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BLACK SABBATH "13"




BLACK SABBATH
13
Label : Vertigo

Je ne vais pas vous faire un dessin hein, vous savez tous de quoi nous parlons : le sujet Metal de l'année, voire de la décennie… Black Sabbath avec Ozzy. Juste un mot pour ceux qui avaient gagné un séjour sur Mars ou s'étaient fait enlever par des djihadistes au Sahel : Bill Ward n'est pas de la partie, Brad Wilk de Rage Against The Machine tient la batterie. Pour les autres : votre premier aperçu de « 13 », vous l'avez eu avec le single « God Is Dead ? ». Ce titre était annonciateur d'un album très classique, voire rétro. Il avait une couleur plutôt « Deshumanizer » il est vrai, mais son orientation sombre était tellement assumée que le groupe ne pouvait nier regarder vers les 70s… Ça, c'était à la fois prometteur et inquiétant.

Comment ça, demandez-vous ? Fi, vous n'avez pas attendu « Brave New World » comme je l'ai attendu on voit bien. C'est évidement prometteur pour un groupe de regarder vers sa période classique, mais encore faut-il être en condition pour s'y attaquer. Et le Black Sabbath de 2013 a oublié quelques sortilèges en cours de route. Les 7 autres titres de l'album regardent effectivement plus clairement dans l'aire Ozzy, particulièrement dans « Sabotage » me semble-t-il… en tout cas du classique. Pardon : du Classique (on termine même sur une note 1969 vous verrez, je ne vous raconte pas la fin du roman non plus). Le Hic, c'est que c'est tellement assumé que ça en confine à l'exercice. Certes ils nous font les bons choix, tempi lourds respectés à la lettre, motifs de guitare extrêmement sombres, sobriété sonore… Seulement, au final on se retrouve plus avec de louables intentions qu'avec de la matière musicale. La plupart de ces titres ne font que passer des principes en revue.

« End of the begining » entame bien mal cet album en déroulant d'emblée riff, break etc… comme une recette de cuisine. « Zeit geist » semble presque incongru, à vouloir jouer les « Planet caravan » ou « Solitude », ne faisant que souligner le décalage de ces morceaux avec le Sabbath actuel. « Live forever » semble dire « rythmique rapide typique: fait. Qu'est-ce qui reste ? »… Ben il reste peut-être à faire commencer leurs compositions par une bonne idée, plutôt qu'un point d'une sorte de to-do list. Alors évidement, Iommi est loin d'être camé, il nous l'a prouvé avec Heaven & Hell, et n'a pas non plus rien à dire du tout : « Age of reason » part d'un bon riff, sent l'attaque, semble plus naturellement sorti, et fait surtout, surtout preuve d'inspiration. « Damaged soul » fait également plaisir, en ne se cantonnant pas aux petites fiches ressorties 40 ans après, jaunies… La mélodie vaut le coup, le groove aussi, là oui ils ont quelque chose à dire. Ozzy sait parfois montrer ses dents (pas toujours), et Geezer est impérial, qui plus est particulièrement mis à l'honneur dans un mix isolant bizarrement Tony. La batterie tranche, évidement, Rick Rubin n'effaçant pas tout à fait sa sécheresse.

Mais plus qu'une quelconque question de son, vous l'aurez compris, ma gêne vient en premier lieu d'un sentiment de bonnes intentions devançant l'inspiration, de compositions n'attendant pas d'idée de départ pour se lancer, et, au final, un album sentant plus la déclaration que le matériel musical. J'ai cependant envie de mettre en partie cette déception sur le compte de la sorte de frénésie dans laquelle cet album fut attendu. J'évoquais plus haut, en indécrottable Maidenhead que je suis, ma déception devant le retour de Bruce et Adrian au sein de Maiden, dans laquelle a joué – je le vois 13 ans après – mon attente injustifiée du successeur de « Seventh Son ». Là, simplement, on pourrait rajouter à ça l'impression d'une volonté du groupe de devancer encore plus ces attentes tout aussi injustifiées. Je me refuse donc à parler d'album raté, mais affirme ne pas avoir le recul nécessaire pour l'apprécier. Mon conseil : voilà, reposez-le, 13 écoutes par jour c'est trop, si si, et attendons la prochaine pleine lune pour le ressortir, Mars sera alors dans la constellation du scarabée ou je ne sais quoi mais là, le climat n'est pas propice. Trop d'intérêt tue l'intérêt, lorsque nous aurons dissocié « 13 » de l'évènement du retour d'Ozzy, nous pourrons sans doute mieux l'apprécier pour ce qu'il propose, simplement et indépendamment de toute considération « historique ».

Le site : www.blacksabbath.com  + myspace.com/blacksabbath

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