Y E S  " Fly From Here "




Y E S
Fly From Here
Frontiers Records

L'un des albums les plus attendus de l'année pour pas mal de gens dont moi est sans aucun doute « Fly From Here », et son défi n'est pas mince puisqu'il vient à la fois briser le silence discographique de Yes depuis sa « crise » et graver sur bande le premier disque du groupe sans Anderson, « Drama » mis à part… Pour la petite histoire, l'aventure de « Fly From Here » remonte effectivement à la période troublée de « Drama » ! En 1980, petit rappel pour les non-fans de Yes, le groupe vit virtuellement, Anderson et Wakeman n'en étant plus membres que sur le papier… Entrent alors en scène Trevor Horn et Geoff Downes, qui se retrouvent alors catapultés remplaçants des deux membres ! Honnêtement, « Drama » qui va naître de cet improbable line-up est loin d'être mauvais… mais le départ de Ian marque la fin d'une aventure.

La suite, c'est la traversée des 80s qui, comme nous allons le voir, fait encore du mal au groupe à mon goût (« Owner of a lonely heart » ou pas, je ne veux rien savoir), jusqu'à 2008 où le groupe compte marquer ses 40 ans dignement… mais c'est plutôt un ratage comme vous le savez désormais, avec Wakeman remplacé par son fiston et Ian par un clône, Benoit-la-créature-Andersonoïde. Le groupe n'avait jusqu'alors rien publié dans cette configuration, mis à part un Live anachronique précédant « Fly From Here » de peu et dont le seul intérêt, vu sa qualité discutable était, je vous le disais en ces pages, de déterrer des titres de « Drama » et de se présenter au public en version plus « simple » et « Live » qu'à l'accoutumée… quoi qu'il en soit, le groupe était mûr pour l'aventure du 20 e album studio de Yes.

Et c'est là que le passé revient à l'assaut, en la personne de Trevor Horn, qui prend les manettes de la console et remplace Wakeman Fils par Geoff, son vieux compagnon… et ils ne viennent pas les mains vides puisque « Fly from here », la longue pièce occupant la première moitié de l'album et lui donnant son nom n'est autre que « We can fly from here », un inédit de l'époque signé de leur plume uniquement joué sur scène (une prise a d'ailleurs été publiée dans leur coffret Live de 2005). La trame se voit complétée par le reste de l'équipe (en fait la seconde moitié du morceau) et donne lieu à… à ? Nous voilà dans le vif du sujet : « Fly from here » m'a ôté un sacré poids de l'estomac, car je craignais la pire déception de la part de Yes depuis les 80s alors que j'ai presque eu leur meilleure surprise depuis. L'esprit est là, ambitieux à l'occasion, fin très souvent, l'atmosphère parvient à décoller par moments, et nous offre 25 minutes de bonheur, bien que par intermittence, et il faut par ailleurs avouer ce que sont les rajouts qui plombent la pièce en premier lieu. Il y a aussi la production incompréhensiblement 90s de Trevor qui empêche la composition de s'extraire de cette période peu glorieuse pour le groupe, en ne sonnant ni actuelle ni 70s. Un étrange choix de la part d'un producteur généralement plus inspiré… Pompon : les claviers de son acolyte Geoff font les premiers les frais de ce faux-choix.

La seconde moitié de l'album subit malheureusement les mêmes travers que ce nouveau pendant de « Fly from here », mais heureusement quelques idées nouvelles viennent l'égayer, avec en premier lieu la guitare toujours aussi irrésistible de Steve Howe à l'honneur sur « Solitaire », les variations d'ambiances plus prononcées de « Life on a film set » et « Hour of need », jusqu'à la surprise de « The man you always wanted me to be » où, à la faveur d'un arrêt de disque dur, cyber-Benoit cesse de jouer son Ian un minimum. Bref, il y a du bon et du moins bon sur ce disque, mais il constitue avant tout un sacré soulagement pour l'avenir du groupe que l'on sentait hautement compromis. Bonne nouvelle : la tournée de cet été avec Styx est dans la poche. Bonne ou moins bonne nouvelle : vous y entendrez peu de choses de « Fly from here » apparemment.

Le site : www.yesworld.com  + myspace.com/yesworld

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