Ah l’Ukraine. C’est froid, c’est sombre, c’est plein de brouillard, ou du moins c’est l’idée qu’on s’en fait. Et quand on commence à écouter cet album, c’est exactement ce qu’on pense d’emblée.

D’ailleurs, mørk, ça veut dire sombre. Le groupe qualifie sa musique de « blackened black metal », bon sur le principe, je suis plutôt d’accord c’est vrai. Même si, dans l’ensemble, je trouve leurs compos plutôt mélodiques.

Nordwitch est un groupe récent puisqu’il a été fondé en 2015. Pourtant, tous ses musiciens sont expérimentés et ont déjà fait partie d’autres groupes. La pochette a été créée par l’artiste ukrainien Vyacheslav Smeshko et on sait, en jetant un œil à ce travail, que le projet est « so so dark ». Il évoque la mythologie nordique, comme on peut le voir avec les trois Nornes siégeant sombrement au niveau des racines d’Yggdrasil. Ces trois créatures, Urd, Verdandi et Skuld tirent l’eau du puits du destin et arrosent l’arbre Yggdrasil afin que ses branches ne pourrissent jamais. Elles sont super puissantes, ces Nornes. En fait, pour elles, même les dieux possèdent leur propre destin sans qu’ils ne puissent jamais l’apercevoir. En mythologie nordique, il existe un pouvoir qui dépasse les dieux et qui les rend mortels. Vous voyez donc venir les prophéties sombres là-dedans ? Les Nornes qui contrôlent une partie du destin des dieux nordiques ? On va dire que ça met légèrement mal à l’aise quand même.

Ne sent-on pas la puissance de ces créatures dans le chant guttural de Masha Crematorium, la frontwoman du groupe ? Il prend aux tripes, s’enrobe autour des instruments comme une main hostile et reflète parfaitement l’esprit de l’album. Aucune voix claire de tout l’album, et de toute façon, dans ce contexte, cela n’aurait servi à rien. Pourtant, les morceaux ne sont pas linéaires et répétitifs, loin s’en faut. Les huit titres sont bien différents et c’est tant mieux. On n’est pas perpétuellement assommés par la batterie – furieuse, on peut entendre des solos très mélodiques et techniques. L’ensemble est carré et bien construit et, pour un premier album, c’est déjà un bon point. Surtout que, dans le nuage de groupes de la même catégorie, Nordwitch réussit à asseoir sa place. Il n’y a pas de chichis, le groupe va directement au but, pas de faux semblants. Le message est clair : on vous attrape avec des riffs, on vous attache avec le chant et on vous pulvérise avec le rythme. C’est plutôt agréable, en fin de compte, quand on ne tergiverse pas, sans se sentir obligé de faire des ronds de jambes pour séduire.
A la brut de décoffrage, certes, mais en arrondissant certains angles.

Site : https://www.facebook.com/NordWitch

Xila