Herr Sinner est un musicien très prolifique ayant un emploi du temps de ministre, ce qui ne l'empêche pas de mener à bien ses divers projets musicaux. Primal Fear et Sinner sont deux formations évoluant chacune dans deux univers bien distincts, le premier étant l'une des têtes de la mouvance typique heavy power metal à l'allemande et l'autre proposant un hard rock un peu stéréotypé et heavy mais assez plaisant dans l'ensemble.

Dès 1984, son tout premier album, ‘Danger Zone', Sinner impose le respect. Le blond bassiste sait comment créer quelque chose d'efficace et de mélodique à la fois. Cela est facilement vérifiable avec Primal Fear dont il est, sans conteste, le principal compositeur, mais également avec les dernières réalisations de son groupe solo qui, il faut l'avouer, restent une expérience plutôt enrichissante pour l'auditeur.

Le combo nous revient aujourd'hui avec ‘One Bullet Left', trois ans après ‘Crash And Burn' et six après ‘Mask Of Sanity'. Ce nouvel opus est d'aussi bonne qualité que ses prédécesseurs, même si ‘One Bullet Left' semble un poil moins inspiré que ses deux aînés. Plus léger au niveau de l'ambiance qui s'en dégage, cette dernière offrande des allemands est plus lumineuse et enjouée, peut-être grâce à de nombreuses parties qui font la part belle aux mélodies et des structures plus orientées hard rock que par le passé. Peut-être est-ce le nouveau changement de line-up qui est à l'origine de cette petite bifurcation musicale : outre la présence inchangée de Mat Sinner à la basse et de Christoph Leim à la gratte, nous pouvons constater l'apparition de deux nouvelles têtes en Andre Hilgers (Rage) [batterie] et Alex Scholpp (Tarja, Farmer Boys) [guitares] ainsi que le retour « providentiel » d'Alex Beyrodt (Silent Force, Voodoo Circle, Primal Fear) [guitares].

La présence de trois guitares a, en effet, (trop ?) adouci la musique du groupe. Comme dans le cas d'Iron Maiden. Est-ce un mal ? Est-ce un bien ? Peu importe, du moment que la musique est bonne. Oui, la musique de Sinner est bonne, mais à force de se répéter d'album en album, elle n'en devient que peu enthousiasmante et l'on a très vite envie d'éteindre la platine de peur de bâiller et de rapidement s'endormir. Il semble que Mat Sinner préfère se cantonner à présenter des parties à la Thin Lizzy , d'exhiber non pas ses parties intimes (heureusement pour nous), mais ses influences personnelles, que de montrer ce dont il est réellement capable en tant que compositeur. Il s'est pourtant démené par le passé (et encore maintenant) pour nous mettre à genoux à l'aide de riffs assassins au sein de Primal Fear. Bon, il faut admettre que ce projet parallèle solo est une bouffée d'air frais pour le costaud blondinet entre deux rondelles meurtrières de son autre combo, cité dans la phrase précédente, et lui permet de retrouver l'intégralité  de son talent de chansonnier. Toutefois, il n'y a absolument rien de judicieux dans cette « œuvre » basique techniquement.

Surtout la voix de Sinner qui est, décidément, assez désagréable à l'oreille et ne colle pas du tout au style pratiqué. Il y a un certain décalage entre la musique mélodique et la voix du bassiste, ce qui rend ni justice au musicien ni à son hard rock. Mat aurait eu une bonne idée en embauchant un véritable vocaliste, ce qui aurait peut-être changé la donne. Malheureusement , il ne l'a pas eu…

Quant à la production, il n'y a rien à dire. Elle est puissante et aussi claire que de l'eau de roche.

Finalement, après écoute et analyse complètes, ce ‘One Bullet Left' est un album en demi-teinte, parsemé de nombreuses erreurs que seule une formation débutante aurait pu commettre. Ce crû 2011 est légèrement indigeste. Il est inconcevable qu'un groupe d'expérience, existant depuis plus de 25 ans, en arrive à un tel résultat, pauvre en diversité et en relief…Une seule conclusion s'impose pour terminer cette chronique : « au suivant, s'il vous plaît !! ».

Le site : www.matsinner.com + www.myspace.com/matsinner1

MetalAngel