MASTERPLAN "Novum Initium"

Le genre : nouveau départ (…facile)

J'avais éreinté le mal nommé Time To Be King, (très) déçu par le résultat du retour au bercail de Jorn Lande : trop rock, pas assez power, peu inspiré, en fait. Question : Masterplan allait-il survivre au second départ de son talentueux (et impossible à vivre) frontman ? Réponse : oui ! Reste à savoir si le recrutement de l'ex-At Vance Rick Altzi suffira à relancer la carrière de cet ex-super-groupe sur lequel je n'aurais pas misé un kopeck l'an passé… 

Si l'on en croit les récentes interviews de Roland Grapow, (re)travailler avec Jorn Lande fut « chaotique » (comprendre « insupportable » ndlr). Il semblerait que les multiples exigences artistiques de la diva, même satisfaites par le leader de la formation, aient achevé (au sens propre) le groupe. Exit Jorn, donc. Et bonjour Rick Altzi, dont les qualités vocales n'ont de cesse de se bonifier avec le temps. Il nous livre sur cet album une performance n'ayant rien à envier à Lande (sauf peut-être la puissance mais certainement pas la versatilité, tant il est vrai que le norvégien s'est éraillé avec l'âge et se cantonne à un style). S'il se montre capable d'émuler son prédécesseur (signe que Lande est la référence), Altzi varie son chant tout au long de l'album, présentant une large et bien agréable palette vocale.

On remarquera, sur ce nouveau Masterplan, le retour aux sources (d'où le titre, CQFD) d'un power mélodique ultra efficace, basé sur une rythmique solide (le remplaçant du monstre Terrana, bien occupé avec Tarja, est Martin Skaroupka de Cradle of Filth et c'est l'ex-Stratovarius Jari Kainulainen qui tient la basse), des lignes de chant ciselées, des refrains accrocheurs (Grapow s'est souvenu qu'il savait en composer), des claviers savamment employés (Axel Mackenrott fidèle au poste) et une gratte qui brille en solo et habille les compositions de multiples couches harmoniques (il paraît que Lande déteste ces arrangements chers à Grapow et qu'il avait obtenu qu'il s'en abstienne sur Time To Be King). La prod' est, comme toujours chez Masterplan, en béton armé, remarquable d'efficacité (limite trop commerciale). Je ne regrette que le mixage parfois un poil trop en arrière de la voix lead (pour masquer certaines imperfections ?).

Tout passe bien, même le long titre éponyme refermant l'album, composition à tiroirs au final pachydermique qui emportera probablement l'adhésion des plus difficiles. La musique de Masterplan est mélodique, accrocheuse, puissante sans lourdeur excessive, avec quelques touches prog' bien senties. Je ne hisserais pas ce disque à la hauteur du premier effort (irréprochable) du groupe (une sacrée beigne et, à ce jour, son meilleur coup) mais je trouve que des titres comme The Game, Keep Your Dream Alive, Black Night Of Magic, et Return From Avalon s'en approchent. Certes, il y a du remplissage ( Betrayal, No Escape, Earth Is Going Down ) entre les titres les mieux foutus. Bref, si l'écriture de Grapow n'est pas touchée par la grâce de l'inspiration comme en 2003, l'ex gratteux d'Helloween prouve qu'il a de beaux restes en la matière. Il est notable qu'il se laisse (un peu trop aisément à mon goût) rattraper par une sorte de noirceur dans la forme (remember The Dark Ride) qui grève l'allant du truc (pas très claire ma formule, là…).

En conclusion : un album typique de Masterplan (bien influencé par Helloween et Strato), un bon cran au-dessous du premier album mais largement au-dessus du prédécesseur, à savourer sans modération aucune sur les routes des vacances autant que sur celles de la rentrée. Autant écrire que ce produit jouit d'une correcte durée de vie, comme on dit (mochement) en marketing.

P.S. C'est Grapow qui chante le break de Novum Initium (« mais on s'en fout, Higgins ! »).

Le site. www.masterplan- t heband.com

Bouteil Bout