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WITHIN TEMPTATION
" The Unforgiving "

WITHIN TEMPTATION The Unforgiving

Sony

Quelle pochette déroutante ! Plus d’un fan de Sharon au Bois Dormant ont dû être choqués en apercevant « The Unforgiving » dans les bacs, sans parler de la surprise qu’est la musique elle-même, réelle démarcation par rapport à « Heart Of Everything »… Car Within Temptation a bien changé, et l’on est désormais loin de « Mother Earth », très loin… Le groupe, déjà, n’est plus le même depuis « The Silent Force » avec l’intégration de Ruud Jolie et Martijn Spierenburg, et bien-sûr avec la différenciation musicale qui prévaudra aussi sur « The Heart Of Anything » s’éloignant encore plus des deux illustres prédécesseurs. Ici, Within Temptation perd aussi son batteur, et enregistre « The Unforgiving » avec un musicien de studio (ils ont désormais intégré Mike Coolen à ce poste) et… un nouveau concept. Concept musical d’abord, comme on le verra, bien plus osé que « The Silent Force », mais aussi concept tout court : la pochette de « The Unforgiving » renvoie en fait à des BDs et courts-métrages accompagnant l’album. En effet, le groupe a décidé de présenter sa nouvelle œuvre au format multimédia. Ainsi, « The Unforgiving » narre une épopée sur laquelle je ne m’étendrai pas (celle de ce personnage censé illustrer les conséquences des mauvais choix de notre vie), narration que l’on retrouvera donc visuellement en feuilletant les planches de Romano Molenaar ou en visionnant le pendant cinématographique.
Quoi qu’il en soit, nous, nous allons nous cantonner aux douze titres de la traditionnelle galette. Celle-ci sort donc en même temps que le reste, après que le tout a bien été retardé par la naissance du troisième enfant de Den Adel et Westerholt. Ironique lorsqu’on sait que c’est pour éviter des retards imprévus que le groupe a choisi ce format, son idée d’origine étant de proposer la BO d’un film… On retrouve néanmoins l’ambiance BO dans ces titres, avec un orchestre magnifiquement utilisé qui domine tout, accompagné de chœurs exceptionnellement bien utilisés. C’est un point fort de ce disque, partagé à part ça entre autres points tout aussi forts et d’autres très faibles. Les faibles, pour commencer par eux, c’est le choix musical déroutant : des ambiances électro, des rythmiques dansantes, les lignes pop voire variété… je gage que la première réaction de la plupart d’entre nous à l’écoute de « Shot in the dark » a été « mais ils ont perdu la tête ? »… Cependant, tout ceci se voit contrebalancé par d’autres points plus positifs qui, s’ils se montrent moins aventureux, restent très solides : d’abord il y a la qualité d’écriture qui garantit des lignes mélodiques toujours aussi efficaces : « In the middle of the night », « Faster », « Where is the edge »… Il y a donc ces orchestrations d’une justesse indiscutable, et bien-sûr la trademark Den Adel, qui ne se repose toujours pas sur ses lauriers (voir notamment son travail sur « In the middle of the night » et « Murder »). Le travail général est très poussé, les titres sont aussi concis que possible malgré l’élaboration extrême des arrangements, peu linéaires et plus variés que jamais, et la conviction de l’interprétation alliée à l’entrain général ne trahit aucun doute de la part du groupe sur sa direction… Qu’en penser, nous ?
L’aspect inattendu de « Shot in the dark » ainsi que « Sinéad » et quelques autres est très troublant, d’autant qu’il s’appuie sur un coté « Arena » peu imaginatif. Mais il ne vient pas envahir l’ensemble et, si l’on prête l’oreille, il se trouve allié à un aspect 80s (notamment « In the middle of the night ») facilement reliable au côté « comics » de « The Unforgiven ». Comme quoi, les choses sont plus fines que ça. C’est grâce à ce soin cantonnant le modernisme sonore à un simple rôle cinématographique que le disque est sauvé de la platitude imaginative. Le groupe laisse respirer « Iron » et d’autres titres au contraire plus traditionnels que la moyenne du groupe, et obtient ainsi un ensemble extrêmement varié. Le pari était risqué, mais rien que ça déjà ça va faire beaucoup de bien à la carrière du groupe que d’aucuns jugeaient de plus en plus conformiste depuis 2004. Le disque divisera, c’est sûr, mais on ne peut que les féliciter de l’avoir fait.

Le site : www.within-temptation.com + myspace.com/withintemptation

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