ROYAL HUNT
20 th Anniversary – Special Edition



ROYAL HUNT
20 th Anniversary – Special Edition
Label : Frontiers

Tiens, un après-midi pluvieux de décembre, quoi de mieux comme raison de rester chez soi et enchaîner les disques de Royal Hunt ? Surtout que, si vous éprouvez moins de sympathie que moi pour la formation Danoise, eh bien cette dernière vous a facilité les choses par la sortie de ce magnifique coffret 3CD+DVD. Que nous vaut l'honneur ? Et bien les 20 ans de son œuvre discographique, à laquelle ce coffret est une excellente introduction.

Parlons donc de ces mal-aimés qui, s'ils ont certes accumulé les travers, nous ont tout de même offert certains des plus beaux moments Mélodiques des nineties. Les deux premiers disques de ce coffret constituent, en gros, un Best Of en deux CDs de la carrière du groupe, de '92 à aujourd'hui donc, couvrant leur onze albums sans omission et présenté en ordre chronologique, ce qui me semble un choix judicieux vu les mues successives de la formation. Lançons-nous donc dans cette rétrospective, espérant qu'elle tentera certains à redécouvrir ce groupe si attachant.

Tout commence il y a donc 20 ans, sous les doigts virtuoses du claviériste Andre Andersen qui saura tenir Royal Hunt en main en dépit des changements d'époque et surtout de personnel. Leur première production, « Land Of Broken Hearts », est présentée ici par trois titres (dont un bonus, choix déroutant), et, ma foi, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas réécouté cet album des débuts (pas ma période préférée) tant le son daté écorche l'oreille, de même que la fibre alors très Hard Speed (« Flight ») ou Prog Mélo (« Kingdom Dark ») du groupe. Royal Hunt poursuit pourtant sur cette voie et propose, l'année suivante, « Clown In The Mirror », un rien plus Prog 90s et présentant des morceaux plus profonds comme le titre homonyme qui m'avait alors convaincu d'acquérir la galette à lui seul. Le titre figure fort heureusement dans cette sélection, aux côtés de deux autres. Le son du groupe est bien plus épais, la basse de Steen Mogensen plus présente, même le chant de Henrick Brockmann est solide, enrichi de ces chœurs qui resteront le secret de Andersen dont le clavier demeure pourtant le seul point faible de la recette sonore…

Une nouvelle époque s'ouvre pour Royal Hunt avec l'intégration de DC Cooper, pour « Moving Target » en '95 avec un son du coup plus Hard FM, ce qui nuit au côté un peu Prog de la formation qui fait la différence, mais avec une classe et un style que seul un américain pouvait apporter à nos froids scandinaves… Trois titres sont ici aussi extraits de cet opus éminemment mélodique mais, à défaut d'être original, diablement efficace, la ballade « Far away » ou bien « Time » augurant de leurs futurs moments les plus mélodiques par la suite (je pense déjà à « Fear »). Pourtant, c'est le moment où Royal Hunt nous révèle son Magnum Opus, contre toute attente : « Paradox ». Un bijou de finesse, travail et harmonie. Bien plus Prog que son prédécesseur, il se débarrasse quelque peu de ce mascara FM encombrant en n'en gardant que ce qu'il faut par la simple présence très marquée de DC Cooper, l'équipe restant la même, à un membre près (le batteur Kenneth Olsen remplacé par Allan Sorensen). Trois titres seulement vous seront encore proposés ici, dont tout de même l'enchaînement « Tearing down the world » / « Message to god », ce dernier titre fournissant un final tout en grandeur au premier disque du coffret.

Le deuxième disque, donc, inaugure l'ère John West qui s'empare du micro en 1999 pour « Fear », dont le morceau-titre ne figure malheureusement pas ici, au profit de la plus consensuelle « Cold city lights » et de la ballade « Follow me ». Déception, donc, un peu rattrapée par l'album suivant, le dernier de la grande période de la Chasse Royale, « The Mission », dont deux extraits sont présents aussi mais en Live (extraits de « 2006 Live » je pense), injectant une pêche inattendue au groupe (dont ce n'est pas le fort) à cet album excellent mais éminemment Prog, bien que beaucoup plus Néo que le Prog de leurs débuts. Vous ne pouvez du coup pas en juger mais le son du groupe commence à mûrir à partir du disque précédent pour atteindre sur « Mission » une modernité tout à fait actuelle qui, si elle ôte un peu de la personnalité du groupe, l'extirpe pour de bon de ce son daté 90s qui m'empêche encore d'acquérir leur premier opus…

« Can't let go », extrait de l'album suivant, est également présenté Live, ce qui vous empêche de juger du batteur Allan Tschicaja qui ne joua que sur « Eyewitness », le groupe réintégrant par la suite Sorensen, recrutant Marcus Jidell qui prend la guitare pour la première fois sur « Paper Blood » où Andersen s'occupe également des parties de basse, Mogensen n'étant plus là… Cet album les ancre définitivement dans le Néo-Prog, avec un apport bienvenu de rythmique Heavy, illustré ici par le morceau-titre, Andersen pouvant laisser libre cours à ses constructions vocales ici enrichies de passages théâtraux rendant le disque assez satisfaisant. La prochaine étape, c'est l'arrivée de Mark Boals au micro, rendant un coté plus DC Cooper, et accompagné d'un nouveau bassiste (Per Schelander) pour une tentative « Paradox 2 » évidement manquée mais digne de l'album précédent, juste un peu plus Hard Mélo (pour profiter au max de la chaleur de Boals) – voire trop, personnellement, du moins suffisamment pour me dispenser d'acheter la discographie du groupe à partir de ce point.

Les choses commencent à faiblir, Schelander cède déjà sa place à Andreas Pasmark et le groupe sort « X » qui, malgré sa sublime pochette, est bien trop Hard Mélodique - le choix de présenter ici « Shadowman » parmi les deux extraits étant cependant très bien vu, autant pour écouter la facette fine de Royal Hunt que les singles trop présents ici ne révèlent guère que parce qu'il s'agit tout bonnement d'une compo de qualité comme ils en proposaient alors de moins en moins. Le dernier disque du groupe, « Show Me How To Live », laissait à son annonce espérer un regain d'énergie, DC Cooper réintégrant la formation. Les deux extraits proposés ici sont néanmoins assez révélateurs du ton général du Royal Hunt de 2011, plus Rock que Metal et, même si pas désagréable non plus, vraiment moins trippant.

Ce « Best Of » en 23 titres est complété d'un troisième disque assez riche, proposant un nouveau titre, sonnant étrangement comme du Royal Hunt traditionnel, et trois versions réenregistrées en acoustique de leurs deux premiers albums plus « Restless », choix étonnant, le morceau étant un bonus japonais de leur Live de 1996 puis de « Paradox ». Cette version est également moins emballante que les deux précédentes, particulièrement bien vues, surtout « Bodyguard ». A cela s'ajoutent des morceaux rares : « Bad luck », jusqu'alors disponible sur leur EP de 1993 et en Bonus japonais de « Clown In The Mirror », le très bon instrumental « Double conversation » de leur EP de 1995 (une bonne surprise de cette sortie pour moi), « U-turn » de leur EP « Intervention » et deux curiosités plus récentes, « Sixth sense » en bonus de « X » et « Day is dawning », bonus de « Eyewitness » avec un surprenant quasi-gospel de John West pour conclure ce disque…

Le tout sera complété d'un DVD regroupant essentiellement les clips du groupe, pour une introduction très complète, pas toujours représentative de chaque période il faut le dire, mais ne faisant l'impasse sur aucune et permettant ainsi, en 2-3 titres à chaque fois, de s'en faire une idée propice à donner à l'auditeur l'envie d'aller voir plus loin en se tournant vers les sorties originales. Et concernant « Paradox » ou « The Mission » je ne saurais trop le lui conseiller, afin de profiter du meilleur de cette fusion Prog Mélodique dont Royal Hunt fut alors l'un des représentants les plus habiles.

Le site : www.royalhunt.com + myspace.com/royalhuntmusic

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