Allons donc nous réchauffer près du FEUDEJOIE dans la langue de Molière, en espérant que ça n'en soit pas trop (du réchauffé). Groupe allemand aussi prolifique qu'ancien (dès 1972 sous le nom de CACUMEN), la liste de se s albums (ici son dix-septième) n'est dépassée que par celle de se s changements de line-up, donc non je ne vous ferai pas tout l'historique du groupe, ça je le garde pour la sortie de mon livre sur le Métal Germanique, dès que... j 'aurai commencé à l'écrire.
Pour la faire courte, cette Poignée de Feu est leur dernier projet depuis Temple of Lies en 2018 (si on excepte Legends, un double album - quand même - de reprise s , la même année, et le live de leur prestation au Wacken 2018). Au programme, du heavy tendance hard FM, donc des tubes bien calibrés qui rentrent facilement en tête et y restent, avec un aspect mélodique très marqué, parfois un peu kitsch guimauve, mais , en ce qui me concerne, c'est une démarche qui a toute ma sympathie, que voulez-vous je suis un homme simple. Sinon, même si le groupe est initialement allemand, ils appliquent la méthode SCORPION S : "on chante en anglais pour toucher plus de monde", démarche tout à fait légitime.
Du groupe original ne reste que le fondateur, Hans Ziller, guitariste principal, les quatre autres musiciens actuels étant arrivé s courant 2015. On alterne entre du riffing efficace de heavy/power imposant, mid-tempo, des ballades épiques et quelques instrumentaux d'inspirations diverses, suffisamment appuyées pour être reconnaissables et suffisamment travaillées pour ne pas tomber dans le plagiat. Les guitares sont bonnes et bien différenciées, rien à dire sur le mixage, le chant est top. Que ce soit la voix belle et claire de Alexx Stahl, super à l'aise dans le registre alto/soprano, ou les choeurs de l'ensemble du groupe qui offrent une belle force sur certaines pièces, proches de ce que peut faire SABATON dans un registre un peu plus martial.
Dans le genre catchy, ne pas fredonner le refrain de "The Devil Made Me Do It" me demande un réel effort physique de concentration. "When an Old Man Cries" sonne furieusement "Nothing Else Matters" avec son intro guitare solo en chorus (bien qu' à deux temps), ce qui n'est pas forcément une qualité en soi ( non , je ne suis pas fan de METALLICA, j'ai mes fêlures), mais réussit à se démarquer pour en faire une ballade en puissance qui fonctionne plein pots, le chant en choeur y étant pour beaucoup, d'ailleurs les mecs en étaient tellement contents qu'ils en remettent une version acoustique en piste de clôture d'album. La chanson "Warrior" est peut-être un des pots-pourris les plus géniaux de ces dernières années, mélange improbable entre "Living on a Prayer" de BON JOVI et du VAN HALEN période 1984. "Breaking Out" , c'est pareil, ça déboîte, mais clairement ça me fait penser à un autre titre, même si cette fois je sèche, je n'arrive pas à remettre le doigt dessus. Quan t au titre éponyme, "Fistful of Fire", il a une vibe tout à fait "Eye of the Tiger", et j'imagine bien Sylveste r taper dans la viande avec ce thème en lieu et place du standard de SURVIVOR.
C'est le moment où je cesse d'être dithyrambique (au scrabble vous me direz merci) et où je chafouine un peu : certains morceaux font un peu plus faibles, un peu moins inspirés... D'autres je les aime bien, mais clairement le riffing se ressemble beaucoup, genre "Ride The Blade" et "Fire and Ice". Ces menus défauts sont, je pense, inhérents au genre hard fm, à savoir quand on vise l'efficacité et la simplicité, on se limite un peu en termes de structures et la redite devient un danger plus fréquent. Après , ça n'en rend l'exercice de variation que plus intéressant et , au final , je trouve que BONFIRE s'en sort remarquablement bien.
Au rayon des curiosités, vous avez trois instrumentaux sous les deux minutes qui servent d'intro, de pont de deuxième tiers et troisième tiers d'albums, somme toute assez sympathiques et qui permettent à la guitare de se défouler un peu et démontrer qu'elle sait faire des choses un peu plus dans la technique pure.
En conclusion, c'est peut-être du metal dont votre mère pourrait dire "ha tiens je connais ça j'aime bien !", et peut-être que vous feriez bien de ne pas la détomper, en tout cas pas tout de suite, attendez de lui faire tout écouter pour lui révéler qu ' aujourd'hui , on fait toujours de la bonne musique un peu partout.
Enfin , de toute façon , vous écoutez déjà Ultrarock, donc je prêche des convertis.
Le site : http://bonfire.de
Romain Tortevoix
