T H E  S M A S H I N G  P U M P K I N S "Oceania"
THE SMASHING PUMPKINS
Oceania
EMI

Avec « Oceania », on en est à peu près au milieu de ce « concept » de 44 chansons que Billy Corgan voulait distribuer au fur et à mesure de leur gestation. Alors, pourquoi un album, soudain, après ces EPs et MP3s ? A chacun d'interpréter à sa manière : soit un réel besoin de retrouver ce format pour des titres nécessitant longueur et cohésion pour s'étaler, soit une insatisfaction dans ces formats plus « au-jour-le-jour » qui, pourtant, reflétaient plus le concept initial de « Teargarden By Kaleidoscope ».

En tout cas, cet album présente pas mal de titres similaires et – disons-le – faibles qui gagnent à se retrouver noyés au sein d'une masse dont émergent 3-4 morceaux qui, eux, auraient pu briller en EP : le beau « Quasar » d'ouverture qui possède bien cette acidité Psyche que Billy souhaitait développer en se lançant dans cette suite improvisée, « Panopticon » et « The celestials » qui suivent, la première inhabituellement mélodique, la seconde finement orchestrée… C'est cette dernière veine qui semble refléter au mieux l'état d'esprit de Billy, et que l'on retrouve sur la majorité du reste des titres. Peut-être aussi ce trait commun qui l'a fait opter pour nous présenter ces titres ensembles.

Malheureusement, si cohérence il y a, répétition il y a aussi, ainsi que faiblesse : « One diamond, one heart », « Pale horse » ou « Inkless » sont assurément fines, travaillées et soigneusement habillées mais rien ne masque leur peu d'inspiration mélodique. « Wildflower », le dernier titre, illustre peut-être mieux que tout cette absence de matière première. Quelques habillages électro-sonores nous font nous demander si Billy ne cherche pas à se remémorer « Adore » (« One diamond one heart », « Violet rays »), la bien grunge « Quasar » même nous fait poser les mêmes questions ; même le calme général de la majorité des titres pourrait évoquer une ambitieuse tentative « Siamese »… mais la vibration n'y est plus.

Ce que Billy réussit c'est cette optique Psyche, et tant mieux vu qu'il s'agissait de son but premier. Malheureusement, ça se retrouve cantonné à quelques guitares acides (« Quasar », là encore), quelques titres plus instrumentaux (« Pinwheels ») ou des choses plus travaillées comme le morceau-titre qui, malheureusement, se vautre dans l'incohérent. Ma conclusion générale est très – mais alors très – mitigée. Au moins n'est-elle pas unanimement négative, car quelques beaux moments traversent ce disque, des moments de richesse créative comme beaucoup soupçonnaient Billy d'être dépourvu à tout jamais. Mais ces moments sont incontestablement minoritaires, c'est aussi simple que ça.

Ce format album a sans doute nuit plus qu'autre chose à l'idée de Billy, qui ne se serait pas étalé en fioritures inutiles sans cela. Mais, le concept de départ restant confirmé sur les quelques réussites de cet album, il n'est pas dit qu'il ne faille plus rien attendre de la suite des « 44 » morceaux que le crane d'œuf est censé nous livrer ;)

Le site : www.smashingpumpkins.com  + myspace.com/smashingpumpkins

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