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A C K E R O N


Interview réalisée par Anighel (journaliste) – Agnès (live sketching)
 

Interview live sketching de Kamyar Majlessi (batterie) et Vincent Tempier (basse) du groupe ACKERON, afin d'échanger sur leur premier album Polarity , disponible depuis le 10/05/2018.

 

D'où vient le nom de votre groupe ? A-t-il un rapport avec le jeu vidéo ou bien le fleuve des Enfers dans la mythologie grecque, l'Achéron ?

Kamyar Majlessi : Et bien écoute, deuxième option ! C'est par rapport au fleuve mythique. Ca nous est venu comme ça. Tout simplement. On trouvait que ça sonnait bien. C'était assez punchy. La référence à la mythologie ne nous a pas déplu non plus. L'idée est venue à nous. Et on s'est dit qu'on allait s'appeler ACKERON. On a pensé à plusieurs choses avant, mais qui ne correspondaient pas à notre style de musique. Il y a tout un feeling autour du nom d'un groupe.


ACKERON s'est formé en 2012, après BLESSING SINS, qui était plus orienté deathcore. Comment avez-vous vécu cette transition ?

Kamyar Majlessi : C'est aussi une question d'époque. On a vraiment commencé avec BLESSING. Moi, j'ai rencontré d'ailleurs Adrien (Adrien Frézal), le guitariste lead d'ACKERON avec BLESSING SINS. On a fait la formation ensemble il y a dix ans, alors que la mouvance était beaucoup plus metalcore, beaucoup plus rentre-dedans. On a surfé là-dessus et c'était vraiment la zic qu'on aimait bien. On a ajouté quand même une petite touche sans que ce soit trop cliché. Parce qu'à l'époque, quand on a commencé BLESSING SINS, et c'est ce qui nous permettait aussi de faire des scènes, il y a beaucoup de groupes à Paris qui faisaient des choses assez similaires. Et nous voilà ! On venait quand même d'un background assez lourd niveau metal. On écoutait du black, du death, du rock, du progressif... Du coup, on a toujours apporté vraiment une touche différente. Sans que ce soit vraiment cliché metalcore.

Vincent Tempier : Je pense qu'on peut qualifier ça par du groove.

Kamyar Majlessi : C'est vrai que BLESSING, c'était du metalcore. Après, le changement s'est fait avec le changement de line-up. Une envie de s'exprimer autrement aussi.

Vincent Tempier : Et puis la maturité.

Kamyar Majlessi : Du coup, on a expérimenté certains trucs. On s'est dit : « Allez, on se libère ! On sait faire plein de choses, on les fait ! » C'est comme ça que s'est faite la formation.

Vincent Tempier : C'est comme ça qu'on est arrivés à mettre du saxo sur la musique. La personne l'a enregistré et nous a envoyé la piste. Et placé sur la musique comme ça de but en blanc, ça passait pas. Il y avait vraiment un équilibre à mettre. C'est très compliqué à mixer comme instrument sans que ce soit cliché. C'est très ample, ça prend beaucoup de place.

Kamyar Majlessi : Oui ! Et puis on kiffe le sax et on avait envie de mettre du sax. On a essayé de faire un truc qui se fond bien dans la musique, et qui était un peu progressif.

Vincent Tempier : On a fait en sorte que ça sonne pas 2013, lorsqu'on l'écoute maintenant. Que ça puisse bien vieillir.

Kamyar Majlessi : D'où le choix du son en fait. Typiquement, ce qui fait que l'album vieillit, c'est le style et le son. On a choisi de ne pas faire une drum qui est enregistrée vraiment comme dans les années 2000. La drum elle est organique, elle est acoustique. Les instruments, on a vraiment tenté de faire un truc naturel. Et quand on parle de metalcore justement, c'est vraiment le son de tous les groupes qui semble un peu le même.



Les critiques vous sentent réservés par rapport à la composition de votre son metal progressif expérimental. Et ressentent un fort potentiel créatif chez vous. Qu'en pensez-vous ?

Kamyar Majlessi : Déjà par rapport à cet album-là, on nous qualifie souvent d'expérimental et progressif. Alors que c'est pas forcément du prog' comme on l'entend. A côté, par contre, on a vraiment un projet prog' expérimental, plus rock, moins metal (LUNAR EXPERIMENTS https://fr-fr.facebook.com/lunarexperiments). Et là, vraiment, on est dans cette veine-là. Mais pour nous, au contraire, cet album était vraiment punchy. Il n'avait pas forcément des allures de prog', comme ce qu'on pouvait entendre en général, qui sont vraiment plus expérimentales, qui partent dans tous les sens. Après forcément on nous met un peu cette étiquette parce qu'on a mis du sax sur l'album. Et parce qu'on a aussi pas mal d'influences qui vont du blues au jazz. Mais bon, dès que t'ouvres un petit peu le metal, on dit que t'es un peu expérimental. Et pourtant, les vrais groupes d'expérimental diront qu'on n'est pas du prog'. Après, dans toutes les interviews qu'on a eues au sujet de l'album, on nous a dit : « Allez à fond dans ce truc-là ! » On n'a pas voulu se donner un style en particulier. On a eu envie de faire ce qu'on voulait, à cette période-là. Sans se dire : « On va faire du prog. metal ou du metalcore ! ». Car le prog' c'est pas ça ! Clairement ! On fait du rock prog' aujourd'hui avec LUNAR EXPERIMENTS, avec lequel on expérimente un peu plus. On ne se donne pas de limites en fait. Le noyau de la formation est le même, mais le style est complètement différent.

Vincent Tempier : Quand on a fait l'album, il n'était pas vraiment progressif. C'est vrai que suite à cet album qu'on a enregistré, avec le line-up qui s'était formé à l'époque, on a commencé à faire des morceaux beaucoup plus dans le sens prog' metal actuel : TESSERACT, TEXTURES. Plus dans cette veine-là. Le prog', prog' metal, c'est un peu un fourre-tout. C'est vrai qu'on écoute pas mal ça. Donc ça s'en ressent sur l'album. On y a mis de nous.
 

Polarity a été enregistré entre 2013 et 2014 au Drudenhaus Studio & Wildman Studio ; puis disponible le 10/05/2018. J'ai pu lire que cette période de gestation entre l'enregistrement et la production était due à divers autres projets. Quels sont-ils, si ce n'est pas indiscret ?

Kamyar Majlessi : Carrément ! On n'a pas du tout arrêté la zic, arrêté de barouder.

Vincent Tempier : Non, c'est la version officielle. Officieusement, ça a été enregistré en 1982. (Rires) On est arrivé à un moment où le croisement du truc faisait que chacun allait partir dans ses projets. On a préféré mettre de côté et aller dans les projets qui montaient en fait. Avec ACKERON, ça fait un moment qu'on attendait. Qu'on galérait pour avoir un chanteur. A faire des auditions. A ne faire que du studio, du studio, constamment, constamment, répéter, répéter, répéter. On faisait pas de scène. A un moment, fallait passer à autre chose. Et revenir plus tard sur ce projet avec du sang neuf. Quand on galère des années sans chanteur, on n'arrive pas à se remettre en question sur la musique en elle-même. A la construire correctement autour d'un chant. Parce que c'est ça la première chose que les gens écoutent, c'est le chant.

Kamyar Majlessi : Et on était sur LUNAR en même temps, enfin sur la fin. Et avec LUNAR, ça avançait beaucoup plus vite. On avait un line-up complet. On s'est dit : « Bon, on va pas sacrifier un projet ». Parce qu'ACKERON, c'est toujours d'actualité. Mais on va peut-être plus avancer avec LUNAR. Et puis, à côté, avec ACKERON, on a quand même pas mal de morceaux. On a de quoi faire des lives.

Vincent Tempier : On a quasiment un deuxième album de prêt, de côté, à enregistrer. C'est ce qu'on travaillait toutes ces années sans chanteur. On travaillait sur un deuxième album. On s'est dit : « On va avancer. On met ça de côté, on verra plus tard. »


De quelle manière travaillez-vous la structure de vos compositions ?

Vincent Tempier : D'abord la musique.

Kamyar Majlessi : C'est vrai qu'on avait vraiment composé à 95 % la musique sans chant. Et ensuite, Junior (Junior Rodriguez) nous a rejoints pour enregistrer l'album. Après plein d'essais avec d'autres chanteurs, c'est Junior qui a fait vraiment le taf, c'était évident. Et il a enregistré les parties super vite. Il y a vraiment eu un feeling. Et du coup, ça s'est fait super vite avec lui. Et c'est toujours beaucoup plus agréable d'avoir à temps plein un chanteur, qui est aussi musicien, qui t'aide à composer. Et là, du coup, ça s'est fait parfaitement.


Toujours en anglais ?

Kamyar Majlessi : Toujours en anglais, oui ! Moi, j'imaginais pas le metal en français. C'est pas du tout notre culture en fait.

Vincent Tempier : C'est pas du tout notre musique en fait. C'est pas le ressenti.

Kamyar Majlessi : Nous, on écoute du metal depuis vingt ans, du metal américain ou nordique... C'est que des chants en anglais. Ça sonne super bien. C'est du conditionnement aussi.

Vincent Tempier : Il y a très peu de groupes français qui sonnent bien. Et puis faut avoir une belle écriture aussi. Parce que le français, c'est pas facile. Raconter de belles choses. Sans que ce soit connoté ou cucul. C'est compliqué.

J'ai l'impression de retrouver dans Polarity des thèmes récurrents abordés avec BLESSING SINS. Est-ce que vous me le confirmez ?

Vincent Tempier : Oui ! Le compositeur principal reste le même. C'est Adrien, le guitariste. C'est lui qui écrit toutes les chansons. Il y a une continuité dans les mélodies également. Et l'histoire.

Kamyar Majlessi : C'est peut-être un concept d'album face A face B ! Je trouve pour le coup que BLESSING a beaucoup plus vieilli au niveau du son. La prod', c'est pas pareil. Et on n'a pas du tout mis le même effort pour réaliser les deux albums. Ils n'ont pas été enregistrés dans les mêmes conditions. ACKERON, on l'a enregistré dans de très beaux studios. Ouais, c'est chouette !


Quels sont vos projets pour ACKERON ?

Vincent Tempier : On est ouvert à tout en fait. Alexis, de Melancholia Records, est en discussion avec des tourneurs. Tout dépend des sollicitations qu'on va avoir. On veut défendre cette musique-là sur scène.

Kamyar Majlessi : Franchement, nous, on est avide de live. On adore ça ! Quel groupe de metal n'a pas envie d'en faire ?

Vincent Tempier : Ça donne une autre dimension autour du chant. Et là, on peut se dire : « Ce truc-là n'a pas très bien marché. Là, on peut peut-être faire ce truc-là comme ça. Des intro, etc. ». Tout dépend de ce que les musiciens dégagent aussi.


Comment envisagez-vous votre prochain album ?

Vincent Tempier : Les morceaux sont préproduits. On a une trame. Et les morceaux sont vraiment étonnants, en fait. Et du coup, on parle un peu plus de metal. Je pense que sur scène, ça rendra très bien. On verra s'il y a une suite à ce qu'il se passe actuellement.

Kamyar Majlessi : C'est excitant, parce qu'on ressort l'album d'il y a quatre ans, et on voit qu'il y a de l'engouement, que ça intéresse les gens ! Ça nous fait super plaisir ! On a fourni un gros taf dessus, et puis on n'avait pas délivré. C'est Alexis justement qui a tout pris en main. Et voilà, on l'a en main. On aime bien l'écouter encore aujourd'hui. On aime bien avoir l'avis des gens.

Vincent Tempier : J'étais plutôt frustré qu'il ne soit pas sorti.

Kamyar Majlessi : Maintenant, il nous manque l'aventure live.

Vincent Tempier : On est actuellement dans le process de booker les choses.

Kamyar Majlessi : Ouais, on essaie de renifler ce qu'il se passe. S'il y a un truc sympa. Une émulsion. Des gens qui sont intéressés pour nous faire tourner. Ça peut le faire, ouais !

Vincent Tempier : Ça reste une histoire de coup de cœur en fait.

Kamyar Majlessi : On a de la chance parce que dans ce style-là, le metal, c'est vraiment un style de passionnés. Ils vont fouiller. Pour ça, c'est chouette ! Et c'est pour ça qu'il y a autant d'engouement autour du groupe.


Que pensez-vous du concept de live sketching ?

Vincent Tempier : Je trouve ça cool !

Kamyar Majlessi : C'est trop bien ! En plus, le boulot est incroyable ! J'dis rien depuis tout à l'heure pour découvrir. Et du coup, tu en fais quoi après des dessins ?


S'il y en a un qui vous plaît particulièrement, et que vous souhaitez emporter un petit souvenir du moment, vous pouvez le conserver. Et les autres seront publiés afin d'illustrer l'interview d'aujourd'hui.

Vincent Tempier : Ce qui est fou, c'est la rapidité d'exécution !


Oui, tout à fait, c'est le concept. On fait du live !

Kamyar Majlessi : C'est très bien fait. On nous reconnaît très bien. C'est cool, merci !


Merci à vous ! Auriez-vous quelque chose à ajouter pour nos lecteurs d'ULTRAROCK ?

Kamyar Majlessi : On espère vraiment que vous kiffiez ce qu'on vous propose. Et on espère vous voir en live. Voilà ! Au plus grand des plaisirs !




Le site : https://www.facebook.com/AckeronBand

Anighel (journaliste) – Agnès (live sketching : https://www.instagram.com/agnesillustrations/)

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