Pour ceux qui ne connaissent pas encore le groupe, il est difficile de présenter et résumer AVATAR en quelques mots tellement ses multiples facettes et personnalités feraient pâlir un schizophrène. Cet hybride, à la fois groupe de metal et freakshow, ne cesse de conquérir un public de plus en plus important. Tel un rouleau compresseur écrasant tout sur son passage, la précédente tournée sous la bannière d'« Avatar Country » est couronnée de succès.
C'est donc très attendue au tournant que la formation suédoise nous propose « Hunter Gatherer » et la tâche de sortir un nouvel album lorsque le précédent connait un tel triomphe n'est pas facile.
Les singles « Silence In The Age Of Apes », « God Of Sick Dreams » et « Colossus » laissent présager un contenu aux antipodes des précédents albums. Le ton relativement « léger » d'« Avatar Country » ne transparaît plus, nous sommes dans un contexte bien plus lourd, bien plus noir.
Alors, que vaut vraiment cette nouvelle bizarrerie musicale ? Décryptage.
Des trois singles proposés, « Colossus » s'annonce comme le leader : puissant, profond, mystique, il en est presque dérangeant. Le clip vidéo ne laisse d'ailleurs pas indifférent non plus, dénonçant les monstruosités humaines commises au nom de la sacro-sainte technologie. Marquant.
« Scream Until You Wake » et « Child » sont sûrement celles qui se rapprochent le plus de ce que le groupe a pu proposer auparavant, avec un chant clair entêtant, des riffs puissants et un scream convaincant, et le côté un peu « théâtral » est présent sur « Child », un combo gagnant qui a fait ses preuves.
« Justice » va te donner l’occasion de te rompre les cervicales dès le début mais le son est plus américanisé qu'à l'accoutumée, avec des aspects qui ne sont pas sans rappeler Slipknot. Ce n'est pas vraiment un hasard si le groupe a de nouveau fait appel à Jay Ruston à la production, puisqu'il est le producteur de... ? Slipknot et Stone Sour ! Coïncidence ? Pas vraiment, puisque « Secret Door » propose carrément un featuring avec ni plus ni moins que Corey Taylor. Pas la meilleure de l'album, mais elle a le mérite d'exister.
« Gun » est un sacré parti pris puisque c'est une ballade au piano qui est proposée. Pas inintéressante, mais le chant de Johannes ne fait pas spécialement la part belle à ses talents de vocaliste, bien plus impressionnants sur un titre tel que « Tower », par exemple.
On approche de la fin de l'écoute avec « When All But Force Has Failed », la chanson la plus dynamique de tout l'album. Hyper rapide, avec un chant très saccadé et un John à la batterie qui doit bien s'amuser, cette chanson est une pile électrique, ça fuse de partout. Elle aura certainement pour effet de réveiller les foules, peut être un peu assoupies après « Gun ».
« Wormhole » vient conclure « Hunter Gatherer », la rythmique dissonante du début fait l'effet d'une bombe, notamment couplée au scream de Johannes. Puis le rythme s'alourdit, avec un effet de pesanteur avant de repartir de plus belle. C'est le véritable OVNI de l'album, et ça tombe bien, puisqu'il est question de « trou de ver », donc on reste dans le thème espace/univers. Une façon assez étrange de mettre fin à l'album mais, après tout, pourquoi pas.
Quel bilan en tirer ?
On peut saluer l'effort d'avoir voulu proposer quelque chose de plus sérieux, plus instruit. Cependant, on perd également le charme du côté « freakshow » et théâtral qui fait d'AVATAR un groupe unique. Les mélodies sont aussi moins présentes et moins percutantes, contrairement à l'intensification de la violence et noirceur rythmique. Le son est un poil trop lissé et aseptisé, on ressent ce côté production à l'américaine qui tire presque davantage sur du metalcore.
Il me tarde néanmoins de voir le groupe en concert afin d'apprécier l'univers visuel associé à « Hunter Gatherer », car c'est à n'en point douter que nous allons en prendre plein les mirettes ! L'aspect scénique étant l'un des points forts d'AVATAR, il sera plus aisé d'apprécier cet album probablement. Affaire à suivre donc !