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SOULSPELL
" The Labyrinth of Truths "

SOULSPELL The Labyrinth of Truths

Inner Wound Recordings

Le genre : metal opera

Soulspell est le très ambitieux projet du batteur et compositeur brésilien Heleno Vale, qui a déjà commis en 2008 A Legacy of Honor. Il s'est entouré en 2010 de très beau linge, soit tout ou presque ce qui compose le PHB (pas le GHB, hein), le Paysage Heavy Brésilien et au-delà. Je ne cite que quelques noms, la liste est longue comme le bras de Mr. Fantastic (environ 25 vocalistes). Parmi les serviettes, au chant, on retrouve Jon Oliva (il les fait tous, les metal opera, ou bien ?), Zak Stevens (lui aussi ex-Savatage), German Pascual (ex-Narnia), Edu Falaschi (Angra), Blaze Bayley (ex-Iron Maiden), Tim Owens (ex-Judas Priest et Iced Earth). Parmi les torchons, aux instruments, Roland Grapow (guitare, Masterplan, ex-Helloween) et Fernando Giovanetti (basse, Aquaria).

Alors, quoi de neuf sous le soleil de São Paulo ? Selon l'humble avis de votre dévoué serviteur, depuis l'Avantasia part. I de Tobbias Sammet et le Nostradamus de Nikolo Kotzev de Brazen Abbott (avec l'incontournable Jorn Lande) en 2001, puis le Genius de Daniele Liverani de Twinspirits (devinez avec qui) en 2002 et surtout le Aina de Robert Hunecke-Rizzo, Sascha Paeth (Heaven's Gate), Miro et Amanda Sommerville en 2004, l'essentiel a été écrit en matière de metal opera. Sans oublier l'œuvre pléthorique d'Arjen Lucassen. Donc, si ce Labyrinth of Truths se révèle de haute tenue, plaçant les voix dans un écrin instrumental fort seyant, tout m'y paraît déjà entendu. Un peu comme s'il arrivait avec 10 ans de retard. C'est bien écrit, finement arrangé, pourvu de nombreux changements de rythme et les enchaînements sont fluides mais ça me donne l'impression de circuler sur une voie maintes fois empruntée : heavy mélodique, speed symphonique, envolées lyriques sur fond de piano et refrains en chœur… Ca me rappelle fortement le Edguy période Theater of Salvation. Bref, tout ça n'est plus très frais. Pour être vraiment intéressant, il eût fallu proposer du neuf et là… Ben non. Et question émotion, je trouve la sauce fade. Autant j'avais marché à fond avec Aina, autant là… Comme disait Chirac, « ça m'en touche une sans faire bouger l'autre ».

Voilà pour l'impression on ne peut plus mitigée que j'ai ressentie à la première écoute. Mais…

Je ne suis pas si borné (la preuve, j'écoute même autre chose que du metal !). Je me suis donc attelé aux écoutes suivantes. Et force est de reconnaître qu'en y prêtant un peu plus attention, cette œuvre se révèle truffée de trucs intéressants. En premier lieu, ce qu'on pourrait nommer la « direction de chanteurs », comme on parle de direction d'acteurs au cinéma. Il faut rendre à Vale ce qui appartient à Heleno, à savoir un art consommé du casting et de la distribution des rôles. Car engager autant de vocalistes impliquait de leur assigner des tâches à la fois identifiables par l'auditeur et complémentaires, sans aboutir à une bouillie vocale mélangeant bêtement tout ce beau monde. Et le résultat s'avère probant, à l'image du très réussi Amons'Fountain qui fait se répondre voix masculine, féminine et chœur dans un grand élan mélodique.

Ensuite, je me dois de souligner les qualités musicales de cet album. Réellement théâtrale, l'œuvre de Vale met en scène ses personnages et les musiciens offrent leur technique et leur vélocité au service de l'ensemble, sans qu'untel ou untel ne tire à lui la couverture (du genre : « coucou, c'est moi le soliste, mortel ! »). De son côté, on sent que le patron assure l'étayage de son projet sans la ramener : le jeu de batterie est propre et efficace, la frappe est précise mais il n'en fait pas des « toms » (ou des caisses… laissez, c'est une vanne de batteur). Bref, personne ne verse dans la démonstration. Mention spéciale au piano, dont les apparitions sont remarquables, particulièrement lorsqu'il est employé en contrepoint de l'arsenal métallique habituel ( Into The Arc Of Time ). Bien sûr, on pourra objecter que pas grand chose n'attire l'oreille de prime abord, tant il est vrai que la chose n'est pas racoleuse : on ne trouve pas ici de refrain ostentatoire et hyper sexy chargé de capter instantanément l'auditeur. Celui-ci doit faire un (petit) effort d'immersion musicale et venir découvrir les joyaux insérés dans les chansons. Et de se faire ainsi prendre aux charmes de ces ritournelles à piège (qu'on fredonne encore longtemps après avoir appuyé sur off) et mélodies mémorables à défaut d'être évidentes.

Stylistiquement, Vale ratisse large et n'hésite pas à taper le pop-rock de quelques rythmiques et suites d'accords ( Adrift sent à plein nez la pop anglaise, le soutien rythmique comme le phrasé guitaristique rappellent quatre célèbres gars de Dublin). Et vas-y que je t'envoie du break atmosphérique bluesy (à la Flamant Rose ) pour ensuite revenir à un mid tempo heavy après un enchaînement popisant (le final de The Verve ). Vale a réalisé un gros travail de crossover stylistique, qui assure au résultat final un intérêt musical et une solidité mélodique indéniables. Finalement, je me dois d'en conclure que ce Labyrinth of Truths n'usurpe pas son sous-titre (l'opéra, c'est bien la théâtralisation musicale) et qu'il révèle toute sa richesse mélodique et son intérêt à mesure des écoutes réitérées. Résultat : un plaisir incrémenté. Chapeau bas, Mr. Vale ! Et voilà Mr. Bout bon pour ravaler son fiel initial et quitte pour une petite séance de contrition : mea culpa, mea maxima culpa , j'étais aveugle mais à présent j'ai vu la lumière ! Et je m'en vais de ce pas (non pas « le dire à ma maman ») me promener à nouveau dans le labyrinthe des vérités…

Les titres à retenir : Amon's Fountain et son incroyable casting vocal, le plus sombre et très théâtral Into The Arc Of Time (Haamiah's Fall ) et le médiéviste Forest of Incantus .

En conclusion : une œuvre très cohérente, habilement composée et savamment arrangée. Qui capitalise astucieusement sur des influences évidentes (Angra, Edguy, Helloween, Savatage) que le compositeur a su faire fructifier en les mettant en synergie afin d'en tirer parti, sans esbroufe ni plagiat. S'il serait exagéré de parler d'originalité, saluons un album classique et classieux qui gagne à être connu, à mesure que se dévoilent l'ensemble de ses qualités, écoute après écoute. Une musique dans laquelle il faut s'immerger pour apprécier ensuite d'y faire trempette avec délectation.

P.S. Le visuel de la pochette hyper mystérieuse, brumeusement kitch et… violette est paradoxalement pourri, en comparaison de l'artwork du site qui, tout en dessin, est, lui, plutôt très réussi.

Le site : www.soulspell.com + www.myspace.com/soulspellmetalopera

Bouteil Bout






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