W H I L E   H E A V E N   W E P T

" Fear Of Infinity "
W H I L E   H E A V E N  W E P T
Fear Of Infinity
Nuclear Blast

« Peur de l'infini »… Allié à la pochette « cosmique » de « Fear Of Infinity », ce titre sent le regard tourné vers les grandes questions de l'humanité. Mais ce n'est un album de maturité que matériellement pour While Heaven Wept. En effet, après l'épique « Vast Oceans Lachrymose » que je vantais dans ces pages il y a moins de deux ans, le groupe passe du statut de formation underground à celle de signature Nuclear Blast. Et voici, dans la foulée, la fin des galères : seule Michelle Schrotz cède ses claviers à Jason Lingle, le reste du sextette demeure inchangé, fini les line-ups à bougeotte et surtout finis les EPs et autres splits comblant 5 à 6 ans entre deux albums. Le groupe prend une voie autrement plus professionnelle.

Et ils le méritent. Lorsque je disais que cette maturité n'était que matérielle, je n'entendais pas que leur musique n'était pas aboutie. Simplement, on retrouve là le While Heaven Wept de « Vast Ocean Lachrymose ». Ce dernier était, certes, un pas en avant, se démarquant du Doom des deux précédents albums pour entrer dans un univers musical plus riche où leur style d'origine se contentait de surnager dans un mélange de Heavy, Prog, voire Power… Ici, Tom Phillips ne change rien. A peine se contente-t-il de poursuivre un peu plus dans cette voie. En mieux ou moins bien, nous allons en discuter.

La première chose à heurter l'oreille, c'est la prod : jamais au grand jamais While Heaven Wept n'a sonné comme ça. Le son est énorme, épique, puissant… tous ces qualificatifs étant à prendre dans leur sens positif, attention. La voix de Rain Irving enveloppe le tout de la même façon (à peine notera-t-on quelques modulations vocales sur « Destroyer of solace »)… non, le grand changement est sonore plus que stylistique. Mais Tom, en chef étoilé qu'il est, s'amuse à nous présenter ses recettes sous une forme inédite : « Fear Of Infinity » ne dure que 37 minutes ! Et le concept va plus loin : on débute par des titres de 3 minutes (voire moins !), pour aller progressivement vers les 10 minutes des derniers. C'est assez audacieux, mais l'effet est saisissant : on ne perd pas de temps en route pour profiter plus pleinement de la force des derniers titres, les plus ambitieux. C'est déstabilisant sur les premiers titres mais j'adhère totalement. Il est rare de trouver des partis-pris aussi frais dans l'esprit.

Le plus déstabilisant est sans doute le style inchangé auquel s'adapte ce format, les titres purement épiques et Heavy comme « Hour of reprisal » et « Obsessions now effigies », mais… je vous l'ai dit, j'adhère, et vous laisserai juger. Quelques surprises au milieu de ce crescendo seront « Unplentitude », titre sur lequel travaille le groupe depuis longtemps et qu'il nous propose enfin en version acoustique, et « To grieve forever », simplement car elle est magnifique, à la fois Doom et mélodique… on en pleurerait (mais c'est fait pour). Au final, le gros morceau « Finality » est également révélateur, car cette longue pièce est clairement orientée Power Prog. Le groupe poursuit sa mutation… et plus vers le pôle Power que Prog, pour ce titre.

J'attends assez logiquement qu'il aille dans cette même direction pour son prochain opus (que, j'espère, il nous livrera en moins de deux ans, de nouveau), même si je trouve dérangeant qu'il ne se concentre pas sur les plus grandes réussites – à mes yeux – de « Fear Of Infinity » : le mariage virtuose entre styles qu'on trouve sur « Saturn and sacrifice », vrai jeu entre Doom et Heavy. L'album me laisse bizarrement l'impression d'une mue trop rapide depuis qu'elle a été entamée, et il y a là beaucoup de richesses sur lesquelles le groupe aurait pu d'avantage s'appesantir. Au sein même de cet album, ne pas aller plus loin dans le souffle qui vous emporte dès « Hour of reprisal », la lourdeur imposante de « Obsessions now effigies » ou la beauté de l'infinie mélodie de « To grieve forever » (encore, oui) ne me satisfait guère. Cet album mérite un petit frère plutôt qu'une petite fille et j'espère que le groupe aura la clairvoyance de persister un peu plus dans cet état de développement de leur style avant de poursuivre la mue qu'ils ont déjà entamée.

Le site : whileheavenwept.com  + myspace.com/whileheavenwept

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