MUSHROOMHEAD A Wonderful Life

Napalm Records

 

 

Avant de démarrer cette chronique, je vous donne ma philosophie (restez, c'est pas trop long ni chiant. Je crois) : j'estime que, s'il est important de profiter au maximum des choses que l'on aime tant qu'on en a la possibilité raisonnable, il est tout aussi important de sortir, de temps à autre, de sa zone de confort, de se forcer un tout petit peu à aller vers quelque chose que, de prime abord, on n’aime pas, car on peut avoir des bonnes surprises et redécouvrir des pans culturels entiers de trésors insoupçonnés.

Des fois, ça ne marche pas (les avocats, je ne pourrai jamais avaler ça, rien que les laver ça me répugne), et bien tant pis, on n’insiste pas, ça ne dure pas longtemps et on passe à autre chose. Mais, quand ça marche, alors là, c'est un plaisir non dissimulé, un peu comme Noël avant l'heure, une galaxie de nouveautés qui s'offre à nous.

Mais, parfois, vous tombez dans l'entre-deux, comme cet album des MUSHROOMHEAD, A Wonderful Life. Un mélange de correct presque intéressant et de sans-saveur pas trop dégueulasse, certes, mais dont l'impact sera tellement négligeable dans l'appréciation du groupe ou du genre qu'il restera dans les limbes du "sympa mais oubliable", purgatoire de milliers d'albums condamnés à l'étiquette du "çaurait pu être bien".

Quatrième paragraphe et j'ai pas vraiment parlé du fond, allez Romain, on se réveille. De loin, on a soixante-et-onze minutes de musique réparties sur dix-sept titres (quatre sont des "bonus tracks), ce qui a l'air relativement généreux. Sauf que trois de ces titres sont des portions d'oeuvres de Mozart ("Requiem"/"Confutatis"/"Lacrimosa") qui s'intègrent de façon cohérente dans le reste de l'oeuvre, mais...si je veux écouter du Mozart, je préfère me remater Amadeus. Fin de la parenthèse.

La musique, donc : c'est un patchwork, à l'image de l'histoire mouvementée du groupe aux multiples changements de line-up (seul le batteur Steve Felton est là depuis le début), aux histoires de rivalité avec Slipknot (pour les masques, et parce que les fans parfois sont des cons, n'ayons pas peur des mots), et aux changements de genre musicaux. De fait, si je devais résumer le genre de l'album, c'est du ... métal, certes, un peu électro, un peu néo, un peu moderne, plutôt orienté FM avec ses titres autour de trois et quatre minutes couplets/refrains, légèrement indus, un peu MARILYN MANSONesque ou NINE INCH NAILSien dans l'esthétique visuelle de l'album et des clips, et dans le mixage sonore, en globalement moins sombre et glauque que double M ou Trent Reznor, et moins travaillé.

Quand je dis « moins travaillé », ce n'est pas forcément une critique négative, ça peut permettre une plus grande accessibilité, justement, quand on parlait de zone de confort au début de cette chronique (enfin surtout moi, si vous me répondez en lisant, sachez que je ne peux pas vous entendre). Donc ça peut vous satisfaire. Mais, en ce qui me concerne, ce manque de profondeur me laisse une impression plus mitigée, comme si j'avais fait un gros effort pour pas grand-chose.

Déception mise à part, je vais parler de ce qui me plaît un peu (pas au point de finir dans mon best-of de l'année, mais quand même) : le second single de cet album "The Heresy" est plutôt sympa et doté d'un clip malaisant au possible, très bien fait. "Madness Within" aussi, avec son petit côté "The Beautiful People" des années 2020. "Pulse" est une respiration agréable car il introduit une mélodie légère sur un mode mineur pendant quelques phrases, avec une voix en chant clair, offrant une parenthèse de fraîcheur. D'ailleurs, en parlant de voix, c'est peut-être ce que j'ai préféré de l'album. Elle est toujours compréhensible, divisée en portions de chant masculines/féminines, et les voix d'hommes sont parfois saturées, parfois claires, et pas toujours à fond, il y a un vrai boulot sur la nuance. Et ça, c'est bien.

En conclusion, c'était correct, mais pas convainquant. Si vous recherchez de l'Indus light et récent, ça peut faire l'affaire. Sinon, réécoutez des classiques, ce sera moins cher.

Le site : http://www.mushroomhead.com/

Romain Tortevoix



 

 
 
 
 

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