Allez, j'y vais franco : Marilyn Manson a toujours su nous pondre deux-trois hymnes imparables agrémentés de vérités provocatrices sur chacun de ses albums mais n'a jamais vraiment réussi à nous tenir en haleine d'un bout à l'autre de ses œuvres, mis à part peut-être sur « Mechanical Animals ».

Les derniers opus ayant vu le jour ces dernières années ne contrediront pas cette analyse, de plus que le monsieur était aussi occupé à développer sa carrière d'acteur dans les succulentes séries que sont Californication et Sons of Anarchy.

Et voilà que déboule « The pale emperor », en ce début d'année 2015, que j'aborde sans réserve mais non avec un enthousiasme débordant. En effet, je m'attends à adorer 2-3 titres bien ficelés aux refrains sans faille, soutenus par des rythmiques de guitares à la fois distordues et synthétiques, voilà tout.

Mais, contre toute attente : grosse claque dans la tête et, autant le dire tout de suite, cet album va probablement devenir culte ! Vous l'aurez donc compris, pour moi, « The pale Emperor » est un putain d'album de rock totalement abouti, juste et cohérent, de la première note à la dernière.

Alors, venons-en au contenu : Manson a gardé le meilleur de lui-même, sa voix, sa gouaille, ses textes acérés, son univers sombre et provocateur, mais l'esthétique globale a muté vers des sonorités plus pures et organiques. Cela est même un peu déroutant de prime abord : j'ai presque l'impression de m'être planté et d'avoir chargé dans le lecteur le dernier Queens of the Stone Age. Et oui, il y a beaucoup de blues, de retenue et de sobriété dans les arrangements, ce qui rend le tout extrêmement classe et direct. L'ossature des dix titres s'articule presque toujours autour d'une ligne de basse à la fois simple, percutante et mélodique, faisant corps avec une batterie habilement redondante. Ainsi, les arrangements de guitare sont justes et sobres, aucune note n'est superflue et les sons choisis très naturels et organiques et donc très éloignés des sonorités d'antan.

Dès lors, chaque titre tape dans le mille et permet à Manson de poser ses lignes vocales, là aussi, avec beaucoup de sobriété. Alors, est-ce l'album de la maturité ou une manière de revenir sur le devant de la scène en s'appropriant une esthétique naturelle très à la mode ? Après tout, on s'en fout : « The pale Emperor » est une vraie réussite artistique dans tous les sens du terme. Et, pour finir, comme on dit chez moi : « dans le cochon tout est bon » et dans cette galette aussi.

Le site : http://www.marilynmanson.com

Vic de Sable