N E A L   M O R S E
" Momentum "



N E A L   M O R S E
Momentum
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InsideOut

La « foi » habite Neal Morse… Celle du seigneur, je le laisse s'en occuper, mais celle en sa musique est impressionnante : dix ans depuis Spock's Beard, six albums dont pas mal de pépites, et une année passée riche d'un gros album (« Testimony 2 »), d'une tournée et un monumental coffret Live, d'un Tribute et du projet Flying Colors… C'est pourtant dès le mois de janvier que Neal s'attelle au successeur de « Testimony 2 », de nouveau avec Mike Portnoy, collègue depuis Transatlantic, et Randy George, on ne change pas une équipe qui gagne. Encore faut-il la réunir : Mike et George n'étant disponibles que pour janvier, Neal booke les studios avec un seul titre de prêt dans sa besace… C'est un pari risqué, mais son inspiration sera à la hauteur : en un rien de temps, les six titres ici présents seront pondus et le moins que l'on puisse dire est qu'il ne s'agit pas de fillers écrits à la va-vite sur commande.

Le morceau-titre, enrichi de la guitare de Paul Gilbert (croisé lors de « Yellow Matter Custard »), est un des meilleurs exemples de ce qu'est la compo à la Morse : un Prog très 90s, rehaussé d'un côté Shred assez poussé, à la construction travaillée mais extrêmement animée, colorée de claviers assez rétros et d'un solo qui pète. Je parlerais presque de retour aux débuts de sa carrière solo, mais la réussite est totale. Tout comme celle de « Thoughts Part V », que son titre présente comme un prolongement de la compo de Spock's Beard et qui est, en effet, d'un Progressif complètement décomplexé, entrecoupé de passages instrumentaux aussi riches que captivants et de jeux de voix assez géniaux.

Parfait pendant à ce titre, « Smoke and mirrors » illumine l'album par son effet acoustique de haute volée, tout de suite prenant, presque surréel. Peut-être la meilleure surprise du disque et l'une des compos les plus inattendues de sa carrière. J'espère juste qu'elle ne finira pas dans cette collection de titres « sous-estimés », car elle est de ces plages « habitées ». Le reste de l'album joue à moitié dans la catégorie du traditionnel, avec un « Weathering sky » complètement Morsien, illuminé d'un refrain comme Neal sait nous les offrir, sa rythmique nettement Prog juste soulignée de guitares plus Rock, ainsi que dans la catégorie de la surprise, « Freak » étant un gentil jeu sur une ligne Pop US…

« World without end », enfin, dépasse les 33 minutes et demi et se présente donc comme le défi que les Progueux hésitent de plus en plus à relever, devant les critiques et – il faut bien l'avouer – les échecs. A ce titre, Neal s'en sort plutôt bien, avec l'aide du génial Chris Carmichael et d'un guitariste brésilien que Neal découvre ici, Adson Sodré. Le titre bénéficie, en fait, de la dynamique propre à Neal, qui lui permet de passer ces 33 minutes sans coup de fatigue, et éviter ainsi l'écueil du patchwork mal rafistolé, chaque partie ayant ici son intérêt et aucun passage ne venant servir de lien artificiel (à part peut-être cette partie « simili-orchestrale » un peu gênante il est vrai)… Les thèmes mélodiques sont magnifiques sans exception (Neal reste Neal) et les orchestrations d'une intelligence rare (mais là encore Carmichael reste Carmichael), le piano venant apporter une touche « à l'ancienne » à l'ensemble.

Une belle pièce venant conclure un bel album, pourtant à mes yeux dominé par son morceau-titre et ce « Smoke and mirrors » absolument magique… Le morceau le plus Morse et le plus inattendu, donc… Pouvoir s'appuyer sur une personnalité musicale d'exception et ne cesser d'être traversé d'idées autres, ce n'est pas donné à tout le monde. N'est-ce pas là la grande force de Neal Morse ?

Le site :  www.nealmorse.com myspace.com/nealmorse

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