Ecoute ULTRAROCK en live sur ton ordi
ou sur les ondes de la radio RGB 99.2
Ecoute les émissions en Replay !






EUROPE "War Of Kings"


 



E U R O P E

War Of Kings

Udr Music

Le genre : « let the good times roll »

Les suédois les plus « tintintin-tin, tintintintintin » du monde évoluent en 2015 dans un registre plus bluesy que metal, pour le plus grand plaisir des fans des années 70, tant le son évoque ici l'ombre des géants du hard rock, de Purple au dirigeable, en passant par Thin Lizzy et U.F.O., se référant au british blues boom des années 60 et au rock progressif. Bref, de bout en bout, cet album fleure bon les influences musicales qui fondent Europe.

A la première écoute de ce dixième album studio, je crois entendre des compositions du tandem Tempest/Michaelli saupoudrées du toucher blues de Norum. Serions-nous dans une configuration proche de celle de l'album précédent (Bag of Bones) ? Apparemment (dixit la conférence de presse et le site du groupe), tout le monde a contribué à l'écriture et c'est surtout le travail de production qui est mis en avant par un Joey pas peu fier d'une galette enregistrée en quinze jours (dans une DeLorean ?) et sonnant «  oldies but goldies  ».

De prime abord, pas de tube évident mais des titres richement et finement arrangés, traités de manière old school , mettant en avant l'orgue Hammond B3, une disto' grade très typée 70's et sur lesquels le timbre de Tempest fait des merveilles. Je trouve cependant qu'il commence à faiblir un peu dans les aigus et gagnerait parfois à poser un peu plus les choses : certaines intonations à la Ian Gillan sont remarquables, qui s'estompent pour révéler des tonalités chaudes plus intéressantes lorsqu'arrivent les graves.

Le plus frappant (aïe !) c'est la thématique musicale très rétro-active, la production de Dave Cobb (Rival Sons) y étant pour beaucoup. Les fans de la première heure (dont je fais partie) en seront pour leurs frais : loin des envolées lyriques heavy speed de Europe et Wings of Tomorrow, on est dans la lignée, âpre et bleue sombre, du Start From The Dark de 2004. On perçoit distinctement l'envie des musiciens de revenir aux fondamentaux de leur jeunesse d'artistes. Rappelons qu'Europe a été nommé en hommage au made in Europe de Deep Purple (enregistré par la dream team Coverdale, Hugues, Blackmore, Lord, Paice)… Pour les vieux croûtons nostalgiques tels votre serviteur, c'est du pain béni (et une chance d'arrêter de se faire vanner : pour une fois qu'écouter Europe ne fera pas resurgir de pauvres clichés Polaroïds avec nos bonnes têtes de vainqueurs peroxydés, en veste à patches, bandanas et santiags !)

Auteurs d'albums légendaires, reconnus sur scène, les membres d'Europe n'ont plus rien à prouver et se permettent de truffer d'hommages leurs compos (sans plagiat) : quand de grands artistes, dotés d'une personnalité assumée, s'amusent avec les codes de leur style de prédilection. Ainsi, les quelques notes d'orgue introduisant The Second Day renvoient instantanément au No Quarter du Zep : quel flashback  ! Ne reculant devant rien, ils khasmirisent outrageusement un Rainbow Bridge au refrain plus-Purple-tu-meurs et au solo si blackmorien qu'il en serait presque une citation : leur synthèse absolue du hard rock ? Les suédois continuent d'affirmer leurs références musicales, qu'ils mettent en valeur par les arrangements et la production, employant successivement les cadors américains du revival 70's (passant de Kevin Shirley à Dave Cobb).

Les titres à retenir : War Of Kings qui ouvre l'album de façon à la fois sombre et lourde, Hole in my Pocket , boosté à la wha, un titre dans l'esprit du groupe depuis sa reformation, The Second Day (une vraie madeleine de Proust), Praise You , ambiance jazzy prenante, Nothin To Ya, rythme à la Stormbringer , California 405 et sa mélodie principale teintée de nostalgie, caractéristique de ce qu'écrit Tempest depuis 2004, Days of Rock'n'Roll (Thin Lizzy in the Jar !), Children Of The Mind , basse en avant, qui n'oublie pas Black Sabbath, Rainbow Bridge (titre évocateur dans ce contexte) qui unit les frères ennemis du hard (le triomphe du Mariage Pour Tous ?), l'instrumental final Vasastan , à forte influence Morsienne (Steve Morse, guitariste resté le plus longtemps en poste chez Purple, tiens…). J'ai cité dix titres sur douze ? Bah alors, sans commentaire…

  En conclusion, la bande à Tempest prouve une fois encore qu'elle sait magnifiquement allier énergie et mélodie, écrire des morceaux accessibles et taillés pour la scène, tout en soignant les détails d'arrangement. Evoquant Ian Gillan dans certaines lignes vocales, les orchestrations de Jon Lord, la section rythmique bien en avant, l'ombre du génie taciturne à la strato et en haut-de-forme planant sur presque tous les traits lead , cette cuvée 2015, Purplesque en diable, est un cadeau transgénérationnel propre à réveiller le papy rockeur qui sommeille en nous et apte à donner (terriblement) envie aux plus jeunes de découvrir d'où vient cette inspiration hard'n'heavy. Un disque à (s')offrir, donc ! Probablement une des galettes de l'année et pour votre serviteur, une entrée dans son Top 6.

Le site : www.europetheband.com

P.S.1. « Si Joey Tempest, c'est que tu as le nez trop près de sa bouche ! » Vanne récupérée auprès d'une groupie de l'époque hair métal… Désolé.

P.S.2. J'ai plus classe : « qui sème Levén récolte la Tempest. » Vanne récupérée dans l'almanach Vermot.

Bouteil Bout

Toute l'année, nous recherchons des chroniqueurs ou des chroniqueuses.
C'est bénévole, c'est en français :), c'est du temps et de la rigueur.

contact : ultrarockcontact@free.fr
© essgraphics 2011