Auto-production

La pochette correspond bien au titre, et le titre colle au groupe. Ambiances sombres, orchestrations riches et noirceur omniprésente, voilà bien ce que vous trouverez chez Silent Opera, formation d'Aquitaine œuvrant depuis 2007 et proposant aujourd'hui son premier EP, autoproduit. En matière d'EP, ses 6 titres se montrent assez généreux puisqu'ils totalisent plus d'une demi-heure de musique... Une demi-heure de Metal symphonique donc, aux ambiances gothiques et tonalités dures. Rien de bien nouveau sous le soleil donc, mais le groupe se montre assez solide pour convaincre malgré la durée réduite de cette première œuvre et les moyens limités de production qui confèrent un son assez maigre à l'ensemble.

Heureusement la musique est là, et les plages vont proposer un mix équilibré de Metal symphonique (navigant d'ambiances finement mises en scènes comme celle de l'introduction « The lost and the shining path » à des orchestrations plus typées BOF comme « Time of mechanical horses »), de rythmiques traditionnelles Heavy (le moteur de « Black of despair » par exemple), de parties vocales « beauty and the beast » (entre une Laure Laborde assez élégante et un Steven Shriver malheureusement moins fin), le tout saupoudré de parties instrumentales virtuoses (les interventions néoclassiques du guitariste Romain Larregain et du claviériste Franck Junca, sur « Black of despair » ou « Time of mechanical horses ») et d'emprunts au progressif (quelques plans de « Lost souls ») comme au Black (Steven sur « The fall », Romain sur « Lost souls »).

Qu'en ressort-il ? D'abord, une équipe solide et un travail sérieux. La production ne gêne pas outre-mesure, et l'effort d'écriture est sensible. Les arrangements sont assez bien pensés et l'exécution exempte de faiblesses. En revanche, évidement, Silent Opera n'innove guère dans son domaine... Mais, d'un autre côté, sa volonté est assez ambitieuse, s'agissant de leur première œuvre et, qui plus est, réalisée totalement grâce à eux-mêmes. Donc le choix stylistique leur appartient, ne le remettons pas en question. Penchons-nous plutôt sur les points positifs comme négatifs de leur travail musical. Les premiers sont tout d'abord ce professionnalisme palpable, de l'écriture à l'interprétation, et, ma foi, cette réussite assez marquée dans la création d'ambiances et de cette sensibilité gothique qui était bien leur but premier et, à mes yeux, l'intérêt principal de ce type de musique...

Pour les points négatifs maintenant, il faut bien dire que certaines parties peuvent se montrer assez plates, assez quelconques, voire insignifiantes... Le groupe corrige heureusement le tir grâce à des éléments plus dynamiques pas toujours usités dans cette musique sombre : les éléments rythmiques Heavy que j'ai évoqués, ainsi qu'un esprit se permettant parfois de s'écarter des canons Goth, comme la nervosité moins atmosphérique de « The fall » ou l'aspect inhabituellement vivant et direct de « Lapse of memory », qui n'en est pas moins l'un des titres les plus réussis de ce « Act One » qu'il conclut sur une note riche, dynamique et inattendue.

Spéculer sur un second acte serait s'avancer un peu, mais je pense que Silent Opera passe largement l'épreuve du premier enregistrement. Leur écriture est assez mature pour se lancer dans l'aventure, à défaut d'être originale, et leur maîtrise musicale leur assure une production non-autoproduite sûrement supérieure à celle-là. En revanche, cette personnalité encore peu exprimée peut faire craindre de les voir, au sein de cette scène à laquelle ils peuvent donc prétendre, accéder au statut de simple groupe secondaire, plutôt que réel élément fort du Metal Symphonique. Un travail d'expression poussé serait donc à envisager, et j'ai déjà pointé ici quelques éléments qui pourraient permettre un tel développement d'une expression plus propre.

Le site : www.silentopera.com  + myspace.com/silentoperaofficialsite

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