Z Z  T O P
" La Futura "

Z Z   T O P
La Futura
Label : American Recordings

« Rick m'a dit un jour : ‘‘J'ai adoré tout ce que tu as fait, y-compris tous ces titres mexicains que tu as incorporés''. Et j'ai dit : ‘‘Et bien, Rick, tu nous as amenés vers le futur''. Il m'a regardé et a dit : ‘‘Comment tu dirais ‘le futur' en Tex-mex ?'' et j'ai dit ‘‘la futura''. Et voilà, ‘La Futura'. »…

Ça, c'est Billy Gibbons en mode Oncle Paul, et le Rick en question c'est Rubin, le producteur de « La Futura » pour le meilleur et l'encore meilleur, comme cette citation le symbolise, et c'est pour ça que je vous la sors d'emblée. Ce genre de titres hispaniques, c'est la légende des premiers ZZ Top ; Rick Rubin, c'est l'incroyable son actuel de ZZ Top ; et cette spontanéité qui lie le tout c'est ce qui me fait sautiller comme un puceron à l'idée d'écouter le 15 e ZZ Top, plus de quarante ans après, quand même…

Quarante années et quelques récompensées, il y a peu, par l'intronisation du trio au très symbolique Rock'n'Roll Hall Of Fame (par Keith Richards). Quarante ans dont près de dix sans nouvelle sortie, aussi, depuis « Mescalero », apathie commençant à se rompre avec la signature d'American Recordings, puis l'entrée en studio avec Rick, il y a quatre ans, laborieusement interrompue à chaque tournée (bon, je vais pas me plaindre, c'était grandiose), et puis les annonces dans la presse, l'année dernière, d'un album achevé ou d'un enregistrement achevé et un mixage en cours d'achèvement, on ne savait pas trop… Jusqu'à voir notre curiosité rassasiée par un titre balancé dans le film « Battleship » puis, plus logiquement, dans une pub Jeremiah Weed, héhé.

Plus originalement, « Flyin' high » a été jouée à bord de Soyuz dans un geste de bel hommage de la part d'un membre de la Nasa. Mais évidement, pour étancher un tant soit peu notre soif, il a fallu « Texicali », ce beau EP balancé sur internet. Si vous l'avez zappé dans nos pages, je vous y renvoie puisqu'il contenait ni plus ni moins que les quatre premiers titres de « La Futura », oui m'sieur.

J'avais beau ne pas les découvrir, donc, ces quatre-là, « I gotsa get paid » a tout de même fait son effet en déboulant avec son rythme groovy inimitable, son chant qui vous fait craquer tout de suite… bon, je ne vais pas me répéter hein, on a déjà parlé du EP, donc. Mais ce son crade technoïde sur cette compo somme toute traditionnelle, c'est ce que je définissais en intro comme la réussite de l'album. « Chartreuse » et son rythme plus texan, celui plus bluesy, plus Mississippi de « Consumption » et son solo de slide saturé avec tout autant de réussite toujours dans cet esprit de mariage, et « Over you », le Rhythm'n'Blues parfaitement restitué, avec cette Lead simple et solide… hum, bref, j'ai dit, on en a déjà parlé plus en détail, passons au « toujours pas entendu ».

Le « toujours pas entendu » ce sont six titres qui allient cette recette parfaite de compos à l'ancienne et son ambitieux, avec quelques éléments frais venant agrémenter cela : il y a du Blues, d'abord, pour ce que je m'avance à considérer comme les meilleurs moments de ZZ Top sur disque depuis le siècle passé. Des morceaux comme « It's too easy mañana », un délice Blues Rock à la 80s, lent et au chant fortement « malté », transcendé par ce son tech' et au final étonnant, et « Heartache in blue » (mon coup de cœur), mélodique, toujours en harmonie avec le travail de Rick (et Billy, ne l'oublions pas, c'est quand même lui qui suit cette voie depuis les 90s), illuminé d'harmonica (James Harman, bien-sûr), enchantant par son solo dégageant une sacré ambiance de Jam… Un peu comme le final de « I don't wanna lose, lose, you » en forme de bœuf, qui ne laisse pas de doute sur la forme du trio à l'aube de 2013.

Ce dernier morceau, c'est le « ZZ Top profond », dans le sens Raffarinien du terme, aux guitares à l'ancienne et au chant authentique. Quant à « Big shiny nine » et surtout « Flyin' high », c'est le ZZ Top toujours surprenant, gonflant les basses et poussant les guitares jusqu'à un Rock presque AC/DC. Tout ceci jusqu'à « Have a little mercy » achevant cet album trop court par une sorte de clin d'œil 60s encore plus réussi que « Over you », noyé dans un rythme irrésistible, ponctué d'un dernier final déroutant.

Pour un groupe quarantenaire, ZZ Top fait là preuve d'une jeunesse d'esprit incroyable. On les sent taquins derrière leurs micros, l'œil vif et brillant d'une lueur fraîche. Cette écoute fut un vrai plaisir, que je n'attendais honnêtement pas d'un groupe aussi « établi ».

Le site : www.zztop.com  + myspace.com/zztop

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