On associe souvent des goûts à des moments, des instants, des saisons ou des périodes de l'année. Dans le cas des beaux jours et de l'été qui se profile...je vous propose un truc totalement hors saison, très gras, plutôt un truc avec lequel une marmotte se gaverait pour pouvoir passer l'hiver : CROWBAR, du sludge bien épais, pesant et lourd à souhait pour vous rester sur le bide.

Normalement, c'est le genre de chose qui sert aussi à se bousculer légèrement entre amateurs fifrelins de contacts taquins d'avant-scène. Pogoter, bagarre et nez cassé, c'est ça. Parce que c'est du sludge, oui, mais la version énervée mélangée à du hardcore. CROWBAR, c'est un groupe de la Nouvelle Orléans, actif depuis 1991 et avec autant d'albums que de changements de line-up, dont la principale constante est le chanteur/guitariste Kirk Windstein, qui vomit plus qu'il ne chante ses paroles, tout en restant compréhensible, on s'y fait plutôt bien assez vite.

"Setlist Classics", c'est un vinyle édition limitée, une compilation courant sur toute la carrière du groupe et permettant de se faire un avis rapide sur l'évolution de son son. Cet avis rapide, je vous le donne : le mixage est peut-être un peu plus propre sur les derniers titres, mais le son et les compositions du début des années 90 sont très proches de ceux des albums plus récents. Sans tomber dans la redite, CROWBAR a trouvé son créneau et a continué de le décliner sans nécessairement chercher à se réinventer. Un peu comme AC/DC qui fait toujours la même chose mais, bizarrement, c'est bien quand même.

Pour les fans curieux, ce 33 tours (disponibe à seulement 1000 exemplaires, donc magnez-vous) est composé de neuf titres pour trente-six minutes de sludge à bagarre, et comprend leurs standards les plus connus tels que "All I Had (I Gave)", "The Cemetery Angels" ou encore "Planets Collide", avec alternance de groove, de break, et de tranche épaisses de doom.

N'étant pas un fan du style au départ, j'ai apprécié malgré tout l'aspect groovy du tout, même si j'ai préféré les STONER KINGS dans le même genre, peut-être plus accessibles. Est-ce que je réécouterai ça avec plaisir ? Oui, mais avec parcimonie. C'est le genre de groupe pour casser des trucs, le genre d'album qui te fait sentir le besoin d'aller prendre une douche après l'écoute, pour enlever la sueur, le gras et la crasse de saturation dans les oreilles.

Je ne suis pas fan, cependant, des démarches de type « sortir un objet volontairement rare pour encourager les spéculations », donc je ne vous dirai pas tout le mal que j'en pense.

Le site : http://www.crowbarnola.com/

Romain Tortevoix