LUCA TURILLI'S RHAPSODY
" Ascending To Infinity "
















LUCA TURILLI'S RHAPSODY
Ascending To Infinity
Nuclear Blast

Cette fois, la saga est finie pour de bon. Elle aura duré moult et moult albums et aura connu moult rebondissements du genre « Symphony Of Enchanted Land II le retour » mais le dernier album de Rhapsody clôt vraiment ce cycle. En fait, désormais, ce n'est pas seulement un nouveau concept qui s'ouvre pour le groupe, c'est plus ou moins un nouveau groupe qui apparaît. Luca et Alex se séparent. « Mais, comment Rhapsody peut continuer à exister ? », me demandez-vous, et à juste titre. « D'abord, ce n'est déjà plus Rhapsody mais Rhapsody Of Fire », vous répondé-je lâchement. Ensuite, hum… c'est compliqué : l'histoire du Rock a connu maints groupes s'entre-déchirant pour conserver un nom après un split, mais là j'avoue que c'est la première fois que j'en trouve un qui parvient à le partager ! Pour résumer, Alex conserve Rhapsody Of Fire, auquel continuent à participer Fabio et Alex-le-batteur, tandis que Luca met sur pied ce « Luca Turilli's Rhapsody » avec Leurquin et Guers, Alex Holzwarth participant même à son enregistrement, le félon…

Bref, en gros, il y a deux Rhapsody. Pour celui qui nous intéresse présentement, les choses se présentent plutôt pas mal, Luca trouvant en Alessandro Conti le vocaliste de ses rêves, apparemment. Et on comprend un peu son enthousiasme au vu du contenu musical de cet album : une sorte de melting-pot, comme si Luca voulait montrer que tout ce qu'on a connu jusqu'à maintenant avec Rhapsody eh ben faut pas s'inquiéter c'est toujours là. Mais alors tout : l'album commence avec un « Quantum X » déroulant sonorités Indus comme sur son second album solo, chœurs, et bien des choses encore qu'il tente tant bien que mal de faire cohabiter dans cette courte pièce de 2 minutes et demies… Très représentatif de l'album, à la diversité forcée, même si les autres titres ont l'avantage d'être séparés les uns des autres et de bénéficier ainsi d'un minimum de repères.

Pourtant, il n'est pas dit que leur cohérence les rende plus intéressants que ce « Quantum X » ambitieux, au métissage déroutant mais au final assez captivant. Ces autres titres, ce sont des choses clairement « à l'ancienne » telles le morceau-titre qui fait suite à ce court morceau introductif et où la première chose que vous remarquerez est la parfaite adéquation de Alessandro prenant la place de Fabio sans faire bouger un grain de poussière autour de lui, telles « Clash of the titans », épique comme il se doit, ou telles « Dark fate of atlantis » renvoyant au premier Luca solo, voire au Power/Prog de façon générale… bref, de vieilles recettes. Mais pour ne surtout pas se cantonner à ces points de repère fortement ancrés dans les débuts de Rhapsody, Luca dégaine des « Dante's inferno » où les parties de guitares et les chœurs s'enchaînent, tour à tour théâtraux ou mordants, des « Excalibur » dans la grande tradition Fantasy enchaînant sons médiévaux, parties narrées, refrains Power et passages Opéra assez énormes… jusqu'à « Of michael the archangel and lucifer's fall » qui ne manquera pas de vous rappeler « Gargoyles, angels of darkness ».

Le tableau ne serait pas complet sans les morceaux « italiens » qui prennent ici une sacré prépondérance : « Tormento e passione », à l'esprit Pop, et « Luna » où il va plus loin que jamais, entre la variété 70s et le Trip Hop. Déroutant, mais ça fait définitivement de cet album une vrai compilation colorée. Qui plus est, Alessandro y est beaucoup plus à l'aise et se permet de se démarquer un peu plus de cette place de remplaçant de Fabio, chose qu'il n'a guère l'occasion de faire sur cet album, mis à part quelques libertés à l'occasion de « Clash of the titans » et une belle prestation solide pour « Of michael… ».

C'est donc clairement un ratissage de directions musicales que Luca tente de se réapproprier. Le plus étonnant est sans doute l'absence de références explicites au passé immédiat du groupe. Luca pense-t-il laisser cette direction à Alex ? Il est vrai que pour les orchestrations etc, il peut difficilement concurrencer son ex-partenaire. Mais de l'autre côté, en se concentrant sur l'aspect plus direct et rythmique de Rhapsody, je dois concéder qu'il ne marque pas tant de points que ça. Les idées ne sont pas renversantes et, surtout, font trop souvent référence à du déjà-vu dans le passé du groupe. On va lui accorder un point pour « Dante's inferno », allez, mais en dehors de ça il n'a guère avancé. Reconnaissons juste un aspect frais qu'on n'avait guère goûté depuis les tout premiers albums du groupe, mais sinon cette impression de « fédération » des troupes prend trop le dessus.

La suite, c'est le divorce total des deux formations avec l'embauche d'Alex Landenburg par Luca… et l'attente de « Rhapsody Of Fire », peut-être ?

Le site : www.ltrhapsody.com  + facebook.com/ltrhapsody

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