T I A M A T
" The Scarred People "

Par décence, je sauterai le couplet larmoyant sur la décadence du groupe de « Wildhoney » deux décennies plus tard, on y a droit à chaque nouvel album depuis plus de 10 ans maintenant et leur virage goth, épargnons-le nous. « The Scarred People » est donc le 10 e album du groupe, du Tiamat du 21 e siècle donc, celui de « Judas Christ », de « Prey », de « Amanethes » il y a 4 ans et sa timide tentative de redresser la barre. Il est le premier disque avec Roger Öjersson, Petersson ayant quitté le navire suite à l'album précédent. Son apport est ici bienvenu, nous y revenons tout de suite…

Désormais installé en Grèce, Johan Edlund devient de plus en plus « libre ». Ses interviews révèlent un personnage observateur, assez spirituel, et évoluant. Musicalement, l'homme se sent tout aussi libre. Avec cet album ; il semble abandonner la tentative de « Amanethes » qui lorgnait de nouveau vers le Metal, pour reprendre la voie assez Gothique et moderne qu'il avait commencé à suivre avec les albums précédents. Pourtant, Johan se tourne de nouveau vers le passé, mais cette fois vers le coté plus ambiant du vieux Tiamat, comme désireux de rouvrir tous les chapitres de l'histoire du groupe à la suite, à la recherche d'on ne sait quoi…

L'album demeure toutefois assez hétérogène, avec pas mal de rythmiques électro-gothiques du plus pauvre intérêt pré-Amanethes telles « Thunder & lightning » ou le très plat morceau-titre qui ouvre l'album… Le retour des atmosphères ambiantes du bon vieux temps, ça sera plutôt le parfum brumeux de « Love terrorists », « The sun also rises », ou bien « The red of the morning sun » qui clôt cet album sur une note de qualité. La qualité, qu'on ne trouve pas aux doses espérées à mon goût, c'est aussi le don mélodique qui ne quitte toujours pas Johan, capable d'un beau « 384 ekteis » sombre, d'un « Radiant star » sentant le Nick Cave, un « Sun also rises » délicieusement mélancolique (l'autre moment satisfaisant du disque) et un « Love terrorist » un brin dramatique… tout ceci ne tient que grâce à des lignes mélodiques imparables, fussent-elles utilisées à mauvais escient tel le morceau-titre, bénéficiant pourtant d'un joli thème à la base.

Et comme on n'est pas mieux servi que par soi-même, à Johan d'enrober ça de sa voix profonde, désormais dévolue au chant posé et sourd, un rien Bowie un rien Ian Astbury, pouvant se contenter de chantonner, même doublée, pour un effet plutôt bien vu. Öjersson, que je mentionnais, apporte un nouvel élément : le gars a un phrasé 90s enrichissant vraiment le son du groupe, très éloigné de cette fibre extrêmement Rock : « Radiant star » et « Love terrorists » bénéficient de ces lignes entre Gilmour et Buchanan, dopant les compos grâce à leur sensible finesse. Quant à « Before another wilbury dies », elle lui est entièrement dévolue (le titre étant instrumental et donc d'interprétation libre, je me plais à le considérer comme un hommage à Harrison, je vous laisserai le soin de me corriger).

Une autre surprise instrumentale est la folk « Tiznit », une autre surprise tout court est la Pop (heureusement dans le bon sens du terme) « Messinian letter » (apparemment inspirée par une lettre de la petite amie de Johan, pour la ‘tite histoire). Ce disque finit par bénéficier de toutes ces « petites » surprises et empêche ainsi le coté goth trop typé et trop peu inspiré d'assombrir tout l'album. Même si l'on ne peut pas ramener les 11 titres à « The sun also rises » et « The red of the morning sun », il n'en reste pas moins que cette fibre ambiante existe et se fait sentir au long de ces 50 minutes. « The Scarred People » reste un album du « Tiamat du 21 e siècle », certes pas celui de « Wildhoney », mais dans cette catégorie il permet d'apporter une petite pierre en plus par rapport à ses tristes prédécesseurs.

Le site : www.churchoftiamat.com + myspace.com/tiamat

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