P A U L   G I L B E R T
" Vibrato "



P A U L   G I L B E R T
Vibrato
Label : Mascot Label

« What If » du Gros Monsieur encore tout frais, Paul Gilbert nous livre une nouvelle offrande solo, deux ans après « Fuzz Universe » dont il va presque prendre le contrepied, voire celui de son style global. A ses propres dires, « Vibrato » lui aurait été inspiré par une réflexion de Neal Morse, collègue régulier depuis (au moins, à ma connaissance) Yellow Matter Custard, sur le plaisir qu'il tirait de sa liberté de composer. Il n'en fallait guère plus à Paul pour se laisser aller à son tour et se libérer de ce carcan Metal qui rendait encore « Fuzz Universe » si banal.

« Vibrato » comprend une série de sept compositions, dont une bonne moitié d'instrumentaux, franchement déroutantes : elles se raccrochent avant tout au Jazz Rock des seventies et difficilement au background de Paul. « Rain & thunder & lightning » me fait avant tout penser au Jeff Beck des 70s. Sur « Ennemies » (chantée), on se rapproche un peu d'un Funk 90s à la Mr Big mais ce « swing » rythmique se retrouve plus chez n'importe quelle formation 70s (tiens, même le premier Earth Wind & Fire, pourquoi pas !) que chez sa formation. Sur le morceau-titre, ça serait le Funk mais le 70s d'un Stevie Wonder. Bref, vous l'aurez compris, Paul procède à un vrai lâcher stylistique, mais avec cohérence et c'est bien ce qui le sauve dans cet exercice périlleux.

Sa formule parvient à se diversifier : « Bivalve Blues » s'attaque au Hard Rock bluesy Zeppelinien, et « Atmosphere on the moon » fait un vrai écart vers quelque chose de 90s, très mélodique et très harmonisé, presque Soul… Bref, il y a une vraie vision d'un ensemble pensé comme tel. Sur la fin de ces compos, Paul dégaine une version folle du « Blue rondo a la turca » avec une classe certaine (ne serait-ce une certaine platitude des lignes de piano, laissées à sa femme Emi qu'on entend d'ailleurs beaucoup un peu partout). Puis nous voilà catapultés dans une dernière partie déroutante puisqu'il s'agit de trois enregistrements Live de la tournée de « Fuzz Universe », et trois reprises. Et trois surprises : « Roundabout » de Yes, le standard « I want to be loved », et « Go down » d'AC/DC ! Les deux derniers, particulièrement, sont détonants (bien qu'un rien brouillons) et apportent la poigne qui pouvait faire défaut jusque là (au risque, il est vrai, de déstabiliser cette cohérence que je saluais).

C'est donc un grand coup que frappe Paul ici. Je souris déjà aux plaintes vociférantes qui ne manqueront pas de s'élever de sa fanbase, bien en peine pour trouver du Racer X ici ! Mais, en simple amateur de musiciens inspirés et n'ayant pas froid aux yeux, je me réjouis au même titre que ceux qui partagent ma vision de la musique. Paul s'est posé, a réfléchi, s'est lancé dans une sorte de « conquête de soi », c'est-à-dire de la musique qui le branchait vraiment, du moins est-ce comme ça que je perçois ce cap musical. Et le moins que je puisse dire est que j'ai trouvé à manger dans ce CD : de l'écriture de qualité, des idées, un répertoire stylistique large, de l'inspiration… Il est certain que Paul refermera vite ce chapitre mais je lui suis infiniment reconnaissant que l'avoir au moins ouvert, entre « Fuzz Universe » et une prochaine livraison qui menace d'être, je le crains, de nouveau bien plus complaisante.

Le site :  www.paulgilbert.com myspace.com/paulgilbert

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