Étant plutôt quelqu'un qui apprécie la voix de Cornell, au timbre immédiatement reconnaissable, magnifique et fédérateur et ce autant chez Soundgarden, Audioslave ou en solo, c'est pourtant avec une grosse réserve que j'aborde l'écoute de ce quatrième album solo. Oui, malgré un très bon retour de Soundgarden avec King Animal en 2012, on ne peut pas dire que la prestation du groupe et de son chanteur, plutôt distant, voire arrogant, au Hellfest 2014, pas plus que son incompréhensible précédent effort solo produit par le gourou du RnB Timbaland m'aient donné l'envie irrépressible de dévorer cette nouvelle galette.

C'est donc avec cette distance que je lance Higher Truth. Je sors de cette première écoute assez mitigé. Entre agréable surprise et sensation d'avoir écouté une succession de ballades plus ou moins intéressantes, mais satisfait par l'approche acoustique associée à une production de belle facture signée Brendan o' Brien.

C'est donc à l'issue de plusieurs écoutes plus ou moins attentives, en conduisant, que je finis par tomber sous le charme de ce très bon album qui, au final, tourne en boucle avec un plaisir non dissimulé. Ne pas se méprendre : il s'agit bel et bien, pour la plupart des titres, de ballades acoustiques aux arrangements divers et variés, un peu comme une suite logique, en plus posée, à Euphoria morning sorti il y a quinze ans, donc entendre par là que les grosses guitares saturées et dissonantes n'ont pas été invitées. La production est moderne, parfois trop léchée, c'est vrai. On y trouve des cordes, du piano, de l'harmonica et autres, toujours soutenus par la présence d'une guitare acoustique pour permettre à Cornell de poser sa voix avec classe et virtuosité.

Au programme, donc : quinze chansons dans un registre folk pop qui font la part belle aux mélodies suaves, enivrantes, voire sincèrement sirupeuses. Higher Truth, avec ses multiples références, nous rappelle donc autant Into the wild de son pote Vedder, mais aussi Neil Young, Springsteen, Sinatra, Johnny Cash, The Beatles, ou encore Robert Plant, par rapport à certains arrangements ethniques.

Cornell, la cinquantaine juste passée, semble poursuivre sa carrière comme son aîné, c'est à dire avec une liberté de création sans frontière, même si cela peut parfois être déroutant, comme avec Scream, son troisième album solo.

Titres à écouter : tous, si vous êtes sensibles à ces sonorités, sinon aucun, dans le sens où l'album existe dans une sincère cohérence.

Le site : http://chriscornell.com

Vic de Sable