STRATOVARIUS
" Nemesis "

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Pour ce troisième album de son ère post-Tolkki, Stratovarius perd un nouveau membre, et pas des moindres : Jörg Michael. Pas de quoi abattre nos finlandais qui retournent en studio avec un nouveau batteur, et avec Jani Liimatainen avec qui Timo s'est particulièrement acoquiné ces derniers temps (ils sortent d'une tournée acoustique commune). Aux manettes, on trouve le guitariste Matias Kupiainen dans un rôle semblant appelé à lui être résolument dévolu.

Et, effectivement, sa patte se sent de plus en plus. D'abord dans le son, évidement, avec un coté lisse, moderne, aux relents électro de plus en plus assumés, comme en témoigne l'inutile single « Unbreakable », d'ailleurs composée par Matias. Mais, au-delà du son, c'est une vraie incursion dans l'intimité musicale du groupe que réalise Matias, composant l'écrasante majorité des titres, sur lesquels Timo et Jens conservaient encore leur mainmise pour les deux précédents albums… Le bon signe dans tout ça, c'est la lucidité des deux compères, sans doute conscients de monopoliser une trop grosse part du matériel, et également conscients du potentiel de leur nouvelle recrue. C'est en tout cas à ça que je suis tenté d'attribuer le succès de ce « Nemesis ».

Et oui, cet album est, pour moi, réussi. Pourtant, il ne dénote pas tant que ça, à première vue, de ses prédécesseurs. On l'aborde avec une première moitié très directe, simple et catchy, basée sur des compos « à refrain » comme « Stand my ground » ou « Fantasy », habillées des couleurs modernes de Matias que j'évoquais, la voix de Timo semblant même plus claire sous son vernis sur « Abandon », chose quand même osée… Et puis, encore comme le faisait « Elysium », on bascule dans une seconde moitié d'album plus complexe, riche et presque progressive, avec des morceaux vraiment travaillés dont je me dois de faire ressortir « Castles in the air » et « Out of the fog » au dessus du lot. Des riffs inspirés, des parties instrumentales bourrées d'idées, une basse royale (Lauri Porra est également gagnant dans cette nouvelle configuration du groupe) et des chœurs de plus en plus présents, montés avec Jani Liimatainen, que l'on retrouvait déjà sur « Fairness justified » du précédent opus.

Les sons électros passent beaucoup mieux, du coup, et le morceau-titre conclut de façon bien sentie cette seconde partie d'album, peut-être moins ambitieuse que « Elysium », mais bien plus fine. Entre temps, on aura eu droit à notre inévitable ballade (« If the story is over » de Timo et Jani, que l'on raccrocherait volontiers à leur album « Blackoustic ») et aux dernières traces de néoclassique de Jens avec « Dragons », néoclassique qui envahissait encore bien le morceau-titre de « Elysium »… décidément, Stratovarius regarde clairement en avant.

C'est, de façon générale, bien un regain d'énergie. Qu'il faille le mettre sur le compte de la bride laissée à Matias comme je le suggérais, c'est possible, mais il y a incontestablement un certain recul pris, un équilibre général revu de leur écriture, et simplement de nouvelles méthodes de travail, après des accidents de parcours qu'a subis le groupe, qui commencent à porter leurs fruits. « Nemesis » est peut-être le premier album de Stratovarius sans Tolkki à pouvoir soutenir la comparaison avec la grande époque du groupe.

Le site : www.stratovarius.com  + myspace.com/officialstratovarius

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