P A R A D I S E    L O S T
" Lost In Time "

Paradise Lost sortait récemment son treizième album, présenté dans nos pages comme un successeur pas si illogique que ça de « Faith Divides Us » mais un peu trop dans son ombre ; je nuancerais aujourd'hui ma chronique par : s'appuyant un peu trop sur lui, mais tout de même pour avancer un peu. Bref, nous ne sommes pas ici aujourd'hui pour reparler de « Tragic Idol », mais parce que le groupe estime que son treizième album (est-ce le chiffre ?) est le moment idéal pour sortir une compilation. Il est vrai que Paradise Lost approche des 25 ans, mine de rien… Cependant, cette compilation sera un peu spéciale puisque le groupe décide de la proposer uniquement en téléchargement, et en quantité limitée… un peu comme un vrai album en fait. Et il y a même un artwork ; bref, ça se veut dématérialisé, mais matériel quand même.

Le contenu est tout aussi surprenant puisqu'ils optent pour un titre extrait de chacun de leurs albums. Comme j'aime à le faire en pareille occasion, je saisis cette sortie pour poser un regard neuf – comme le groupe semble le souhaiter – sur ces treize albums, et profite de cette réécoute pour y voir certaines nouvelles perspectives. Nous commençons magistralement par « Our Saviour » et « Eternal », bien que n'importe quel titre de « Lost Paradise » et « Gothic » eût fourni excellente entrée en matière. Aujourd'hui je note simplement le décalage à l'écoute du growl de Holmes et du son pauvre… deux voies d'évolution majeures, mais les éloignant de cette massivité inégalée. La période de transition est représentée par « As I die », assez logiquement, « True belief » et « Hallowed land », heureusement, pour un raccourci impressionnant de « Shades of god », « Icon » et du grand « Draconian times ». On prend ainsi plus mesure de l'impressionnante vitesse d'évolution, ainsi que de la tonalité presque Heavy atteinte.

Pour leur période gothique, les choix étaient certes moins évidents mais se révèlent décevants : « Say just words », « Nothing sacred », « Mouth », « Erased » et « Forever after ». L'extrait de « One second » semble vraiment choisi par souci de diversité des portraits, celui de « Host » est quelque peu plus heureux, celui de « Believe in nothing » met une nouvelle fois en avant le chemin parcouru en si peu de temps, quant aux extraits de « Symbol of life » et « Paradise lost », je vous avouerais que je n'aurais pas trouvé mieux tant je ne porte guère ces albums dans mon cœur… Enfin, leur maturation récente transparait à travers « The enemy » de « In requiem », le morceau-titre de « Faith… » et « Honesty in death » du p‘tit dernier : je trouve la première particulièrement bien choisie, même s'il ne s'agit pas du meilleur extrait de l'album, car elle synthétise assez bien le glissement partiel vers quelque chose de plus dur, tout en maintenant l'enveloppe sonore des productions précédentes. Quant à « Faith divides us », sa finesse et son travail de recherche sonore sont vraiment transcendés par cette écoute… « Honesty » sonne ici finalement comme un aboutissement logique, un vrai point d'appui actuel, qui explique la vision du groupe, décidant de faire le point aujourd'hui : solide, résolument moderne, elle exalte une certaine assurance malgré sa faible inspiration.

Voilà ce que m'évoque cette écoute-survol. Et le groupe ne voit pas forcément les choses si différemment de moi. Eux aussi doivent considérer « Tragic Idol » comme une séquelle à l'album précédent, et souhaitent peut-être réfléchir à la suite… On peut en effet les envisager comme désireux de s'éloigner de « Faith » sans avoir encore d'opinion arrêtée. Je suis toujours optimiste après « Tragic Idol », mais vraiment sans idée précise…

Le Site :  www.paradiselost.co.uk + myspace.com/paradiselostuk

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