S T R A N G E W A Y S
" Age Of Reason "






S T R A N G E W A Y S
Age Of Reason
Dangerous Dog Records

Sans perdre de temps, Strangeways nous offre le second album de leur reformation, et rend les choses encore plus sérieuses en récupérant David Stewart à la basse ! Apparemment déçus par les escroqueries dont ils ont pu être victimes (et on les comprend), ils vont jusqu'à monter leur propre label pour sortir ce « Age Of Reason ». Musicalement, il y a un léger retour vers le passé. Pas que le précédent était « moderne », mais ici, la tendance à colorer le tout avec un son plus actuel s'estompe devant une volonté assumée de sonner chaleureux, comme un vieux vinyle, si vous voulez…

J'ai dit « musicalement », mais il s'agit surtout de son (dont les gars se chargent brillamment eux-mêmes), car musicalement… ben c'est pas demain la veille qu'ils se mettront à l'Indus, n'est-ce pas ? Et, pour vous rassurer, Ian Stewart vous gratifie d'un très écossais jeu de mot sur la pochette en faisant ressortir AOR du titre. Pas mensonger pour un sou. La musique est très AOR, voire trop. C'est là que le bât blesse. Cet album est magnifique, soigné, choyé, enregistré aux petits oignons, mais jamais cette qualité ne parvient à trouver la pareille dans l'écriture, très modeste voire timide.

Les choses commencent pourtant fort avec un solide titre d'ouverture, « The sentinel », complété d'un splendide « Playin' it over » qui retient ce qu'il y avait de meilleur dans « Perfect World »… Je me rappelle que je vous parlais à l'époque du Coverdale de « Restless Heart » : et bien c'est ça, une superbe patte bluesy au dessus de laquelle naviguent Stewart et Brock afin de nous tracer un infini horizon de douceur, quiétude, légèreté… Et on finira sur la très belle « Long road » où les gars font étalage des mêmes qualités, du même doigté, du même sens de la dentelle, mais, entre ces titres, c'est une équipe timorée qui se présente à nous, n'osant s'engager dans aucune direction, jouant dans le consensuel et semblant même s'échiner à ne froisser aucun fan, tel un candidat à notre présidentielle. Citons « Call » et « End of the day » qui, se suivant, créent un sacré ventre mou au milieu de cet album l'étant déjà pas mal.

« Age Of Reason » est tout de même sauvé par ce feeling exquis, sublimé par une équipe de haute volée et – surtout – en pleine forme, ce qu'ils nous promettent de venir prouver sur scène cette année. Mais c'est peine perdue car tant qu'autant de bonne volonté et de savoir-faire ne seront pas mis au service de matériel plus solide, Strangeways restera une simple reformation sans sens ni utilité. Je commence à me rendre compte que j'adopte un ton sentant le reproche, mais je me rends compte aussi dans la foulée que c'est malheureusement ce que je ressens : cette reformation était assez inattendue pour ne pas la gâcher dans le commun et l'insignifiant. Alors, puisse le prochain Strangeways (car je pense qu'il y en aura au moins un autre) faire l'effort de garder le meilleur de celui-ci, à savoir ce son envoûtant et cette ambiance chaleureuse, mais pour l'appliquer à de la vraie compo qui sent la sueur tombée du front et non les zieutades aux alentours et aux commentaires nostalgiques de fans quadragénaires laissés sur les forums, SVP. « Age Of Reason » a bien su, lui-même retenir les leçons de « Perfect World » pour mettre au point cette ambiance magique alors, pourquoi pas pousser plus loin pour son successeur ? Il lui échoira tout de même l'honneur de voir le jour en tant que neuvième album de la carrière du groupe, en une décennie où personne n'aurait parié le voir sévir en tant que groupe.

Le site : facebook.com/Strangeasfolk

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