ARJEN ANTHONY LUCASSEN’S STAR ONE Revel In Time

Inside Out

 

Le précédent opus du géant hollandais du prog (dans tous les sens du terme), sous le projet Ayreon, est sorti il y a un peu moins de 18 mois et, comme d’habitude, le nouvel album est une forme de réaction au précédent.

Le projet Star One, dont cette production est le troisième effort, est l’approche plus directe, plus simpliste, de l’écriture pour Lucassen, là ou Ayreon est le mode “all inclusive” de son approche compositionnelle… sauf que simpliste, pour Arjen, n’est jamais réellement simple.

On reste dans du prog pur jus, influencé par la science-fiction, la narration, les ambiances variées, les structures évolutives, rien n’est réellement basique… Les inspirations vont d’Interstellar à Terminator, en passant par Groundhog Day (Un jour sans fin), Donnie Darko ou Back To The Future.

On notera quand-même une certaine convergence vers du Ayreon “classique” dans l’esprit et la couleur musicale, mais qui laisserait le côté plus soft et acoustique au vestiaire, car Star One est un projet plus axé heavy qu’Ayreon, dans son essence.

Originalité de l’œuvre proposée : les deux volumes offrent les mêmes titres mais chantés par des interprètes différents, le second volume étant composé des reference tracks initialement conçus comme des guides vocaux pour les interprètes définitifs de l’album. Et quels interprètes ! Arjen sait s’entourer, c’est de notoriété publique, mais il faut admettre que le line-up d’invités est tout bonnement phénoménal : Steve Vai, Michael Romeo, Roy Khan, Tony Martin, Floor et Irene Jansen, Damian Wilson, Marcela Bovio, Russell Allen, Joost Van Der Broek, ou encore Britney Slayes, Ross Jennings, Ron Thal, Jeff Scott Soto, Michael Mills, Joe Lynn Turner, et le retour d’Ed Warby derrière les futs, et j’en oublie forcément… autant vous dire qu’avec ce genre de distribution, pas intérêt à se louper sur les compositions…

Et pour ne pas laisser s’installer un faux suspense, disons-le tout de suite, l’album est absolument somptueux. Les compositions, le rythme plus heavy et intense, mais aussi les arrangements de voix, qui sont pourtant déjà énormes en général dans l’œuvre de Lucassen, sont simplement fantastiques. On se trouve en présence d’un spectacle sonore de très haute tenue, et j’utilise le mot spectacle à dessein car l’écriture est résolument visuelle et dépeint un univers graphique autant que sonore.

Chaque morceau est interprété avec énormément de conviction et de présence, chaque vocaliste apportant quelque chose d’unique et chaque composition étant clairement taillée pour coller aux choix des interprètes. Et c’est là que le choix de proposer deux performers différents pour chaque composition devient vraiment intéressant car, si les titres sont les mêmes, leurs ressentis sont différents selon le choix du vocaliste et il aurait été dommage de laisser ces versions “demo” passer à la trappe. On pourra même se surprendre à trouver les versions alternatives parfois au moins aussi intéressantes, ou un peu plus, que les versions finales présentes sur le volume 1.

L’album est précis, incisif, puissant, atmosphérique, visuel, narratif, dense, le mix est excellent et à aucun moment on ne risque l’ennui, pour peu qu’on soit réceptif à ce type de proposition musicale, un peu plus complexe et dense que la moyenne, et qui demande une écoute attentive pour en apprécier toutes les nuances et la profondeur et la densité du travail.

Tout est là, des synthés atmosphériques et mélodiques assez 70’s, aux polyrythmies, aux riffs heavy modernes, aux solos de guitare de niveau olympien par ce qui se fait quasiment de mieux au monde dans ce domaine, à des compositions créatives, progressives en diable mais jamais au détriment de leur efficacité, et une interprétation sans faille de vocalistes investis.

Le morceau de clôture de chaque opus “Lost Children of The Universe” est un résumé parfait de ce que propose l’ensemble de l’album et, si vous hésitez, c’est un bon moyen de tester la température. A noter qu’on y trouve, à mon sens, un des solos les plus inspirés de Steve Vai, totalement dans l’esprit de Passion & Warfare, et qui est un petit bijou de toucher et de lyrisme guitaristique.

J’y retourne pour ma dixième écoute. A mon sens, Arjen a défini une nouvelle branche du prog dont il détient la formule secrète. Ce garçon est un alchimiste et chaque nouvel album est une véritable pépite de métal précieux forgé dans son antre. Ne passez pas à côté de celle-ci.


Le site: https://www.arjenlucassen.com/
Chris



 
 
 
 

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