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Chronique de l'album
U.T.O.P.Y.S.
Interview du groupe ANGALYS réalisée par Max born le 15 mars :

A force de croiser sa charismatique chanteuse dans les conférences de presse où les évènements métal , Ultrarock s'est interessé au groupe Angalys afin de découvrir en quelques questions son univers :



Question bateau mais incontournable, qui sont les musiciens d'Angalys ?

Tout d'abord, Angalys ce sont 4 musiciens aux personnalités et goûts très différents les uns des autres. Berga (batterie) fan de Toto, est plutôt réservé en apparence mais loin d'être le dernier pour dire des conneries ; Tizzy (basse) c'est l'homme au chapeau du groupe, un mordu de Pantera (et de gros thrash metal qui tache en général…) ; Tiju (guitare) c'est notre « assurance people » : il est au courant de tout ce qui se passe au niveau de la scène actuelle en France, il a un super contact avec les gens, sort pas mal et véhicule l'image d'Angalys partout où il passe, il ne sort jamais sans ses flyers et c'est sûrement lui dont les influences se rapprochent le plus de ce qu'on joue. Pour ma part, et bien je suis le quota féminin du groupe (!) et la dernière arrivée (en 2005). Je suis très exigeante en ce qui concerne le travail du groupe et j'ai des goûts musicaux, pour le moins qu'on puisse dire, éclectiques (Dire Straits, André Matos, Evanescence, Emilie Simon, Papa Roach…) ce qui fait qu'être la chanteuse d'Angalys n'était pour moi ni une surprise ni une évidence, mais simplement un poste qui me convient tout à fait !


Des titres de cet album sont déjà présents sur votre démo précédente, pourquoi les avoir inclus à nouveau ?

La première démo (« j'avance », sortie début 2006) bien qu'ayant reçu un bon accueil et de bonnes critiques de la part des quelques structures (radios, webzines, organisateurs de concerts…) à qui nous l'avions adressée, avait été enregistrée en 4ème vitesse et sans compter sur personne d'autre que nous-mêmes. Mais nous étions fin 2005 et venions à peine de nous trouver au complet, nous n'avions donc pas envisagé d'enregistrer quelque chose si rapidement. Nous avons un peu précipité les choses pour les besoins de la société de prod qui voulait entendre ce qu'on faisait avant de nous permettre de faire la 1ère partie d'Anggun (ce qui semble normal). Il se trouve que nous ne sommes équipés ni techniquement ni humainement comme des ingés son professionnels et que, forcément ça s'entendait… ! Néanmoins, si le son et les arrangements n'étaient certes pas assez murs et travaillés, le potentiel des morceaux était là et on avait envie d'en faire vraiment quelque chose. Aussi, pour mettre en place nos idées muries, certains titres ont nécessité un réenregistrement total (« tant pis » ; « punkette ») et d'autres ont été simplement remasterisés , on a retravaillé sur les anciennes bandes en y ajoutant des guitares par-ci par-là, quelques voix, arrangements électros… (« encore », « no flowers »…).


Comment s'est déroulé l'enregistrement de ces nouveaux titres ?


Mal (rires)! Mais ça aurait pu être pire… ! Non, je plaisante, avec le recul on peut dire que ça s'est plutôt bien passé et surtout que nous avons eu la chance d'être bien entourés, parce que sinon, niveau matos, on a eu pas mal de galères !! Comme pour la première démo, budget oblige, toutes les prises de son ont été faites « à la maison » (entre nos chez-nous respectifs et le local de répète) sur du matériel numérique de base. En revanche, derrière, le mix et le mastering ont été assurés par un VRAI Monsieur-qui-s'y connait, à savoir Bertrand Drécourt (Jadallys, Conscience, Innerchaos…) qui nous a fait un super boulot et qu'on ne remerciera jamais assez pour tout le temps qu'il a passé et le travail qu'il a réalisé. Pour ce qui est des difficultés, elles se sont tout d'abord situées au niveau organisationnel : ayant chacun des activités prenantes (héhé oui, il faut bien gagner sa croute… ça fait pas très « rock star » mais c'est la réalité : on travaille tous !), il faut parvenir à trouver des créneaux où tout le monde est dispo. Ensuite (vive l'informatique) après déjà 6 mois de travail, nous avons perdu plein de pistes sur le PC… Mais au final ça n'a pas été si négatif que ça car la perte des pistes a impliqué le réenregistrement de celles-ci et les nouveaux enregistrements ont parfois, pour ne pas dire souvent, engendré de meilleures idées et donc on s'est retrouvé avec des choses qui nous plaisaient davantage. Il faut bien ne garder que le positif sinon on baisse les bras et c'est vraiment pas le genre du groupe !


Votre univers ne ressemble pas à ceux des autres, est ce réfléchi ?

Oui et non. A la base on a beau être très différents comme je l'expliquais plus haut, on retrouve en chacun de nous une caractéristique commune forte : la positivité. Chacun a sa façon de l'exprimer, de la vivre et la faire vivre aux autres, mais elle est bien présente dans le groupe et du coup c'est ce qui ressort d'Angalys, tant visuellement que musicalement ainsi qu'au niveau des textes. Tout ce qui peut passer pour de la niaiserie (et ne manque pas d'être catalogué comme tel par des gens qui doivent, pour leur part, ne pas être très fun ni très ouverts…) n'est en fait que naïveté et fraicheur. C'est un peu ça notre univers : véhiculer un message positif, en ayant bien conscience que ça ne veut pas dire qu'on incite les gens à faire l'autruche, genre « plouf plouf y'a plus de soucis dans la vie on est au pays des Bisounours ». Notre idée c'est que la musique doit être là pour offrir une parenthèse dans le quotidien quand celui-ci est un peu trop lourd et qu'on sait bien justement que c'est pas rose pour tout le monde tous les jours, qu'on a tous besoin de décompresser de temps en temps. Sans prétention et sans même savoir si l'on y parvient réellement, c'est ce qu'on a envie de transmettre quand on invite les gens à nous écouter ou à venir nous voir en live. Alors c'est là qu'intervient le côté « travaillé » de la chose, du coup, on s'est demandé comment faire pour que cela n'ait pas besoin d'être expliqué à chaque fois et soit ressenti comme tel (tout en sachant bien qu'on ne peut pas toucher tout le monde de la même façon bien sûr). On a trouvé que le parallèle entre la musique et le voyage était une évidence pour cette idée de « déconnexion » temporaire. Aussi notre album s'appelle UTOPYS, et UTOPYS c'est, comme l'expliquent les paroles de ce morceau, une planète sur laquelle tous les soucis n'existent plus (oui, bon ok, dit comme ça on revient un peu au pays des Bisounours… !). Et Angalys est en quelque sorte le véhicule (d'où le côté futuriste et « vaisseau spatial » de notre visuel, le tout dans les tons blancs pour le côté pur et positif) qui permet de transporter le public, de l'emmener avec nous, le temps d'une écoute, le temps d'un concert, jusqu'à ce lieu imaginaire.


Même si vous n'en jouez pas, à la vue des collaborations présentes pour cet album, il semblerait que vous soyez proches du milieu métal ?


C'est principalement Tizzy et moi qui avons de fortes influences metal de par les groupes qu'on écoute et qu'on apprécie, c'est très vrai. On a aussi pas mal de potes qui officient dans des groupes de metal, dont les guests de l'album et ceux qui ont participé à l'élabortaion de celui-ci en effet. Je parlais de Bertrand Drécourt pour le son, mais on retrouve également Tompix aux photos, qui n'est autre que le guitariste de Conscience ainsi que le bassiste de 3rd Eye. Matt le chanteur de Conscience est venu nous faire des chœurs sur punkette, morceau sur lequel officie également Thomas Leroy, un guitariste fou que je vous recommande vivement !! En ce qui concerne l'artwork de la pochette, du site, du myspace ainsi que tous visuels dérivés (flyers, affiches, stickers, badges, t-shirts…etc), c'est Essgraphics qui s'en est chargé. Et si vous allez visiter son site, vous verrez qu'il est tout de même principalement axé sur la réalisation d'artworks pour des groupes de musique plutôt extrême. Alors le métal, en effet, on n'en joue pas (je me vois mal chanter du grind-core avec la voix que j'ai, faut être réaliste des fois…) mais on baigne dedans !


Où se trouve U.t.o.p.y.s selon vous ?

Dans ton C.. !!! Pardon, nan mais en même temps j'avais prévenu hein, on est pas les derniers pour les vannes pourries… Bon, plus sérieusement, j'espère que chacun de nous a son UTOPYS en lui (tiens, j'étais pas loin avec ma réponse spontanée… ok n'en parlons plus !), le tout est de parvenir à s'y retrouver de temps en temps, de trouver le moyen, le vecteur qui nous y conduit (cela peut être la musique bien sûr mais ça s'élargit à tous les arts, aux sports, ou à toute activité qui apporte de l'apaisement) parce qu'on a quand même un peu une société de dingues… Sans vouloir être réac' ou moraliste, même si tout est fait pour nous simplifier la vie (au niveau technologique) on peut pas vraiment dire que tout soit fait pour nous éviter le stress.. . Comme on n'a pas vraiment le choix (a part se marginaliser ce qui n'est pas nécessairement une bonne solution non plus…) nous on a opté pour l'évasion musicale qui peut aussi nous recentrer sur nous, sur ce qui est vraiment important, sur ce à quoi on tient, relativiser pour être moins oppressés, moins mal à l'aise.


Vous avez participé à des festivals Métal et également joué en première partie de la chanteuse pop Angguun , c'est plutôt surprenant pour un groupe Rock non ?

Oui il nous est arrivé de partager l'affiche avec des groupes metal lors de festivals et ça s'est toujours très bien passé. On a été les premiers surpris de constater qu'on avait parfois devant nous un parterre de métalleux (les membre des autres groupes et leurs potes venus les voir…) nous scrutant du coin de l'œil. Puis dix minutes plus tard, non seulement ils étaient toujours dans la salle, mais en plus ils chantaient avec le reste du public les refrains entrainants à souhait de titres tels que « punkette » ou « tant pis », ça fait bizarre, mais, quelle qu'ait été leur motivation première (réel ouverture d'esprit, simple curiosité ou envie de se moquer…) ça fait surtout plaisir car on se dit que le message peut réellement passer, qu'il faut aller jusqu'au bout même si on doit se manger des critiques (c'est certain qu'on ne pourra pas convaincre tout le monde, et ce n'est d'ailleurs pas nécessairement un objectif). Pour la première partie d'Anggun ça s'éloigne un peu moins de notre univers, mais on a bénéficié d'un vrai coup de pouce de la part du responsable du service culturel de la ville où avait lieu le concert (Mantes – 78 ) puisque c'est lui qui, appréciant notre musique, s'est démené pour que la production du concert nous écoute (ce que j'expliquais plus haut concernant la première démo). Ensuite, on a eu de la chance que ça plaise et c'était une super expérience car, là encore, le public de 1000 personnes venu essentiellement voir Anggun est très vite rentré dans l'ambiance et nous a vraiment fait un super accueil.


Vos paroles sont très accessibles et votre musique communicative néanmoins elles semblent véhiculer des idées précises, quelles sont elles ?


A l'image de ce qu'on est, de ce qu'on véhicule visuellement, le son et les paroles sont simples, directs et accessibles et c'est un choix totalement assumé ! Si le but est de dire aux gens « soufflez un peu, détendez-vous, arrêtez de réfléchir, profitez d'un petit moment à vous, posez-vous pour mieux repartir…etc » on peut décemment pas leur servir un texte laborieux et tarabiscoté nécessitant d'avoir fait « psycho » pour être compris ! Même si j'adore écrire et que je trouve que le français est fantastiquement riche de précision pour cela, il faut bien avouer que si j'ai un message à adresser à quelqu'un que je vois stressé, ça va davantage être : « hey, cool ! respire ! » que : « vois-tu, je pense que ton moi sous-jacent doit être en conflit avec ton surmoi… as-tu eu des problèmes relationnels avec ta mère dans l'enfance… ? » (rires). Et si ça ne plait pas à certains qui diront que ce n'est pas assez intellectuel ou recherché, le message est tout aussi direct et clair : tant pis, n'écoutez pas !


Quelles sont vos attentes par rapport à cet album ?


Vaste question ! Au niveau du public on espère qu'il va plaire bien sûr ! On n'a dû distribuer qu'une centaine de CDs pour l'instant, c'est très peu, mais les avis sont plutôt super enthousiastes, ça motive (bon, si ça se trouve on est tombés sur 100 personnes hyper polies et diplomates… !). Au niveau professionnel en revanche, on nous a déjà proposé des plans de distribution. Malheureusement on est très loin d'être riches et on n'a absolument pas les moyens de faire fabriquer 5000 ou 10000 CDs à nos frais même si un label se charge de les mettre en vente chez tous les disquaires de France ! Voilà pourquoi dans un premier temps nous avons mis toutes nos économies pour réaliser 500 CDs dont la grande majorité va être envoyée à des maisons de disques, en croisant les doigts pour que l'une d'elle souhaite nous produire et donc financer la fabrication et la distribution. Si on doit pousser l'espoir un peu plus loin, on dira qu'on ne cracherait pas sur un gros label qui nous dirait « banco » et qui nous financerait le réenregistrement total de l'album dans un vrai studio, qui mettrait des moyens promo derrière et nous organiserait une tournée… Si ça nous permettait de ne faire que de la musique dans nos vies, on peut dire qu'on serait vraiment sur UTOPYS !


Le site : www.angalys.com + www.myspace.com/angalysgroupe


Max Born