MY DYING BRIDE
" A Map Of All Our Failures "



MY DYING BRIDE
A Map Of All Our Failures
Label : Peacevile Records

« Une carte de tous nos échecs »… Evidement la onzième épître du sextette britannique n'allait pas se nommer « gambadons gaiement dans la prairie » mais là, ça ressemble fichtrement à un aveu d'impuissance. Un déçu des dernières productions du groupe – race dont je suis – le trouvera très justifié, mais je ne suis pas sûr qu'un fan comprenne… Quoi qu'il en soit, nombreux sont ceux à s'être rangés dans nos rangs après « Songs Of Darkness Words Of Light », « A Line Of Deathless Kings » et surtout « For Lies I Sire », vieux de trois ans déjà mais si loin des glorieuses nineties…

Depuis ce dernier opus, le groupe semble effectivement se chercher : un EP suivant l'album présentait Shaun McGowan, première violoniste du groupe depuis 1996, en remplacement de Katie Stone qui ne l'aura tenu que sur l'album. Ensuite, l'étrange projet « Evinta » (ce réenregistrement de compos à la sauce, euh… bizarre) laissait les followers dans le flou absolu. Quelques temps plus tard, Hamish Glencross prenait part au projet extrême de Gregor McKintosh de Paradise Lost et peut-être pourrions-nous y voir une petite graine qu'il ramena chez la Fiancée Mourante…

Toujours est-il que leur prochaine livraison fut un EP ambitieux, éloigné de leur dernier album. Cet album, donc, va bien plus loin, remontant presque à contre-courant des trois précédents pour se tourner vers ce qu'on pourrait qualifier d'un « My Dying Bride old-school », ou du moins dans l'idée, car ce disque reste très actuel pour le groupe, qui n'envisage apparemment nullement de se réinventer. Mais, si je devais le décrire en quelques mots, j'en emploierais probablement peu que j'aurais utilisés pour une chronique de « For Lies I Sire ». Je parlerais de simplicité sonore, d'abord, de celle des groupes de Doom pur, mélodique et mélancolique. Je parlerais même de Doom tout court car le groupe s'en rapproche comme jamais. Des pièces comme « The poorest waltz » font preuve d'un sens mélodique saisissant.

Le chant de Aaron reste simple, de plus en plus sobre et aime à étaler sa tonalité sombre de long de passages récités ou narrés, s'amplifie à l'occasion de quelques refrains doublés et, surprise, se permet quelques incursions dans un growl Death ou Black inattendu, bien que fort éloigné de celui qu'on aurait pu s'imaginer : il s'agit d'un instrument comme un autre, venant colorer quelques parties de « A tapestry scorned » ou « Kneel till doomsday », où le violon refait son entrée dans le tissu sonore des anglais. Celui-ci devient donc de plus en plus fin, malgré cet enrichissement vocal et instrumental ; il respire la simplicité des débuts voire celle d'un genre de Doom auquel le groupe n'a jamais appartenu, mais que l'on sent extrêmement pur sur le morceau-titre, très réussi, ou bien les deux derniers (« Within the presence of absence » et « Abandonned as christ »), plus faibles, mais se livrant on ne peut mieux à la torpeur déprimée d'une rythmique quasi-funéraire.

A part ce morceau-titre et « The poorest waltz », un sommet de cet album est « Hail odysseus », qui en profite pour ajouter un ingrédient supplémentaire au pur Doom du premier et la mélancolie du second : un esprit épique assez Heavy qui, là encore, pointe une volonté de traditionalisme et classicisme, pas forcément révolutionnaire pour My Dying Bride mais diablement efficace lorsqu'elle engendre des morceaux aussi prenants et captivants.

Ce n'est qu'un aboutissement de cette refonte du Dying Bride actuel, qui met heureusement fin à une dérive sans but clair et permet au groupe de renouer avec certains éléments fondamentaux de leur identité. Il ne s'agit pourtant que d'une étape, à mon avis, qui ne permet pas de présager du futur musical du groupe ; mais à l'heure où leurs compatriotes Anathema ou Paradise Lost ont sû transformer leur son afin de conserver leur sensibilité gothique (avec moins de succès pour les seconds je le concède), My Dying Bride tente enfin avec un retard certain se remettre en question.

Le site : www.mydyingbride.net  + myspace.com/officialmydyingbride

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