D O K K E N
" Broken Bones "

Le retour d'un grand nom du Hard classique américain sur la scène est forcément un évènement, mais aussi un risque de déception. Celui de Dokken s'est fait de façon plutôt mitigée à partir de 1993 (quatre ans après leur split), pas du tout en fanfare mais plutôt laborieusement, jusqu'à « Lightning Strikes Again » qui semblait montrer un couple Don Dokken / Mick Brown enfin réconcilié avec la pêche, et entouré du guitariste Jon Levin et du bassiste Barry Sparks dans une configuration équilibrée autour de ce noyau historique.

Ce n'est pourtant pas cette configuration-là qu'on retrouve sur « Broken Bones », Sparks ayant cédé la place à Sean McNabb en 2009 (il tournait avec eux depuis 2006, même). Nouveau raté de la refo', et nouvelle déception devant la possibilité évoquée alors du retour de Jeff Pilson, et même George Lynch ! Tout ceci n'était sans doute pas assez convainquant pour George, pas prêt à quitter Lynch Mob… et il faut dire qu'entre « Smoke ans mirrors » de la formation du guitariste et la pauvre compile de réenregistrements de Dokken de 2010, on ne lui donne pas tort.

Ceci dit, Dokken n'a pas dit son dernier mot, et se met au travail pour un album que Don annonce « très rapide et heavy », et apparemment pondu en grande forme (composé en huit semaines, toujours selon Don, au lieu d'une bonne année habituellement). Si George Lynch fait la moue, Frontiers Records le sent assez pour les signer en 2011 (après avoir simplement participé à « Lightning Strikes Again »). Don se met à la prod' et « Broken Bones » sort donc ce mois-ci.

Le titre est apparemment une référence aux blessures de la vie… et si le groupe en a certes connu, pas sûr qu'il les ait encaissées aussi bien que d'autres rescapés des 80s. La composition est assez classique (« Empire », « For the last time », « Fade away », ou « Best of me » plus 90s), mais l'exécution guère convaincante (c.f. « Tonight », pourtant le titre de fermeture). Les tics et travers habituels de groupes sur le retour sont présents (ballade avec « Burning tears », pas trop kitsch mais on aurait pu s'en passer, son plus moderne avec « Waterfall », tentative louable mais guère convaincante), et surtout rien ne vient nous captiver.

Je noterai le très réussi morceau-titre, bien que dans un registre nostalgique (il parvient néanmoins à capter cette vibe blues 90s), ainsi que « Blind » et « Victim of the crime », dans des registres plus lourds et durs (et où Jon Levin s'avère réellement utile à la formation), mais sinon aucun grand moment ne vient marquer l'auditeur. Une petite tentative vers autre chose est esquissée avec « Today », un morceau très traditionnel, mais cela ne suffit pas à empêcher « Broken Bones » de ressembler globalement à l'album d'un groupe des 80s sur le retour, non inspiré, et pas spécialement en forme.

L'album sonne, à mes oreilles, plus désagréablement que « Lightning Strikes Again », ce qui est un comble pour une formation qui tente depuis maintenant vingt ans de nous convaincre d'un come back qu'elle ne parvient pas à concrétiser. Ceci dit, c'est là le premier pas en arrière. Oh, pas un bond non plus, mais une déception certaine après les signes plutôt encourageants qu'on pensait déceler dans les propos de Don Dokken. Vivement le 12e album, car celui-ci est déjà rangé.

Le site : www.dokkencentral.com  + myspace.com/dokken

the_outcast