Le voici, encore tout chaud, juste sorti du four brûlant de créativité du quintet déjà vingtagénaire No One Is Innocent à la sortie de leur sixième effort, et non des moindres : Propaganda .

L'escadron d'assaut mené de front par Keumar, s'agitant torse nu, comme à son habitude sur scène, n'a rien perdu de sa fougue et de son efficacité tant dans la composition de ce dernier album que dans l'énergie dépensée à le défendre. L'image d'un étendard du rock Français hissé haut et ce, jusque face à la marée humaine du Stade de France les 23 et 26 Mai dernier en première partie d'AC/DC…

Faisant suite à un Drugstore (2011) dont les sonorités (trop ?) électroniques avaient laissé certains aficionados sur le bord de la route, Propaganda nous claque le front et pas que, dès les premiers riffs de Charlie et nous rappelle ô combien No One Is Innocent est un groupe qui se démarque aussi et surtout par le fond : des textes ciselés au scalpel dont la lame, piquetée d'une actualité morose et redondante, taille dans le mou et tranche face à une scène rock tendant vers le conformisme.

No One pointe du doigt, dénonce et vocifère son engagement contre les grands sujets d'actualité que beaucoup d'autres préfèrent ignorer ( Djihad Propaganda , Putain si ça Revient, Drones …) et nous rappelle que nous avons encore des groupes à textes.

Avec Propaganda , No One revient guitares en avant sur les terres du bon rock qu'on lui connait avec un punch dans le fond comme dans la forme qui ne demande qu'à exploser en live !

L'album démarre sous les slogans des manifestations de Janvier dernier : « Nous sommes tous Charlie », « ça sent la poudre » musicalement comme lyriquement, l'étincelle est créée. Un sourire se lit sur les visages : on retrouve dès les premières notes un No One en grande forme, qui a la rage et qui passe le message. Kemar insuffle cette dose de hargne qui libère autant à l'écoute qu'à la reprise de paroles fortes « fiers d'être infidèles comme des chiens », « plutôt mourir debout que de vivre à genoux », » face à eux, faut faire front » … les évènements récents nourrissant hélas pleinement cette rage que Kemar sait si bien transmettre à l'image de Silencio , titre dédié aux espoirs déçus par la présidence Hollande.

Mon attention se porte particulièrement sur les textes puissants de Djihad Propaganda relatant et dénonçant ces esprits naïfs et contrôlés, en mal de repères et d'idéaux, partant en guerre au profit de croyances et de valeurs factices. Putain si ça Revient m'apparaît comme jouissif, levant un majeur désabusé face à des électeurs Front National qui n'ont pas compris où se trouve réellement le danger : « Les sales idées ont toujours faim, pour flatter les bas instincts ». Un régal. Impossible de ne pas mentionner Un nouveau Scottsboro faisant allusion à l'affaire du même nom, fratrie de neuf jeunes afro-américains, accusés à tort de viol, fautifs de leur simple couleur de peau. Dans un registre différent, 20 ans fleure bon l'hymne en live, vingt ans que les No One prêchent la bonne parole dans l'Hexagone, un bon morceau punchy et fédérateur qui clôturerait à merveille un live.

Propaganda , un album court (39 minutes) mais intense, tant par l'énergie de sa composition que par la finesse de ses textes, nous envoie cet uppercut attendu (pour ne pas dire désiré) dans le menton mais nous laisse un sentiment de pas assez, une envie d'aller retrouver les gars en live pour mesurer et confirmer l'intensité de l'ensemble sur scène.

No One Is Innocent, et pourvu que ça dure !

Le site : http://www.nooneisinnocent.net/

Simon