CHRONIQUES      INTERVIEWS      LIVE REPORTS        AGENDA       EMISSION

    
c   h   r  o   n   i   q   u   e   s
 

 
DEVIN TOWNSEND Empath
HevyDevy Records

Un nouvel album solo pour Devin Townsend, c'est d'abord... un sacré mensonge dans un certain sens : il y a Devin, le génial musicien, à la barre, et dix-sept collaborateurs globaux ou ponctuels (dont du beau monde, Steve Vai vient s'amuser le temps d'un titre). On a affaire à une production ultra balaise, à la fois en terme de qualité que de quantité, sans être un orchestre intégral comme sur le Devin Townsend Project, dont l'ampleur se ressent, ne seraient-ce que par les chœurs et l'énergie, l'épaisseur du son habituel du canadien.

C'est ensuite un objet plutôt impressionnant avec l'édition de base, voire colossal avec l'édition limitée, ce qui est devenu un peu le standard avec ce monsieur, surdoué et bourreau de travail. Jugez plutôt : quinze titres, 74 minutes, c'est déjà assez honorable, six pistes de plus de cinq minutes dont une de onze, il y a de quoi faire. D'autant que, dans la construction de l'album, on peut distinguer en réalité deux albums, la deuxième portion étant composée d'une pièce en six parties intitulée "The Singularity", qui aurait très bien pu constituer un EP ultra solide en soi, mais non, c'est DEVIN "EFFING" TOWNSEND, le mec est simplement trop généreux, il ne peut pas séparer quelque chose s'il estime que ça manquerait. Ce serait déjà pas mal mais, dans l'édition limitée, vous rajoutez un album de "démos", vaste blague car les "chutes" de studio de Devin Townsend, c'est encore du caviar, sans compter que tout ça porte l'écoute totale à plus de deux heures (toujours des morceaux qui oscillent entre quatre et six minutes) et que la qualité est la même. LA MÊME.


Mais sinon c'est quoi Empath ? D'après wiki, le délire présent du sieur Townsend, c'était de rassembler dans un unique travail l'ensemble des styles, des genres musicaux qui composent sa discographie, pour faire ressentir la plus vaste palette d'émotions à ses auditeurs (d'où le titre). Après plusieurs écoutes du boulot, je pense que c'est à peu près juste, vu l'éclectisme des morceaux. La musique de Devin est généreuse, complexe, et chaque morceau pourrait faire l'objet d'une analyse détaillée mais là, plutôt qu'une chronique d'Ultrarock, il faudrait un livre pour en faire le tour. On passe d'un prog ambiant bien posé à du sympho, des ballades, du thrash, du speed, une valse (UNE VALSE !) et... tout ça tient debout. Et comme on ne s'ennuie jamais, il change de tempo et de gamme pendant les morceaux, parfois plusieurs fois dans le même.

Si je devais critiquer un détail, je dirais que la force d'Empath est aussi sa faiblesse : un album de Devin c'est comme un repas de Noël, tout est succulent et délicieux, mais l'empilement des plats rend l'ensemble assez lourd pour l'estomac. Pas au point d'être indigeste mais, après tout ça, ça peut demander de se reposer un peu pour faire passer le tout. Rajoutez que, pour rester dans la métaphore culinaire, la musique de Devin, c'est comme un très bon vin de garde : il faut être connaisseur pour aimer. Pour un profane, ça va juste brûler un peu par où ça passe mais il lui sera difficile d'apprécier les nuances. Attention, il n'est pas question d'élitisme ici mais bien d'appétit, même si c'est excellent, je ne me le passerais pas tous les jours. L'écoute, si elle est agréable, n'est pas reposante.

Donc Devin a, encore une fois, fait du Devin, un dieu musicien parmi les hommes, son talent est gigantesque et le monde est à lui et, à nous, pauvres mortels, il nous donne le droit de l'arpenter.

Le site : https://www.hevydevy.com/

Letho

  © essgraphics 2011