J O E   B O N A M A S S A
" Driving Towards The Daylight "












J O E   B O N A M A S S A
Driving Towards The Daylight
Provogue

Chose promise chose due, voici la chronique Ultrarock du tout frais Bonamassa, alors que son double Live tourne encore sur ma pl… sur mon disque dur et que « Dust Bowl », dont je ne me lasse pas de chanter les louanges, grimpe en tête de ses ventes historiques d'albums, dépassant même les pourtant plus historiques à mon goût « Blues Deluxe » ou même « Black Rock »… Mais ne gâchons pas la réussite méritée de ce jeune homme par de stériles querelles byzantines, il a sa place aujourd'hui parmi les noms du Blues du XXIe siècle et envisage l'avenir avec un goût de défi : désormais inséparable de Kevin Shirley, il décide de donner suite à cet album musclé et à son projet tout aussi musclé Black Country Communion par un album rétro – toutes proportions gardées. Je m'explique : derrière cette belle pochette type années trente se cache en effet un dépoussiérage des classiques de Joe : de Howlin' Wolf à Robert Johnson, bref, le panthéon. Mais il n'est nullement question d'album Roots, le son est dur, actuel, seules les versions sont puristes.

Et ce dépoussiérage n'a guère le temps de s'enfoncer dans l'étude de fond puisque la paire préfère, à côté des monstrueux « Who's been talkin' » et « Stones in my passway » (puisque je faisais référence à ces deux-là), s'attaquer à des choses plus R'n'B comme « I got all you need » de Willie Dixon pour Koko Taylor, purement Blues 60s pour le coup donc hautement représentatif de son approche. « Who's been talkin' », pour revenir aussi dessus, se rapproche en effet de la compo de Chester Burnett, en faisant même un peu trop dans le sombre je pense (flirtant avec du John Campbell), et « Stones in my passway » ne se gênant au contraire pas pour suivre la trace des innombrables grands noms du Rock ayant adapté le parrain version Hard, Joe visant ici Led Zeppelin je pense.

Voici, donc, le cœur du concept de Joe et Kevin et voici donc déjà la vision pas si étroite que ça qu'ils en ont. Au final, ils vont largement en déborder : le reste des reprises est constitué de Rock américain moins Blues, comme Bill Withers avec « Lonely town lonely street », très Rock pour le coup, Tom Waits avec « New coat of paint » très 80s, et « Somewhere trouble don't go » de Buddy Miller. Sur ce répertoire Joe se révèle un peu moins puriste, n'hésitant pas à « shredder » (tout est relatif) sur « Lonely town lonely street » et durcir le ton sur « Somewhere trouble don't go », la guitare de « New coat of paint » se rapprochant quant à elle d'un Gary Moore.

Les dernières reprises de l'album sont « Too much ain't enough love » de Jimmy Barnes chantée par l'auteur, dans une version qui me fait penser à un classique de BB King réarrangé sauce 80/90s, et enfin « A place in my heart » de Bernie Marsen où, au contraire, Joe ne fait pas du Whitesnake mais plutôt du – tiens, encore ? – Gary Moore. Tout ceci est habilement contrebalancé par une dose de compositions originales qui complètent autant les Blues puristes que le répertoire américain traditionnel : Un « Dislocated boy » très profond, « Driving towards the daylight » aussi Soulful qu'un Derek Trucks, et un « Heavenly soul » encore plus traditionnel que les classiques Ricains qui le précèdent. Très bien dosé, d'autant plus qu'au final, aucun pôle ne fait de l'ombre aux deux autres, les sommets du disque étant – pour moi, bien entendu – le Robert Johnson version Jimmy Page, le « Lonely town lonely street » vibrant à souhait avec sa généreuse partie instru guitare/orgue, et enfin, ma foi, les deux compos de Joe pourtant fort différentes « Dislocated boy », qui ouvre l'album, et « Heavenly soul » sur son lit mélodique de mandolines…

Donc une belle œuvre d'orfèvre, tout éloignée qu'elle soit de « Dust Bowl ». Et, est-ce ce retour aux sources ? Le répertoire des monstres vocaux Howlin' Wolf et Willie Dixon ? mais Joe creuse ici sa voix, pourtant toujours fluette et effilée, ce qui, certes, confère une certaine classe à ses interprétations mais manque généralement d'une puissance qu'il tente ici d'insuffler sur certains titres, ce qui est assez bien venu, vu que le ton n'est plus au style purement Bonamassien mais à des choses concises et denses (ses versions sont courtes et simples), ce qui apporte une dernière touche d'originalité à ce disque qui se veut une remise à plat des habitudes du couple Bonamassa/Shirley et qui, je pense, parvient à satisfaire leur objectif. Quoi dire sinon que le prochain aura toutes les chances d'apporter de nouveau une pierre fraîche à l'édifice ?

Le site : jbonamassa.com  + myspace.com/jbonamassa

the_outcast



 
Ultrarock : 13 av Charles de Gaulle, escalier D, 78230 Le Pecq, France  

© essgraphics 2011