfin, surtout le ton, mais le son aussi (sans surprise, Nigel Goldrich produit). Cette tendance électro confine plutôt au Trip Hop, et des titres comme « Bloom » et « Morning Mr Magpie » accusent une forte tendance Sigur Ros. C'est ce qui prévaudra partout : même les titres exempts de samples miseront tout sur cette ambiance plutôt qu'autre chose. Cependant, contrairement à ce que beaucoup prétendent depuis que le quintette n'est plus un « groupe à guitares », Radiohead compose encore des mélodies. Et oui, son écriture reste classique, mis à part peut-être « Morning Mr Magpie » qui fonctionne plus comme un ostinato à l'image de « Idiotheque », les mélodies constituent toujours le squelette de leur écriture ; elles se voient simplement étirées plus que de raison, et encore plus que d'habitude ici, jusqu'à ne plus constituer qu'un fin tissu recouvrant ces ambiances aériennes. Sur « Codex » on aboutit carrément à une ambiance de démo inachevée, je veux dire au point de ne même plus percevoir ni pouvoir suivre ce fil mélodique qui existe pourtant.

Ce dernier titre appartient à la partie la plus intéressante de « King Of Limbs » à mes yeux, composée des trois derniers titres. Premièrement, les rythmiques samplées ou électro s'effacent, ce qui est un grand bien. Radiohead n'a pas besoin d'électro, Radiohead peut chercher ses idées ailleurs que dans des évidences aussi affligeantes, Radiohead perd toute inventivité en se souciant de ce qui se passe autour de lui. C'est donc avec plaisir que je le vois s'affranchir de cette faute de goût le temps de « Codex » enchaîné à « Give up the ghost », sorte d'air ad-lib se prolongeant à l'infini jusqu'à se perdre dans un arrière-plan pour ne ressortir qu'au début de « Separator », dernier titre, plus Pop Rock pour le coup, plus traditionnel, extrêmement frais à la fin de cet album, ne retenant pour toute influence que l'acidité des guitares Psyche 60s.

Les influences, quoi qu'on en dise, n'ont jamais été d'une évidence flagrante chez Radiohead. On entend à volonté parler de Pink Floyd, mais allez chercher trace du quartet ailleurs que dans les ambiances « On The Run » de « Feral » ou le rythme hypnotique de « Bloom »... Non, aucune influence n'est assez évidente pour être citée et, surtout, pour recouvrir l'œuvre de Radiohead de son ombre. Une nouvelle se fait toutefois sentir ici : celle d'artistes Synth comme Vangelis dont je retrouve la sensibilité à la fois orchestrale et ambiante dans « Bloom » et « Morning Mr Magpie ». Mais, hormis ça, cet album – comme les autres – est assez libre.

Celui-ci plus que les autres, pourrait-on même avancer : ces titres sont tellement flottants, tellement vaporeux qu'il est dur d'y retrouver un point d'accroche, même propre au groupe. En fait, à plus grande échelle, en oubliant les éléments électros, somme toute assez récents, une ligne de conduite se dégage depuis, disons... depuis « OK Computer », depuis leur première collaboration avec Nigel, tiens. La structure harmonique est creusée à l'extrême et une formule reposant uniquement sur la basse ressort : ici, elle est à fleur de peau. La basse est l'unique fil conducteur de « Little by little », « Feral » et « Lotus flower » et son motif très Jazz donne toute sa dynamique à « Bloom », seul morceau à en proposer d'ailleurs. Autour de ça, tout est lâche. Et tant mieux car c'est dans cet espace que le groupe s'exprime, des guitares acoustiques distendues de « Little by little » aux chœurs de cathédrale de « Feral » en passant par l'écho quasi-harmonique de « Lotus flower » et j'en passe.

Disque riche, donc, c'est sûr. Tellement sûr que cette chronique sera vite périmée après quelques dizaines d'écoutes supplémentaires. Mais disque faible par d'autres aspects. Par cette insistance à flirter avec l'électro que je ne traduis que comme un manque d'inspiration, par cette maîtrise lâche de la dynamique privant « Lotus flower » de tout temps fort, enterrant « Feral » avant de l'avoir réellement développé et étendant au contraire le si laid-back « Give up the ghost » jusqu'à lui ôter toute substance. Faible aussi par sa répétitivité sur sa première moitié et sa froide mollesse générale. Mais si ces points me font réagir, c'est bien car il y avait matière à affaiblir, et en effet « King Of Limbs » possède du caractère, un caractère nouveau pour Radiohead et constitue donc une avancée indéniable. Le groupe n'a qu'à moitié fait le pas mais il a déjà posé le pied dans un cadre moins restrictif que le précédent. Reste à sauter le pas…

Le site : www.radiohead.com  + myspace.com/radiohead

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