KLOGR " Till You Decay "

Oui, je sais, moi aussi la première fois que j'ai lu leur nom, je ne sais plus où c'était mais ça faisait mal à la glotte. Puis on m'a expliqué que c'était « Kay-log-are» (K log R). Après, je suis d'accord, ce n'est guère plus compréhensible pour autant mais, si je commence à vous dire que le logarithme du stimulus sensoriel multiplié par la sensibilité de l'individu récepteur donne l'intensité de son ressenti selon la loi de Weber-Fechner, vous serez d'accord pour convenir d'en rester là… Le groupe, qui se cache derrière cette onomatopée, est tout aussi intriguant dans nos pages, s'agissant plus de Rock Alternatif que de Metal.

Ou alors disons Metal Alternatif. Le groupe est né en 2010 sous l'impulsion de Gabriele Rustichelli, producteur actif à la Zeta Factory et ex-guitariste du groupe italien SensAzionE (oui moi aussi je trouve que c'est une idée fixe chez lui ce délire sensitif). Le style qu'il adopte avec cette nouvelle formation est donc à rapprocher de la nébuleuse dite « alternative » entre Rock et Metal, mais avec pas mal d'éléments notables personnels que je vais m'empresser de vous présenter. D'abord et en tout premier lieu : le chant de Gabriele (dit « Rusty », je me permettrai de l'appeler par son petit pseudo dans la suite de la chro'), d'une chaleur aujourd'hui rare, que je n'hésite aucunement à rapprocher de celui de Chris Cornell, ni plus ni moins, avec peut-être une affinité plus poussée pour le strident. « Live dying », « Bleeding », même le morceau lent de fermeture « Young graves » en sont de parlants exemples. D'ailleurs, si l'on peut pointer du doigt une influence sur cette musique plutôt moderne et « apatride », ça serait bien le Grunge 90s, sans trop de surprise, vu l'âge moyen des membres… Cependant, si cet organe vocal est déjà un bel atout, « Rusty » ne se prive pas d'étaler ses capacités dans des registres gueulards (« Self loathing », « Silk & thorns » étant carrément pourvue de cris Nu-Metal) aussi bien que Pop Rock (à mes oreilles, il a un petit quelque chose de Brian Molko sur « Value of sin »). Les compos vont d'ailleurs dans ce(s) sens, avec des touches New Wave sur le refrain de « Green star », comme des éléments Nu-Rock dans « Silted memories » - et surtout instrumentalement : la batterie appartient clairement à cette scène, ayant plus à voir avec un Papa Roach qu'autre chose (c.f. « Silk & thorns », encore). La basse, elle, se démarque en adoptant une énormité digne du Metal, genre avec lequel on peut tout de même établir quelques ponts… Je citerai là « Naked mind », qui me séduirait presque.

Ce qu'on obtient, au final, est une formule assez élaborée, le spectre sonore étant intelligemment réparti entre une voix très piquante, ressortant parfaitement au-dessus d'une basse bien grasse. Tout respire le professionnalisme dans cet album, voire un peu trop à mon goût. Mais un auditeur peu disposé à poser son oreille sur de l'Alternatif trouvera suffisamment d'idée là-dedans pour satisfaire son oreille – là je parle de mon écoute de façon détournée, les plus clairvoyants d'entre vous l'auront deviné. C'est bien pour ça que je puis me permettre de vous suggérer une écoute. Et pour ça que je garderai un œil amical sur le parcours de KLogR, chose qui va s'avérer assez ardu à suivre pourtant : suite à cet album, Rusty échange tous (tous) les membres de son groupe pour ceux de TimeCut, avec lesquels il propose un EP judicieusement intitulé « Till You Turn », avec un net élargissement de son panel musical vers tous les styles les plus différents déjà décelables dans « Till You Decay » (d'un « Guinea pig » très dur à un « King of unknown » carrément Rock). L'occasion aussi de proposer des versions Live de trois titres ici présents (déjà, oui…), qui se révèlent carrément efficaces sur scène, avec une énergie dopée par la simplicité du son et un chant bien Rock comme il faut. Bref, un groupe Alternatif avec cette fibre Rock qui fait la différence. A retrouver sous peu en interview ici même…

Le site : www.klogr.net  + myspace.com/klogrmusic

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