Vous vous souvenez peut-être d'une chronique d'un EP dans ces pages, celui d'un jeune groupe français mais dont les quatre membres étaient d'origine algérienne, dont Reda de Arkan… C'était Acyl, ils chassaient sur le même terrain qu'Arkan musicalement, mais n'avaient qu'un EP à leur actif – EP dont je disais plutôt du bien. C'est désormais corrigé avec ce premier album, « Algebra », stylistiquement cohérent avec « The Angel's Sin » mais bien plus ambitieux.

Il s'agit toujours de Death un peu progressif et fortement orientalisant, avec beaucoup de chants tribaux, berbères me semble-t-il, magistralement mixés dans des morceaux comme « Ungratefulness » qui ouvre l'album mais plus encore « Babyl », et de l'instrumentation acoustique traditionnelle comme ce qui me semble être un oud sur « Head-on crash ». Là où le groupe progresse, c'est que leurs compositions prennent une dimension bien plus profonde, avec des « suites » assez fouillées, comme « Babyl », que j'ai mentionnée, mais aussi « Al kiama » et la superbe « Creation », ces plages plus propices aux recherches instrumentales et jeux d'ambiance constituant le vrai trésor de l'album.

Ce mariage à la Arkan avec l'héritage maghrébin des membres est bien plus poussé, plus profond, plus travaillé, et plus original aussi, et tout ceci contribue à faire de « Algebra » un disque extrêmement fort, maîtrisé et habité d'une quasi-ferveur de la part de ses concepteurs. Difficile de les prendre en défaut sur quoi que ce soit, et force est de constater qu'ils réussissent leur pari au point d'être déjà à la hauteur de leurs précédents concurrents, Arkan y compris. Avec le recul, le souvenir que m'avait laissé leur EP me fait l'effet d'un préambule plein de potentiel, qui ne pouvait déboucher que sur une œuvre aussi riche et aboutie que celle-ci. Gagné.

Le site : www.acyl.fr + myspace.com/acylband

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