Le genre : (Grosse) Madeleine de Proust.

Attention les enfants ! Si vous n'avez pas connu les années 70, si vous n'êtes pas tombés dans la marmite du rock dans les années 80, biberonnés au son des Who, Faces, Led Zep et autres Deep Purple, alors il vous faut, en ce frisquet mois de février 2017, courir chez votre disquaire favori (ah bon, ça n'existe plus, les disquaires ?) afin de vous procurer le onzième effort studio des londoniens de Thunder !

Aujourd'hui de nombreux jeunots jouent la musique qui nous a vus naître au hard rock (hey ! je rappelle qu'Ultrarock fête ses 25 ans cette année !)... On nomme ça revival et je vous fais grâce de vous citer les tenants du genre...

Loin de tout revival , Thunder sort cet album (en CD, vinyl et... cassette... si, mon vieux !) susceptible de faire découvrir certains pionniers à la nouvelle génération. Dans la lignée du Wonder Days de 2015, qui s'attachait aux racines de leurs jeunes années, les musiciens anglais, dont on connaît les influences seventies depuis leurs débuts en 1989, nous livrent là un bijou.

Rip It Up, s'il se présente comme une sorte d'hommage aux chers disparus qui ont la fâcheuse tendance de se multiplier au Panthéon du Hard Rock All Of Fame (là aussi je vous fais grâce des noms), se révèle le témoignage d'un héritage non pas actualisé mais simplement vivant !

On y retrouve le talent de composition riffistico-mélodique d'un Luke Morley au mieux de sa forme, la voix rocailleuse et expressive de Danny Bowes (peut être un peu plus mixée en avant qu'avant...), le tout assis sur une section rythmique qui «  kick the ass  » (évidemment !) avec le solide et groovy Gary James aux fûts et Chris Child à la basse, sans oublier Ben Matthews à la seconde guitare et aux claviers.

Ce tour de force m'a immédiatement fait sauter sur mon clavier (et prendre conscience que j'ai un peu profité des fêtes de Noël... pauvre clavier) car il me fallait témoigner à mon tour. Oui, ce disque est indispensable, ne serait-ce que parce qu'il s'avère un parfait sésame pour entrer dans le monde du hard blues british qui chamboula la face du rock entre 1967 et 1971 (très bon cru).

En toute objectivité (si, si), ces musiciens, dont on perçoit le métier, sont au sommet, d'une justesse de composition et d'interprétation qui fleure bon la sincérité, bien plus raccords avec leurs racines qu'il y a vingt ans et pourtant tout aussi percutants. Dans un genre différent, Rip It Up est ainsi largement au niveau de l'excellent Behind Closed Doors sorti en 1995.

La liste des citations musicales est impressionnante mais ne verse jamais dans le plagiat. Amusez-vous, connaisseurs, à retrouver ces licks ou riffs qui vous ramèneront instantanément à votre propre vingtaine ! Et si vous êtes parents, servez-vous-en d'exemples ou de prétextes pour éduquer les esgourdes de vos (sales) mômes qui écoutent du R'n'B sans connaître James Brown !

Si vous êtes jeunes et que vous ne l'achetez pas, ne venez pas vous plaindre après d'être passés à-côté ! Si vous l'achetez, testez donc une écoute alternée avec A Nod Is As Good As a Wink... to a Blind Horse des Faces, Who's Next, Led Zep IV ou Fireball de Purple (ah ? que des albums de '71... Pas fait exprès...). Et appréciez : il ne s'agit pas d'un revival , ces mecs jouent la musique qu'ils vivent et cela s'entend.

Les titres à retenir : il est rare que, d'emblée, à la première écoute, tout un disque me paraisse accrocheur, intéressant et cohérent. Alors, probablement que cette sensation s'atténuera avec le temps mais je doute de le trouver un jour fade. Je préconise donc une écoute attentive de chaque titre. Ma préférence va aujourd'hui à No One Gets Out Alive ( The Song Remains The Same ...), au titre éponyme ( Jean Genie forever !), à She Likes Cocaïne (c'est mal... mais la Talk Box, c'est bon !), à la belle ballade Right From The Start , au remuant (!) Shakedown, au très bluesy In Another Life et au groovy The Chosen One .

En conclusion, ajouter quelque chose ne serait-il pas redondant ?

P.S. Ah ! Si : et hop, une entrée dans mon Top 6 2017 !

Le site : www.thunderonline.com

Bouteil Bout