C R Y S T A L   V I P E R
Crimen Excepta
AFM Records

Dans un genre où les surprises sont aussi rares que les dents sur le bec d'une poule, on attendait avec optimisme Crystal Viper après leur très solide dernier album en 2003. Et, plus la sortie de ce « Crimen Excepta » approchait, plus l'optimisme semblait justifié… ce quatrième album s'annonçait sombre, sans doute progressif, aux ambiances travaillées, et conceptuel (même si l'inquisition, comme thème, c'est du réchauffé… mais nous parlons de Power Metal n'en demandons pas trop). Du coup son, arrivée est à la fois une joie et une déception : la joie d'avoir effectivement un groupe à suivre dans le genre, capable d'exciter notre attente et notre curiosité, mais aussi la déception de se rendre compte que, au final, tout est relatif et « Crimen Excepta » reste un album basique.

En effet, les choses n'ont pas tant changé que ça. Elles restent même d'un grand traditionalisme dans bien des domaines : les guitares sonnent particulièrement 80s, les rythmiques sont inchangées par rapport à des vieux Maiden (cf. la basse du morceau-titre), les compos et mélodies sont tellement Power et traditionnelles qu'elles pourraient figurer sur les premiers Rhapsody… bref, pas de révolution en perspective. Ce qui ne change pas non plus, heureusement, c'est l'efficacité de cette recette simple (on a beau se plaindre, la toute bête et Heavy « Medicus animarum » arrache des battements de pieds aux paraplégiques).

Mais, mais, je l'ai dit, ambiance Dark, concept, tout ça, ce n'est pas totalement du vent. Passons vite fait sur le concept tant il est peu original et sommairement traité : un thème central pour les paroles, des bruitages entre les titres, et le tour est joué. Le côté « Dark », maintenant : il est effectivement présent, mais il s'agit plus d'une couleur King Diamond / Mercyful Fate qu'autre chose (plus une petite apparition de David Bower de Hell sur le morceau titre). C'est plutôt l'évolution générale de l'écriture vers du plus… oh, pas Progressif non plus comme je l'ai écrit, mais juste moins simple, moins linéaire, moins monotone aussi, qui captera l'attention. On a des rythmiques plus hétérogènes (« Child of the flame », « It's your omen »), voire trop pour le morceau-titre, des lignes plus travaillées pour Marta (« Child of the flame » aussi), qui sonne de plus en plus allemande, quelques synthés (mais là encore, dans une veine Power pas si originale que ça)… bref, tout cela fait qu'on s'ennuie un peu moins, d'autant plus qu'il ne s'agit pas d'un revirement et que l'album ne privilégie pas cette nouveauté au détriment de la puissance (voir l'attaque de « Witch's mark ») ou même la simplicité persistante (« Medicus animarum »).

Donc, certes, évolution il y a. Mais simplement moins marquée qu'on l'attendait peut-être. Moins forcément aboutie aussi, les choses piétinant un tantinet en fin d'album (entre le basiquement Speed « The spell of death » et l'inintéressante « Hope is gone, here's new law »). Mais le pari est relevé et c'est déjà pas mal. En fait, ce qui sera plus intéressant à mon avis sera la réaction du public, pour voir si même ce minimum d'ambition sera accepté. Pour les déçus, restent deux bonus qui valent franchement le coup : un morceau pour la BO d'un film qui promet d'être un navet (« Ghosts of sherwood ») mais surtout la version Crystal Viper de « Tyrani Piekiel » de leurs compatriotes Vader, en duo avec le vocaliste de la formation. Là encore, pas évident de faire du Vader lorsqu'on s'appelle Crystal Viper mais, franchement, le résultat est à la hauteur !

Le site : www.crystalviper.com  + myspace.com/crystalviperofficial

the_outcast


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" Crimen Excepta "
 
 
 
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