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A M A R A N T H E

12 SEPTEMBRE 2014, PARIS



Je dois l'avouer, j'avais peur. Un peu. J'adore Amaranthe mais, sur les photos, Olof m'a toujours fait un peu flipper. Alors, quand j'ai su que j'allais me retrouver seule dans une petite pièce sans fenêtre isolée au fond de cet immense pub archi bruyant et que, s'il s'avérait que c'était en fait un assassin à la hache, personne ne m'entendrait crier et que vous ne liriez jamais cette interview, j'ai bien eu une légère montée d'adrénaline… Je n'aurais pas dû : c'est un gars adorable et tout à fait normal (pfff, mais bien sûr que je le savais…) qui s'est plus que volontiers prêté au jeu des questions-réponses, et en plus il fait vachement moins peur en vrai qu'en photo. Voici ce que nous vous proposons de découvrir au sujet du nouvel album d'Amaranthe tout fraichement sorti (21 octobre) MASSIVE ADDICTIVE.

Ultrarock : Tout d'abord quelles sont les principales évolutions entre cet album et le(s) précédent(s), par exemple, est-ce que l'arrivée d'Henrik a apporté quelque chose de nouveau ?

Olof Mörck  : Andy n'a jamais vraiment pris part à l‘écriture. C'est principalement moi, ainsi qu'Elize et Jake qui écrivons. Henrik n'a pas vraiment non plus écrit pour cet album mais il nous a clairement influencés indirectement dans le sens où son chant est très dynamique et que cela a nettement guidé l'écriture de certaines chansons, comme Danger Zone.

Quel est donc le processus d'écriture ?

J'ai l'habitude de poser la base des chansons. Riffs, basse, batterie… Je les amène ensuite à Elize et Jake pour qu'ils apportent leurs idées. Mais ça dépend aussi des titres. En général, j'apporte toutes les idées principales mais, par exemple, sur Drop Dead Cynical, c'est Elize qui a apporté la partie la plus importante de la chanson, qui a eu les idées pour écrire un refrain pareil. Si tu prends One Million Light Years, du premier album, Elize avait l'idée de la ligne vocale du couplet. Elle me l'a joué et je n'étais pas super convaincu la première fois que je l'ai écouté en fait. Et puis je me suis levé le lendemain et le premier truc que j'avais en tête c'était le riff de guitare que finalement j'ai composé sur la base de son idée. Jake avait aussi totalement écrit Burn With Me, par exemple… Donc il y a une certaine dynamique, je ne veux pas être un genre de dictateur ni le patron, mais bon, si j'ai les idées c'est cool, et si quelqu'un d'autre a les idées c'est cool aussi !

Peux-tu nous en dire un peu plus sur l'histoire que raconte cet album, de quoi parlent les chansons, y a-t-il un concept comme sur les précédents ?

Ce n'est pas un concept album dans le sens où il ne raconte pas une histoire d'un bout à l'autre comme les deux premiers albums avaient pu le faire. C'est quelque chose que nous voulions faire différemment sur cet album et c'est bien plus difficile d'écrire sur la réalité que de raconter une histoire inventée de toutes pièces. Cet album parle davantage d'expériences et d'émotions personnelles. Par exemple, la dernière chanson de l'album, Exhale, a été écrite par Jake et parle de devenir père, de ce que ça change dans son identité, il vient d'avoir une petite fille il y a quelques mois. Je trouve que c'est un très beau thème. Pour ma part j'ai écrit les paroles de Over And Done et ça parle évidemment de choses qui me sont arrivées dans le passé, etc… c'est un exercice assez difficile, finalement, et tu te dis que des millions de gens vont entendre des trucs personnels que tu as eu à traverser, c'est une chose assez forte ! Et puis tu te dis aussi que d'autres personnes vont se reconnaitre dans ta musique et c'est une très belle chose.

Est-ce que le titre Massive Addictive est un résumé de la musique d'Amaranthe, avec les rythmiques massives et le côté addictif des refrains, par exemple ?

C'est sans doute la question à laquelle il m'est le plus facile de répondre. Je dirais juste : « oui » ! Plus sérieusement, quand j'étais en train d'écrire le thème principal de ce morceau, les deux premiers mots qui me sont venus en tête étaient ceux-ci … « massive…addictive… » et, après, quand j'en ai parlé aux autres, même au label pour choisir le nom de l'album, tout le monde a adoré, c'était évident pour tous, comme tu l'as mentionné : un résumé de ce que nous sommes.

Encore une fois, dans cet album, on a plein de titres qui sont des hits en puissance comme Trinity, Massive Addictive ou Digital World, qui pourraient très bien être des singles. Pourquoi avoir choisi Drop Dead Cynical comme premier extrait, avec son côté un peu Marylin Manson ou Rammstein (même si je ne suis pas du tout fan des comparaisons), en tout cas assez différent de ce que vous aviez l'habitude de proposer et qui dénote un peu des autres titres de l'album ?

Juste pour revenir sur les comparaisons, en effet, on essaye toujours de te comparer ou de dire à quoi ça ressemble. Et, bien sûr, j'ai écouté ces groupes auxquels on fait référence, mais ce n'est pas comme si la démarche avait été de se dire « bon alors je vais faire un titre qui sonnera comme du Marylin Manson », mais c'est sûr qu'on est forcément influencés par ce qu'on écoute à un moment ou un autre. Mais la raison pour laquelle on l'a choisi, c'est que, quand on s'est posés pour écouter tout l'album, on se demandait quelles seraient les chansons qui plairaient le plus aux fans… et, en effet, quelques chansons émergeaient, celles que tu as citées notamment… Mais après avoir écouté l'album 25 fois, si ce n'est plus, Drop Dead Cynical était la seule chanson que nous avions encore envie d'entendre ! Ce n'est certes pas celle qui nous a le plus marqués au début, mais elle est vraiment différente et, du coup, c'est celle dont on se lasse le moins et c'est important, finalement. Tu mentionnais Trinity, qui est sans doute la plus similaire à ce que nous avons fait par le passé, on aurait pu la sortir en premier mais je pense que les gens se seraient dit « ok bon, ils deviennent prévisibles, ils ne prennent aucun risque ». C'est une des raisons, mais bien sûr on aime surtout beaucoup ce titre. Au risque de décevoir aussi peut être certaines personnes qui trouvent que c'est trop éloigné de titres comme The Nexus ou Hunger, mais finalement, les gens qui étaient un peu surpris ou moins réceptifs au début commencent à faire des retours plus positifs et nous disent que, quand on écoute vraiment les riffs et tout, ça sonne 100% Amaranthe quand-même. Mais on va aussi sortir Trinity, de toute façon ! Et je pense que c'est un bon équilibre, du coup : le premier très différent et le deuxième où l'on s'y retrouve davantage.

Y a-t-il une chanson qui te touche particulièrement sur cet album, en raison des paroles ou autre ?

Je pense surtout à Over And Done, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, qui fait référence à des choses très personnelles, mais c'est aussi la première, la seule, chanson que j'ai écrite complètement tout seul, à la base juste au piano.

Tu parles de compo au piano, justement, envisagez-vous de sortir un album avec des morceaux acoustiques ?

En fait…oui ! Alors, le but n'est pas que l'on prenne trois mois de studio pour enregistrer, mais on va peut-être essayer de faire une sorte de compilation de nos morceaux acoustiques car on en a déjà pas mal qui sont enregistrés. On a déjà eu des demandes en ce sens. En plus, pas mal de nos titres, la plupart en fait, partent toujours d'une simple version sur une guitare acoustique ou au piano. Finalement après, c'est plutôt facile de partir de là pour tout construire. On a aussi enregistré deux versions acoustiques pour cet album : Trinity et True. Donc ça doit nous faire en tout pas loin de 9 ou 10 titres déjà prêts en acoustique, assez pour un album, alors pourquoi pas !

Est-ce qu'Amaranthe est un boulot à plein temps pour tous ses membres ?

Non, en fait c'est un boulot à double-temps (rires) ! Oui on fait tous ça à plein temps excepté Johan qui bosse à mi-temps, quand on ne tourne pas. Mais, par exemple, Jake et moi on ne fait pas que composer et tourner : on s'occupe aussi beaucoup du business, de la prod et du management. Après, je pense que vivre de sa musique, ça devient de plus en plus dur…

En France, en tout cas, le problème vient aussi du fait que la musique Rock n'est pas du tout popularisée et donc très peu médiatisée. Alors je te parle pas du metal ! Au mieux les gens connaissent trois noms (Scorpions, Metallica et parfois Maiden, avec du bol…) et les assimilent à la même chose…alors qu'il y a plein de bons groupes qui mériteraient de sortir du lot…

Je vois ce que tu veux dire. Oui, c'est certain, en France vous avez pourtant de bons groupes, comme par exemple Gojira ou Scarve, mais en effet, si ça se trouve, ils sont plus connus en Suède qu'en France. Je pense que nous avons de la chance en Suède, mais il y a aussi plus de compétition, du coup. Si tu veux réussir, sur la scène metal suédoise, tu es face à des pointures (Evergrey, In Flames, Dark Tranquility, At The Gates…) et il y a beaucoup de monde. Pour être honnête d'ailleurs, je pense qu'Amaranthe n'existerait pas s'il n'y avait pas eu In Flames ou Dark Tranquility pour ouvrir la voie, avec lesquels on a grandi. On a la chance d'avoir une scène metal très importante en Suède, mais encore une fois, pour faire ça à plein temps et en vivre, je pense vraiment que c'est difficile partout et on a beaucoup de chance de pouvoir le faire. Même si, auparavant, j'ai quand-même vécu pendant huit ans en tant que musicien, j'avais deux groupes et je donnais des cours de guitare, évidemment, depuis 2-3 ans avec Amaranthe ça rend les choses plus simples.

D'aillleurs, tu continues avec Dragonland ?

Oui, en fait on ressort nos deux premiers albums qui n'étaient plus disponibles depuis longtemps, accompagnés de quelques bonus. On avait aussi sorti un album en 2012… je crois que c'est 2012… (ndlr : non, après vérifications c'est 2011. Raté. Cependant ce n'est pas bien grave) « Under The Grey Banner » et on travaille actuellement à sa suite. On va aussi jouer à Atlanta l'an prochain au Power Prog Festival US. On ne doit faire que deux ou trois concerts par an mais c'est super cool : on fait ça juste pour le plaisir, mais on adore ça !

Il nous reste peu de temps alors on va faire court… Est-ce que cet album va sortir en Vinyle ?

Oui ! t'as vu c'est rapide comme réponse en plus !

Bon, cette dernière ne sera peut-être pas aussi rapide, mais ton point de vue m'intéresse : en quelques mots, quelle est ton opinion sur le téléchargement illégal et ses éventuelles conséquences sur ta musique ?

Oui ! (rires) Ah, non, ça ne colle pas… ! En fait, c'est le sujet du morceau Digital World notamment : On vit dans un monde qui a totalement évolué au niveau des technologies et de l'accessibilité à presque tout. C'est une chose avec laquelle il faut désormais compter. D'ailleurs Amaranthe est un groupe né dans ce contexte et l'on n'y peut rien. Il y a des groupes plus anciens à qui cela fait peur et qui essayent de résister mais je pense que c'est trop tard et qu'on ne peut rien contre cela. Toute l'industrie de la musique a changé. Prends un mec comme Gene Simmons qui a dit que le rock'n'roll était mort car les gamins de 15 ans ne pourront jamais vivre de leur musique et devenir pro. Je pense qu'il a complètement tort. Le contexte a changé oui, et les moyens d'y arriver aussi. Mais aujourd'hui, l'opportunité qu'il faut saisir pour sortir quelque chose c'est justement utiliser le net pour se créer de la visibilité. Ce sera peut-être difficile de gagner des millions mais le but avant tout c'est d'être vu et entendu. Gene Simmons est sans doute l'un des musiciens les plus riches de ce milieu mais, pour ma part, je ne crois pas que ce soit ça le plus important, tant que tu aimes ce que tu fais et si tu arrives à en vivre, c'est ça qui est cool. Après, le téléchargement illégal n'est peut-être même plus vraiment un sujet parce que les musiciens eux-mêmes rendent désormais leur musique accessible via Spotify ou Youtube par exemple. On en est l'illustration : on n'existe que depuis 3 ans et on a vendu plus de 100 000 albums. Et, sans les réseaux sociaux, Spotify ou Youtube, et peut être même quelques téléchargements illégaux, on ne nous aurait sans doute même pas connus.

Je quitte Olof sur ces bonnes paroles, non sans avoir bien évidemment fait un petit selfie, plus que de rigueur dans ce contexte d'avancées technologiques et de réseaux sociaux !

Lulu


 





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