« Lillie : F-65 » est l'occasion de confirmer sur album ce que Saint Vitus a pu proposer de visu sur scène pour ceux qui les ont vus comme moi depuis l'intégration de Henry Vasquez : le choc de la perte de Armando Acosta a pu être surmonté. Non sans mal, mais il s'agit d'un groupe qui n'est pas non plus frappé pour la première fois par le destin. Saint Vitus nous a déjà comblés grâce à une reformation inespérée il y a neuf ans avec Weinrich. Voir le quatuor reprendre le chemin des studios est donc une bénédiction pour beaucoup. Au final, 17 ans après un album qui marquait le retour de leur chanteur d'origine avant de le reperdre pour raisons de santé (ce destin, je vous dis), il y aura bien un huitième Saint Vitus. Cynisme Vitusien : il porte le nom des tranquillisants auxquels Chandler fut habitué, selon une déclaration de Wino… Que nous réserve donc ce quartet éprouvé ? Du Doom plus traditionnel que je ne l'aurais attendu. La seule chose qui le distingue de leur production du XXe siècle, c'est un son sobre et épuré. Sinon, nous n'y décèlerons aucune volonté de se soucier de la date actuelle. Sept titres, deux instrumentaux, dans la configuration d'un Black Sabbath des 70s. Un premier titre outrancièrement traditionnel (« Let them fall »), d'autres qui reprennent ouvertement des motifs trop instantanément reconnaissables (« The bleeding ground ») : on est tout de suite non seulement en terrain connu mais même renvoyés dans le passé. Du coup, les morceaux donnent soit une impression de déjà-vu, soit un sentiment de forcé : Un « Waste of time » trop lent, « Dependance » trop lourde… Bref, on recherche un juste milieu qui nous échappe. On croit le tenir sur « The bleeding ground », où Weinrich se fait plus nerveux qu'à l'époque, on croit même le retrouver sur « Blessed night » mais - un comble – c'est la trop courte durée du titre qui casse sa géniale rythmique. Les deux titres instrumentaux, pleins d'effets sonores à la Chandler, aèrent le tout, mais au final c'est le disque entier qui se révèle trop léger à la fin de votre écoute. Que penser de « Lillie » ? Vous sentez ma frustration, certes, celle de voir un groupe que je considère culte au vrai sens du terme ne pas parvenir à se réinventer, ni faire preuve de leur maestria de naguère, mais, objectivement, cet album est plein de bonnes choses. Leur sens rythmique magique réapparaît, Wino est envoûtant comme toujours, mais j'ai cette drôle d'impression d'écouter une sorte d' « Anthology » comme celle des Beatles, des morceaux géniaux mais laissés de côté à une autre époque. Pourtant, vous me direz, l'essentiel est là : Saint Vitus a su garder son esprit intact, et la sauce reprend immédiatement. Il faut peut-être juste leur laisser le temps de se remettre aux fourneaux, ne pas être trop exigeant de suite et prendre son mal en patience. Rien, au moins, ne laisse présager d'un assèchement musical proche. Le site : facebook.com/saintvitusofficial + myspace.com/stvitus the_outcast |
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S A I N T V I T U S " Lillie : F-65 " |
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