Bon, parlons troisième âge. Parlons vieilles carnes. Parlons vieillesse. Bon mettons simplement ceux qui sont jeunes depuis plus longtemps que nous (oui, votre serviteur estime encore qu'il ne fait pas partie de cette catégorie).
Alors quoi, les vieux schnock ? Disons que , dans un métier qui est à la fois artistique, mais aussi sportif, consistant à répéter des heures durant, faire des tournées exténuantes, bouffer, boire, baiser, se dro... profiter de ce que la vie a à offrir, généralement , pour le rock et le métal, trois cas de figure se présentent. Premier cas : bah tu meurs jeune. Genre beaucoup trop jeune, parfois t'a s même pas l'âge du club des 27, je ne les citerai pas, je ne suis pas sûr d'avoir le niveau en nécromancie pour gérer tant d'esprits si puissants. Deuxième cas : tu meurs pas, mais... t'es tellement dans un sale état (gros, alcoolique, dépressif, séropositif, ruiné, addict, ou juste... nul et chiant), que tu te dis que t'aurai s d û envisager la retraite et arrêter plus tôt.
Mais , même s'il est plutôt rare, il existe aussi le cas de figure des piliers, que dis-je ? des monuments, qui jouent toujours depuis plusieurs vies de mecs du club précédent et qui restent correct s et sympathiques (coucou ZZtop) quand ce n'est pas carrément excellent s .
Et cet album d'Anvil déboîte. Pour la dernière itération d'une discographie longue comme l e bras, on pourrait s'attendre à un produit générique. Alors , peut-être l'est-il pour les vrais fans (ceux qui connaissaient le groupe AVANT le film Anvil ! The story of Anvil ou... les allemands, seul pays où leurs albums se vendaient bien pendant longtemps, intéressant quand on sait que le groupe est initialement canadien), pour moi qui confesse être un néophyte dans l'univers de L'ENCLUME, j'ai adoré cet album. Et tout ça par des mecs qui ont la soixantaine. Je vais finir par croire que c'est le meilleur âge pour le métal, comme Rob Alford de JUDAS PRIEST.
Déjà , le titre annonce la couleur : "LEGAL AT LAST", avec le gros bong bien dans ta face, on fonce et on ne s'arrête pour personne. Après , c'est une palanquée de tubes bien nerveux et massifs, sans être pachydermique s , avec de changements d'ambiance entre du speed que ne renierait pas Dieu (je veux dire Lemmy Kilmister de Motörhead, pour les infidèles) comme Chemtrails, du mid-tempo bien groovy où on peut headbanger tranquille sans se faire un torticolis après deux mesures (Nabbed in Nebraska) et du heavy bien épais , voire doomisant , lorgnant vers le BLACK SABBAT , voire le CANDLEMASS (Gasoline), permettant de reposer la tête avec un lento bien lancinant. Y'a même un morceau concernant le dialogue politique en France : Talking to the Wall. Non je déconne. C'est pas QUE en France.
On est sur des tubes, de s refrains très solides, des hymnes, des trucs faits pour être répétés par la foule pendant que le chanteur se fait une petite pause. La guitare de Lips est toujours très propre , sans être ultra technique, avec des solis sympa à la portée de quiconque veut les bosser sérieusement, de même que le chant. A l'écoute , on ne se rend pas compte qu'il n'y a que trois gars qui jouent. Et tant pis si deux ou trois morceaux font un peu redite (Plastic in Paradise ressemble pas mal à Gasoline, Chemtrails utilise la même gamme et le même tempo que le Legal At Last), ç a s'écoute , malgré tout , tout seul.
Encore un album super en ce début d'année 2020. Quand j'entend s des gens dire que la musique, c'était mieux avant, je me dis qu'ils ne lisent pas assez de chroniques Ultrarock. Bien sûr, on n' est pas sur une réinvention de la musique, mais bien sur de l'efficacité. Mais c'est justement l'intérêt : après m'être retourné le cerveau sur un TOOL qui change plus souvent de mesures dans un morceau qu'il n'y a de signes dans cette chronique, je me passe ANVIL et j'ai un bonheur simple et immédiat, comme une bonne I.P.A. avec un saucisson au beaufort avec vos potes dans un pub qui sait écouter de la bonne musique.
Profitez-en tant que c'est légal.
Le site : https://www.facebook.com/anvilmetal/
Romain Tortevoix
