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MAMMOTH MAMMOTH Kreuzung
Napalm Records

Australie, en 2008, quatre types saoulés par la scène indie locale qu’ils qualifient de poseuse et… juste chiante à pleurer décident de faire du gros heavy/speed qui tabasse pour secouer l’apathie ambiante. Aujourd’hui, en 2019, il faut croire qu’ils ont trouvé un public pour ça, puisqu’avec ce Kreuzung on en arrive, mine de rien, au septième album, en onze ans, c’est plutôt pas mal.

On entend quoi dans ce disque ? Alors, quand je pense hard/heavy et Australie dans la même phrase, mon logiciel me sort automatiquement AC/DC ou, plus récemment, AIRBOURNE et, sur plusieurs titres, c’est plutôt vrai (« Wanted Man »), même s’ils arrivent à s’en détacher. D’ailleurs, le premier titre «I’m Ready » lorgnerait plus sur du MOTÖRHEAD avec son côté speed revendiqué. En parlant du groupe du regretté Lemmy, le chanteur de MAMMOTH MAMMOTH, Mikey Tucker, s’en sort à peu près pareil au chant, à savoir : voix pourrie et rarement juste, tessiture plus étriquée qu’un sablier, la performance vocale est techniquement naze… Mais ce n’est pas grave, car c’est là que le live prend le relais. Le mec chante mal, mais fout le feu sur scène, ce que ne rend pas votre galette de plastique (ou votre fichier MP3, vous avez saisi l’idée). En fait, je préfère quand il arrête carrément de chanter pour de la pure scansion (je n’avais pas placé ce mot depuis mon bac de latin), comme sur le titre « Mad World », une espèce de punkabilly complètement déjanté qui déboîte.

Bon, ceci dit, à la première écoute, vous arrivez au quatrième morceau et, pour l’instant, c’est bof. Pas mauvais, mais déjà entendu ailleurs et en mieux. C’est un peu le syndrome AC/DC : c’est toujours bien… Mais c’est toujours la même chose. Arrive le morceau éponyme « Kreuzung », et partant de là, on a l’impression d’une montée en puissance de l’album à chaque titre, comme si tous les précédents n’étaient que de l’échauffement (bonn d’accord, quatre morceaux, c’est un peu long pour commencer à décoller).

Dit autrement : ce disque est un diesel dont les quatre premiers titres sont les bougies. A partir de là, ce « Kreuzung » commence à montrer son jeu avec une marche bien marquée, quasi martiale. Mais on n’y est pas encore car, bien que j’aime beaucoup ce morceau, il sonne furieusement comme une resucée de ROB ZOMBIE (je n’ai plus le titre en tête, par contre), ce qui m’empêche de l’apprécier autant que je le pourrais. Mais ce n’est (encore) pas grave car, derrière, c’est morceau de bravoure sur tranche de badassitude et son coulis de fun qui se déguste à fond dans la Clio (oui, je n’ai pas le budget pour la Ford Mustang ni le permis pour la Harley).

En termes de son, c’est la formule quatuor standard, chant/guitare/basse/batterie, pas de fioriture trop complexe, et la guitare a de la place pour s’exprimer, que ce soit par du riffing efficace (« Tear It Down ») ou du solo d’anthologie. Marco Gennaro est très propre dans son exécution et fait plaisir à écouter. Mention spéciale au titre de clôture, « God’s Gonna Hate Me », qui nous fait le coup du « Freebird » de LYNYRD SKYNYRD, avec un long solo héroïque final qui, je suspecte, permettrait aussi le remplissage de temps si le set était trop court. Mais attention, ne croyez pas qu’il ne soit qu’un bouche-trou, non non non, ma p’tite dame, il se déguste sans modération d’un bout à l’autre avec plaisir.

Au total on a onze titres et quarante minutes de heavy bien énervé. Et ce sont bien quarante minutes, n’espérez pas une petite ballade tranquille pour vous reposer. Le titre « Tonight » vous fait la blague avant de s’exciter au bout de trente secondes. D’habitude, j’aurais tendance à me plaindre que sous les trois quarts d’heure, c’est trop court, mais dans ce genre de métal assez usant bien qu’agréable, c’est une bonne durée.

Mine de rien, je me suis suffisamment étalé, alors bien ou pas ? Oui, même si long à démarrer. Votre dose d’heavy qui décrasse les oreilles pour notre plus grand plaisir.

Le site : mammothmammothofficial.com


Letho


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