Clutch est sans conteste LE groupe de Stoner Rock par excellence, dont le nom à lui seul évoquera, à bon nombre d'entre vous, le son bluesy et rock des coins les plus reculés des États-Unis. Officiant depuis 1990 et nous ayant gratifiés jusqu'alors de dix albums exemplaires d'identité et de cohérence, nous voici ici au seuil de leur onzième album.

Et certes, Neil Fallon et sa bande se sont illustrés comme une référence du genre, mais qu'en est-il de l'endurance du groupe ? Qu'en est-il des suites prometteuses de l'album Earth Rocker sorti deux ans plus tôt et qui avait allié les fondamentaux du groupe à une vague plus actuelle ?

Aucun suspense inutile, soyez rassurés : Psychic Warfare est l'héritier décent d'une longue lignée, qui entre clairement en matière avec les deux excellents X-Ray Visions et Firebirds . Ces deux premiers morceaux vibrent d'une énergie unique, allant à l'essentiel, et représentant avec soin l'identité musicale du groupe. Un refrain crié et facile à scander pour le public, des riffs simples et entrainants, très peu de fioritures de composition, ou d'introduction : le but ici est la transmission directe d'énergie.

Les morceaux suivants abaissent le tempo mais n'amoindrissent pas l'énergie émise, laissant cependant un peu plus de place à l'instrumental, notamment par l'introduction à la basse de Sucker for the Witch ou la guitare de Your Love is Incarceration.

Au centre de l'album, le morceau Doom Saloon est une courte pause d'1m13s aux inspirations Western, savamment prolongée par Our Lady of Electric Light , reprenant le thème précédent en y ajoutant voix et percussions.
Je ne vous cache pas que ces deux morceaux m'inspirent la même gratitude que Gone Cold sur le dernier album, à savoir une pause musicale bienvenue au centre d'une énergie constante et parfois un peu usante sur la durée.

Ce n'est d'ailleurs pas l'introduction à la batterie de Noble Savage qui me contredira, puisque nous sommes ensuite repartis pour trois morceaux extrêmement rythmés et impulsifs. J'aurais à reprocher à ces morceaux une trop grande ressemblance avec un trop grand nombre des titres du groupe. Qu'il s'agisse ici d'un défaut ou d'une qualité, bien sûr, je vous en laisse seuls juges...
Personnellement, j'ai beau adorer Clutch et l'ensemble de son œuvre (en témoigne cette chronique), je déplore une certaine lassitude à écouter plusieurs de ses morceaux d'affilée.
Et si vous ressentez, comme moi, des difficultés à suivre le rythme du groupe en endurance, je ne peux cependant que vous conseiller l'expérience Clutch en live, où, à aucun moment, je n'ai ressenti cette sensation de linéarité et d'ennui.

Mais finissons maintenant l'écoute de cet album avec Son of Virginia , un morceau digne d'une bande originale de film ou de série ( Sons of Anarchy pour ne citer que l'exemple qui me vienne à son écoute.). Il s'agit ici d'un blues rock posé, relaxant au terme de l'album, et permettant au groupe d'imposer une nouvelle fois ses racines américaines à grands coups de guitares pincées, de voix grave et de cette sonorité Stoner dont lui seul semble avoir le secret.

Dans son ensemble, je dirais donc que Psychic Warfare s'inscrit dans la continuité de ses excellents prédécesseurs, offrant aux puristes une réconfortante sensation de fondamentalisme, et aux nouveaux venus l'opportunité de découvrir Clutch dans son plus simple appareil.
Je déplore, malgré tout, une sensation routinière ressortant de cette album car, sans être tombé dans la facilité, Clutch ayant trouvé son identité musicale presque immédiatement à la formation du groupe, il leur semble extrêmement difficile à ce jour de proposer un renouvèlement de leur registre.
Il est certes bon de se complaire dans ses acquis lorsque ceux-ci sont confortables et aussi efficaces que les leurs, mais en sera-t-il encore de même pour les vingt années à venir ?

Le site : https://www.facebook.com/Clutchband

Jordan