Metal Heaven

Tout était pourtant bien parti pour ce grand retour de TNT en 2004 : Ronni, Tonny, Diesel et Morty re-traînaient ensemble depuis quelques années, et voilà « My Religion » venant confirmer que la rage des Norvégiens est intacte depuis les années 80, contrairement à ce que le mini-come back de la décennie précédente avait pu laisser supposer. Mais voilà : bientôt, plus de bassiste, plus de chanteur, et surtout plus de réussite... leurs albums de 2007 et 2008 déçoivent tout le monde. Au moment où cette grande reformation prenait le même triste chemin que la précédente tentative, malgré ses belles promesses, le destin vient enfoncer le clou en s'abattant sur Tony Mills, remplaçant de Tony Harnell depuis 2006 : crise cardiaque. TNT sent son heure finale approcher et cette crise aurait inspiré le titre « A Farewell To Arms » à Ronni.

Mais Tony se remet, et TNT aussi : cet album sort (sous le nom de « Engine » chez eux, histoire de conjurer le mauvais sort) et, pour être honnête, renvoie les précédents aux oubliettes. L'écriture est géniale (Ronni la partage avec Tony), le jeu du groupe est énorme, et le résultat défie toute attente. Le couple Ronni LeTekro / Tony Mills se révèle aussi fructueux que LeTekro / Harnell, Ronni trouvant peut-être un parfait contrepoids en ce britannique après l'avoir trouvé dans son prédécesseur homonyme américain, et leur musique possède à la fois cette hargne manquant aux précédentes productions grâce au jeu définitivement magique de ce grand guitariste qu'est Ronni, et cet esprit mélodique d'une force déconcertante qu'on attribue ici volontiers à Tony, digne successeur de Harnell responsable des sommets Hard Mélodique côtoyés dans les eighties...

La force, d'abord, ce qui illumine cet album, c'est un jeu flamboyant de Ronni, et surtout extrêmement inspiré : jeu sombre en arpèges et sons inhabituels sur « Engine », solo néoclassique sur « Ship in the night », free-style sur « Take it like a man – woman ! », son riche uniquement comparable à Brian May, travail parfois quasi-Prog... l'homme déborde ici de créativité. Et le truc, c'est que c'est en même temps fort, direct, nerveux... bref, puissant. Exactement ce dont TNT avait besoin. Rythmiques magiques sur « Engine » ou le morceau-titre, d'une lourdeur dont on ne les soupçonnait plus capables, groove irrésistible (le très Mötley « Engine », encore), mariage de la Pop et de la puissance (« Someone else »)... tout ce qui passe ici entre les mains de Ronni lui réussit, on n'avait plus vu ca depuis longtemps.

Tony n'est pas en reste, même si j'ai toujours trouvé que sa voix assez typée (revival scandinave) apportait peu. Mais côté plume, c'est autrement satisfaisant : les lignes mélodiques se font dures, sombres, de moins en moins évidentes, très recherchées et travaillées, les harmonies et chœurs n'hésitent pas à piocher dans les eighties et avec succès... difficile d'être déçu. Ajoutons que le son (pourtant pris en charge par Ronni ici) est tout aussi satisfaisant et vous comprendrez que je considère la réussite de TNT totale.

Oublions 2006-2010 et saluons ce retour enfin réussi après ces années d'errance.

Faut-il le mettre sur le compte de la crise provoquée par l'accident de Tony ? Peu importe, celle-ci a été surmontée, et pour le meilleur.

Le site : www.tnttheband.com  + myspace.com/tnttheband

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