Les fans d'Apocalyptica attendaient ce moment depuis longtemps. Habitués à un album tous les deux ou trois ans, il est vrai que cinq années depuis "7th Symphony", c'est long. Aujourd'hui l'attente est arrivée à son terme : "Shadowmaker" sort enfin de l'ombre.

Dès la première écoute, je constate avec plaisir que les violoncelles de Perttu Kivilaakso, Paavo Lötjönen et Eicca Toppinen sont de retour. Pas qu'ils avaient vraiment disparu, mais ils étaient trop arrangés, surtout sur l'album précédent, et il était parfois difficile de reconnaitre l'instrument, ressemblant plus à des guitares qu'autre chose. C'est plutôt une bonne nouvelle.

Après Mikko Sirén, arrivé à la batterie, en 2005, c'est au tour de Franky Perez de rejoindre le groupe en tant que chanteur. Sur les précédents opus, des invités prestigieux comme Joe Duplantier (Gojira), Dave Lombardo (Slayer), Brent Smith (Shinedown) sur "7th Symphony" (2010), Adam Gontier (Three Days Grace), Till Lindemann (Rammstein), Corey Taylor (Slipknot) sur "Worlds Collide" (2007), Ville Valo (HIM), Lauri Ylönen (The Rasmus) sur "Apocalyptica" (2005), avaient apporté leur voix d'une façon très convaincante. Les amoureux d'Apocalyptica en mode instrumental qui acceptaient, à la rigueur, ces invités occasionnels, seront sûrement déçus par l'arrivée d'un chanteur officiel.

Franky s'en sort pourtant bien pour ce premier essai : sa voix s'adapte bien aux exigences de la musique d'Apocalyptica. Sur les deux premiers singles "Cold Blood" et "Shadowmaker", il nous montre ses capacités à relever le défi. Son timbre est complètement dans le style de certains groupes qui marchent bien aujourd'hui et ça se ressent, surtout sur "House of Chains", qui est très proche d'un Papa Roach. Il passe de la douceur, comme sur les ballades "Hole In My Soul" et "Sea Song (You Waded Out)", au plus soutenu avec "Slowburn" et bien heavy sur "Come Back Down". Cela va être un grand changement sur scène aussi. En revanche, je me demande ce qu'il va faire pendant les instrumentaux car c'est quand-même une majorité des morceaux du groupe dont certains sont appréciés, et même chantés par le public quand il s'agit d'une reprise de Metallica.

Sur les douze titres que comportent "Shadowmaker", seulement quatre instrumentaux. Passé l'intro "I III V Seed Of Chaos" très courte, "Reign Of Fear" et "Till Death Do Us Part" sont des petits concentrés d'imagination et d'improvisation que nous avons le temps d'apprécier grâce à leur sept à huit minutes. Un délice ! A chaque nouvel album, les finlandais font un point pour savoir quelle influence musicale ils n'ont pas encore abordée. Aujourd'hui, c'est l'électro qui est mise en relief dans "Riot Light" qui reprend les dernières notes du morceau précédent avant de partir dans une course endiablée. Mais c'est sur "Dead Man's Eyes" que la fusion entre la voix et les violoncelles colle parfaitement : 9'42 d'un voyage au coeur d'Apocalyptica ! Le morceau se termine en reprenant quelques notes de "Cold Blood", comme une invitation à écouter l'album à nouveau.

Rendez-vous le 6 novembre au Zenith de Paris pour goûter en live à la nouvelle version d'Apocalyptica.

" Je vois déjà que nous pouvons en faire un autre (album) qui sera encore un cran au dessus ." ~ Eicca Toppinen

Mon TOP 5: Hole In My Soul, Reign of Fear, Cold Blood, Till Death Do Us Part, Slow Burn

Le site: http://www.apocalyptica.com/en/

Aidan N. LeFloch