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A S Y L U M  P Y R E

Propos recueillis par The Outcast


Suite à la sortie de leur album fin octobre, nous retrouvons Asylum Pyre pour faire le point dessus avec eux. Nous sommes reçus par le noyau dur du groupe, autour duquel est en train de s'articuler la nouvelle formation : La vocaliste « Chaos Heidi », et le guitariste Johann Cadot, seul rescapé d'origine, pourtant toujours moins à l'aise que sa coéquipière dans l'exercice de la promotion…

UltraRock : Johann, ça fait maintenant près de trois ans qu'on s'était vus, pour évoquer « Fifty Years Later »… Et j'ai envie de reprendre les choses exactement où nous les avions laissées, car figure-toi que la dernière chose dont on avait parlé dans cette interview, c'était ta vision de ce que pourrait être votre troisième album !

Johann Cadot : Qu'est-ce que j'avais dit ?

UR : Que tu n'en avais évidement alors aucune idée^^ Mais que a priori, tu te voyais faire quelque chose d'encore plus varié, touchant à encore plus de genres de Metal différents…

JC : Ah ouais… Et bien écoute, je pense que c'est ce qu'on a fait, au final [Heidi acquiesce], et je pense que plus encore qu'avant il y a des moments où on s'est vraiment lâchés, et on s'est même dit parfois « aller on s'en fout on y va on essaie, on tente »… et du coup on s'est tenus à ça !

UR : On reviendra sur ces morceaux car je vois exactement ceux où vous vous êtes dit ça. Mais d'abord, revenons à avant cette sortie : vous avez tenté – et avec succès – une opération de crowdfunding pour votre premier clip…

JC : Tout à fait. On a voulu tenter ca… On n'était pas forcément fans du « clip pour un clip », voilà, mais on sait qu'il faut en faire, pour accompagner un album.

Chaos Heidi : On voulait faire un clip de qualité, avec un scénario, plus que le clip traditionnel où on voit le groupe jouer, en fait. On savait que si on voulait réussir à mettre en application toutes ces idées ça allait avoir un coût, parce qu'on allait arriver dans les types de clips qui ne sont pas « simplistes », qui nécessitent du tournage et du montage, et ce n'était pas super simple de faire ça par nous-mêmes, parce qu'on avait déjà financé énormément de choses et au bout d'un moment… c'est beaucoup ! Donc on s'est dit : le crowdfunding, c'est quelque chose qui a pas mal marché pour plein d'autres groupes… A partir du moment où on a un projet de qualité, on va voir si ça fonctionne, et on va voir si les gens qui nous ont soutenus sur l'album d'avant sont toujours là. Ça a été le cas, ils sont toujours là, en fait ! Mais on a été très agréablement surpris de voir le nombre de gens qui nous ont suivis. On a rassemblé la somme assez rapidement – on l'a même dépassée – et donc, oui, ça nous a même réconfortés de voir que tous ces gens sont toujours là, et continuent à nous soutenir, même après avoir eu une petite phase d'absence – au moment où l'on a préparé l'album suivant en fait.

UR : C'est une bonne surprise pour le monde de la musique en général lorsqu'un crowdfunding marche, je pense… quel qu'il soit. Et pour un groupe dont les moyens se limitent aux vôtres encore plus, évidement. Bien ! l'album, maintenant… Vous êtes retournés aux MII Studios, avec le même célèbre monsieur que je ne citerai pas…

JC : On le fera à ta place  J

CH : On va commencer un concours du nombre de fois où on allait dire « Didier Chesneau » dans la journée !

UR : Ça avait très bien marché la dernière fois évidement, mais est-ce qu'il n'était même pas question de travailler avec quelqu'un d'autre ?

JC : Tu sais déjà en France des mecs qui font du Métal, ingénieurs du son, il n'y en n'a pas des masses… En plus de ça, Didier le fait bien, et c'est devenu au fil du temps un ami en fait, et encore plus grâce à cet album-là où on a vraiment travaillé en proche collaboration, à tel point qu'il a même participé aux arrangements des morceaux, et même joué tous les solos de l'album… Quand on a commencé à travailler sur cet album-là, il nous avait suivis régulièrement sur les dates qu'on faisait, on se croisait, il avait pris des news, on avait échangé beaucoup sur les démos et voilà… c'est naturellement effectivement qu'on est retournés le voir, et puis après on a encore plus sympathisé… Là il y a un lien d'amitié.

UR : Sujet moins plaisant, la dernière fois qu'on s'était vus, Vincent Kreyder était en cours d'intégration et je vous demandais si Asylum Pyre avait trouvé son batteur… Aujourd'hui j'ai envie de vous demander de la même façon si vous avez trouvé votre bassiste ?

JC : On ne peut rien dire pour l'instant... Il y a des choses en préparation, de toute façon on joue les 4, 5 et 6 décembre avec Stream Of Passion à Lyon, Toulon et Paris donc rendez-vous à ces dates-là pour découvrir les gens qui donneront vie à l'album ! [pari relevé, avec Steve Vtm à la 4-cordes et Thomas Calegari aux percus]

UR : L'album, maintenant, l'album… Une première constatation s'impose rien qu'en se saisissant du contenant : les thèmes changent : On n'est plus autour de la nature, comme avant, mais plus dans l'âme et l'esprit… La pochette semble aussi nous parler de ça – il faut comprendre quoi d'ailleurs dans ce visuel, qu'on est consumés par notre esprit ?

JC : Parfois oui, l'esprit est plus fort que la matière…

CH : Oui effectivement pour ce qui est de la pochette, on voulait faire une pochette en cohérence avec les thèmes de l‘album, et la phrase qu'on a donnée au graphiste quand on lui a demandé d'y travailler c'est qu'on voulait avoir « un esprit visible dans un corps invisible »… On lui a donné un peu cette indication-là, ce leitmotiv-là, parce qu'on voulait quelque chose de beaucoup moins figuratif que ce qu'on a pu faire sur les albums d'avant, moins descriptif, voilà, plus dans l'abstraction, quelque chose qui fait plus appel au ressenti, parce qu'on voulait représenter quelque chose d'impalpable, plus une notion que quelque chose de visible. Et sur cet album les thématiques qui tournent autour de l'esprit, de l'âme, des tourments, du côté plus lumineux ou plus sombre du cerveau et de son fonctionnement font qu'il y a une rupture d'univers effectivement, avec l'album d'avant, clairement.

UR : Johann, tu es le seul auteur des textes ?

JC : Oui. Autant sur les musiques par le passé il y a eu des collaborations de ce genre… et puis même là, de toute façon, tout ce qui est musique ça vit avec les personnes avec qui tu la fais, ça évolue avec ce que les gens avec qui tu travailles vont proposer, vont amener, la façon dont Heidi va les chanter. Autant, au niveau paroles jusqu'ici, sauf quelques rares exceptions… c'étaient juste des questions qui m'ont fait un peu changer les paroles, ou alors des remarques de Heidi me disant « bah là c'est un mot qui n'est pas forcément musical », parce que tu as envie de dire quelque chose mais pour le coller à la mélodie, ça ne passe pas forcément, donc il y a des ajustements comme ça… mais sinon globalement au niveau des paroles c'est moi qui gère le tout. C'est quelque chose que je n'ai jamais partagé, je ne sais pas si j'y arriverais… si, un petit peu, je l'ai fait récemment c'est vrai, avec un autre projet.

UR : Un texte que je t'ai particulièrement vu mettre en avant dernièrement via facebook était « At my door » sur l'autisme… Le thème n'a rien de surprenant sur un album comme celui-ci, mais vous avez peut-être des raisons personnelles d'en parler ?

JC : Non, pas plus que ça. C'est venu en regardant une émission, il y avait Joseph Schovanec qui intervenait, qui est un autiste « qui a réussi », un autiste Asperger : ce sont des autistes avec un cerveau surdoué extrêmement puissant qui arrivent à retenir des choses, une mémoire incroyable… Mais cette personne m'a interloqué. Et puis, dans l'autisme, il y a cette notion de vivre « dans » – on est sur la même terre mais pas forcément le même univers, et on peut se sentir parfois simplement en décalage par rapport aux autres, qui est quelque chose que j'ai pu moi ressentir par moments aussi… donc j'ai peut-être fait un rapprochement par rapport à ça. Et ensuite, il s'est avéré que dans les gens – des amis facebook principalement – il y avait quelques personnes autistes ou des parents d'autistes, donc j'ai échangé avec ces personnes-là, pour valider le texte aussi, pour ne pas dire n'importe quoi dans le texte… Voilà, c'est comme ça que le thème est venu. D'ailleurs, sur l'album, il est dédicacé à certaines personnes qui ont validé le texte.

UR : Autre titre, « Only your soul », votre premier clip… Quelle est votre part d'implication dans le scénario de la vidéo?

CH : Bah le scénario on l'a travaillé tous les deux en fait. On s'est basés sur le thème de la chanson : « Only your soul » traite d'enfance perdue, des rêves et des illusions qu'on perd quand on passe de l'enfance à l'âge adulte, du regard nostalgique que l'on peut porter en tant qu'adulte sur l'enfance, cette espèce de dialogue qu'il y a entre les deux… donc on a construit le scénario là-dessus. On avait des idées d'images, de scènes, de choses qui pouvaient se passer autours de ça… Le pitch du clip, c'est cette personne adulte dont je joue le rôle qui revient un peu sur les lieux de son enfance, arrive dans un grenier… bon, elle retrouve les vieux dessins de son enfance, c'est le début un peu de toute cette réflexion, et toutes les scènes qu'on va pouvoir voir par la suite où il y a des faces-à-faces entre adulte et enfant, et des scènes tirées soit de flashbacks de l'enfance soit du temps présent, en gros voilà. Donc oui on a beaucoup travaillé ça parce qu'on voulait vraiment miser sur le scénario, sur ce qu'on voulait raconter.

UR : Vous aviez donc déjà tout le scénario en arrivant ?

CH : On l'a soumis ensuite à l'équipe de production avec qui on a travaillé, Ashera, nous on leur a dit « on veut ça, on veut raconter ça, vous avec votre expertise de réalisateurs qu'est-ce que vous pouvez apporter ? », et là ils ont apporté leurs idées avec « oui, ça niveau réalisation, c'est plutôt comme ci, plutôt comme ça, on pense que ce serait bien de le faire comme ça »… Et là du coup eux, ils ont apporté tout l'aspect technique de la réalisation d'un clip, ce qui n'est pas du tout notre domaine, sur la base des idées que nous avions sur ce qu'on avait à dire, en fait.

UR : Vous ne devez pas connaître le clip, mais Queen associe comme ça un gamin à chaque musicien dans « The miracle »^^

JC : Je connais pas ce clip… mais j'irai voir. Je sais que M6 a fait ça à la rentrée avec toute son équipe de présentateurs et de journalistes^^ Je me suis dit « merde les salauds », alors que nous on avait fait notre clip avant… Mais « The miracle » de Queen, ils font ça ?

UR : Oui… bon ce n'est pas du tout le même sujet^^

JC : Ah non mais j'irai voir ! En même temps, du coup ça me fait plaisir, de me dire qu'à un moment on a eu la même idée que les mecs de Queen !

CH : Oui c'est sûr il y a pire !

UR : Venons-en enfin à la musique elle-même… Moi, donc, j'ai commencé à écouter en me rappelant de ces dernières paroles qu'on avait échangées sur « Fifty Years Later »… et, effectivement, je n'y ai pas trouvé plus de variété, vous aviez par exemple tenté des choses presque Thrash qui ont là été oubliées… En revanche, on retrouve plus d'éléments communs d'un titre à un autre, comme les sonorités électro qui, à n'en pas douter, sont une démarche volontaire de votre part…

CH : C'est vrai qu'on a changé un peu de direction dans la façon d'arranger, qui était plus traditionnelle, voire un peu Sympho avec des traditionnelles nappes de violons etc… qu'on a pu utiliser sur l'album d'avant, qui sont beaucoup moins présentes là. On est allé chercher d'autres types de sonorités – dont des sonorités électro, parce qu'on a envie de choses différentes, et de choses aussi un peu plus modernes, moins connotées. Donc je pense que c'est la raison… Après, je ne pense pas que c'est quelque chose de si dominant que ça, en fait, oui c'est un élément notable, qui fait une grosse différence sans doute avec l'album précédent… de là à ce que ce soit aussi dominant que ça, peut-être pas, je ne sais pas ce que tu en penses ?

JC : Il y en a pas mal c'est vrai… On a tellement baigné dedans que c'est le genre de choses sur lesquelles on a du mal à avoir du recul, mais à la limite, moi, ça me plait qu'on le remarque parce c'est effectivement une chose sur laquelle on a voulu apporter du soin, même s'il n'y en a peut-être pas eu partout, mais on en a à plusieurs endroits, et à chaque fois on voulait que cet aspect électro ait vraiment une personnalité… un truc sympa, donc.

CH : Du coup pour répondre à ta question on n'a pas l'intention de virer à fond dans l'électro !

JC : Oui c'est dur à imaginer… Mais c'est probablement quelque chose que l'on reverra dans le groupe, parce que c'est quelque chose qu'on a découvert, et c'était amusant, en fait, de connaître ces choses-là, de nouveaux sons, de nouveaux beats…

CH : La palette est vaste, ça nous permet d'exprimer plein de choses super intéressantes, d'utiliser ce type de sonorités, donc… c'est bien.

UR : Puisqu'on en est aux arrangements, il y a vraiment un effort notable, ils sont clairement plus travaillés, sur tous les titres…

JC : Il y en a peut-être moins mais mieux, en fait. Je pense qu'au final, il y a moins de choses mais ça ressort mieux, c'est fait de façon plus naturelle. Et les choses sur lesquelles on a essayé de faire très attention, notamment avec Didier, c'est de faire en sorte que chaque élément qui soit là ait son importance, sa place dans l'ensemble du spectre de fréquences…

CH : Ce n'étaient pas des choses qui ne servent à rien. Peut-être que, par le passé, on s'est quelquefois un peu fourvoyés en voulant trop en dire au même moment et, finalement, en noyant un peu l'auditeur… Et peut-être que là, on a plus abouti les arrangements dans le sens où ils sont super réfléchis et que, s'ils sont là, c'est qu'on est sûrs qu'ils ont leur place – autant dans leur forme que dans leur quantité.

UR : Je ne sais pas si tu avais eu le temps de lire la critique de « Fifty Years Later » dans UltraRock à l'époque, mais c'était mon principal reproche à l'album – car oui j'avais des reproches à lui faire !

JC : Oh bah il faut, tu es là pour ça ! Les chroniques, si c'est constructif, si c'est écrit comme ça... c'est bien. Tu sais, ce sont des choses que, forcément, tu prends inconsciemment en compte à un moment, si ça revient … voilà, donc.

UR : … donc plutôt un bon point. Sur le reste, effectivement, moi, mon oreille remarque avant tout cette dominante électro, ces nappes très travaillées, certaines atmosphères quasi-ambiantes… Et des choses plus variées aussi : les guitares sont parfois étonnantes tant elles sont mordantes, incisives, voire Rock… OK elles ne sont pas toutes de toi, c'est vrai, mais ça change, quand même…

JC : C'est la personnalité de Didier qui peut ressortir, je ne sais pas si c'est plus Rock, c'est plus…

CH : Incisif ça oui, carrément !

JC : C'est plus américain quoi, tu vois ? Après on peut avoir ce long débat sur le côté scène européenne / scène américaine… mais il a ce jeu très organique, d'ailleurs globalement l'album est assez organique, pas très aseptisé – enfin, en tout cas, on espère ! Et, effectivement, ce toucher crunchy et ce jeu à la… bah c'est du Rock qui sent la sueur à certains moments ! Et moi, mon côté virtuose – enfin pas tout à fait^^

UR : La différence ressort bien je t'assure.

JC : C'était plaisant de voir ces solos se construire et de laisser la personnalité de Didier s'exprimer sur des titres à nous, en tout cas, c'était une super expérience.

UR : Les guitares me parlent plus, c'est vrai, car j'en jouais, mais je rebondis sur le mot « organique » : c'est ça, il y a des riffs surtout qui auraient franchement dénoté sur « Fifty Years Later », comme celui d'ouverture d'ailleurs ! Il est presque groovy…

CH : Groovy, ça aussi c'est un mot important !

JC : Oui c'est vrai, on ne retrouvait que ce côté Heavy… On voulait depuis le début (ça c'était une constante, c'est une des caractéristiques du studio M2 quelque part) avoir ce côté qui vit, organique, et c'est ce qui nous correspond aussi. Comme on l'a dit tout à l'heure, il y a des morceaux qui racontent une histoire, on a besoin que ces morceaux évoluent, que la voix évolue et, justement, il y a quelque chose qui monte, quelque chose qui se passe. Et du coup l'ensemble du jeu, des riffs, tu vois il y a des petits trucs qui bougent, des imperfections mais c'est fait pour que le morceau évolue. Et même au niveau du mastering, on ne voulait pas tout compresser, et faire un truc surpuissant mais où, finalement, le morceau reste au même niveau tout le temps… on a essayé de trouver le bon équilibre, en discutant beaucoup avec la personne qui a fait le mastering, entre la puissance et quand-même garder cette vie dans le morceau et ce côté-là un peu groove… que le morceau vive et évolue, c'est une musique vivante, ce n'est pas trop aseptisé.

UR : Ça m'a surpris en tout cas… Je t'ai dit à quoi je m'attendais avant d'écouter, et forcément ça m'a surpris. Autre chose d'inattendu : les morceaux sont beaucoup plus concis, moins complexes, plus mélodiques… C'est volontaire aussi ?

JC : Complètement ! En fait, de l'expérience des concerts qu'on a faits par le passé, ça a été un des chalenges de l'album aussi – parce qu'on a tendance à vouloir en mettre un peu partout, et justement, même dans les structures, l'idée a été de dire : là on veut essayer aussi, sans se trahir, de créer quelques morceaux pour le Live, qui soient tout de suite « on est ensemble, on fait la fête, on partage et voilà on est là pour se faire plaisir »… Ça a été un des leitmotivs de l'album. Pas le seul, parce qu'il y a eu tout ce que je te disais aussi à côté, des morceaux qui vivent, et puis sinon cette personnalité, avec plusieurs personnages dans un même morceau, mais effectivement le côté concis ça a été quelque chose qu'on a essayé de chercher, qui est finalement très dur à avoir, finalement faire simple et faire… comme tu disais tout à l'heure simple mais pas simpliste. C'est quelque chose qu'on a recherché.

UR : Bonne formule… Dans ce genre de morceaux très directs on a « Only your soul » évidement, mais moi je préfère « Shivers », qui est encore plus efficace, chose que vous nous proposiez avant assez peu…

CH : Je ne m'attendais pas du tout à ça^^

JC : « Shivers » alors c'est celui où il y a du growl un peu…

UR : Il y a surtout un riff super efficace, et une ligne mélodique « simple mais pas simpliste »…

CH : Moi je ne m'attendais tellement pas à « Shivers »… c'est marrant !

JC : Bah écoute… ce morceau-là il traite du syndrome post-traumatique, et il a été un des plus compliqués à accoucher, et justement car à un moment donné on est partis un petit peu trop dans tous les sens, et on a réussi justement à le simplifier et je dirais même que la ligne du refrain a complètement changé en studio !

CH : On a enregistré des choses, et puis on arrive le lendemain on réécoute on fait « mais non ça ne va pas, ce n'est pas ça qu'il faut »… et là tu as réunion de crise, et « bon qu'est-ce qu'on fait de ce refrain ? ça ne va pas »… Et puis d'un seul coup tu sors un nouveau refrain, au studio le jour même, quoi…

JC : Et voilà… et c'est vrai que moi j'en suis content car c'est un morceau qui, à un moment donné, a même failli ne pas être sur l'album…

UR : Les trucs moins directs maintenant… j'avoue que je suis personnellement plus sensible au côté Prog, moi… Le premier morceau « où vous vous êtes permis pas mal de choses » comme tu disais c'est « Soulburst »

JC : Exactement ! Morceau sur la schizophrénie donc, avec le côté justement multiples personnalités…

CH : Alors là on s'en est donnés à cœur joie, on s'y est mis à deux hein!

JC : C'est « vas-y lâche-toi », déjà dans la compo, « fais-toi plaisir »… et puis dans les voix après, on s'est amusés quoi, parce qu'il y a des voix d'enfants, des voix torturées, limite gothiques, il y a des voix susurrées …

CH : il y a des voix saturées, il y a des voix criées, des voix graves… il y a de tout.

JC : …et dans lequel on va mélanger un instrumental quasi-ambiant à des blasts. Mais nous, on adore faire ça. Alors ce n'est pas très calibré radio, mais c'est le genre de morceaux qu'on adore. Je pense que, si un jour Asylum Pyre fait un album où il n'y a aucun morceau comme ça, c'est qu'il se sera totalement perdu [Clairvoyant de ta part, Johann] parce que, voilà, il y aura toujours une petite partie là, un peu comme il y a eu par le passé « Different sides » [sur le premier album « Natural Instinct »] ou « Any hypothesis » [sur son successeur « Fifty Years Later »] qui sont des morceaux où on laisse totalement libre cours, aucune limite à la structure. Quelque part, c'est reposant et, en tout cas pour moi, c‘est beaucoup plus facile, ça vient plus naturellement qu'un morceau comme « Unplug my brain » qui est beaucoup plus court.

UR : Puisque tu parles d'ambiant, la plage qui l'est intégralement, « In Hayao's arms », c'est pour Miyazaki [réalisateur d'animes]? Je ne suis pas très calé en japoneries^^

CH : Oui, c'est ça, c'est un petit clin d'œil hommage à Hayao Miyazaki, juste avant le morceau qui s'appelle « Spirited away », et qui est donc le titre anglais du « Voyage de Chihiro » [c'était donc ça…], dessin-animé de Hayao Miyazaki. Ces deux plages-là effectivement sont liées et sont directement des hommages à Miyazaki.

UR : Reprenons sur les choses moins simples et qui me plaisent : en premier lieu « White room »… Je ne sais pas si tu as quelque chose à dire sur celle-ci ?

JC : Tu vois, en général, tu as du mal à écouter tes albums. Moi aujourd'hui j'arrive encore à écouter celui-là, donc c'est bien, et, quand j'écoute ce titre-là, j'ai envie de chialer à chaque fois, j'arrive à m'émouvoir moi-même, tu vois ? par l'interprétation qui a été faite du chant, du solo, de l'ambiance qui ressort plus. C'est sur la fin de vie, sur les dernières heures de quelqu'un qui sait qu'il va mourir, sur l'euthanasie, qui demande à ce qu'on en finisse, mais qui, juste avant ça, veut avoir le temps de dire au revoir, simplement au revoir à toutes les personnes et à toutes les choses qu'il a aimées, tu vois ? Je repense à certaines images que j'ai vues, dans un reportage par exemple d'une dame qui allait faire ça à l'instant quoi, on lui disait « vous êtes prête ? » « oui oui allez-y je suis prête »… Et puis c'est aussi d'avoir vu mon grand-père en réanimation, ce genre de choses, et puis d'autres choses aussi, sur des gens proches… enfin c'est… voilà, c'est un morceau qui n'est pas à écouter tous les jours, pas très gai – eux veulent dire au revoir à tous ceux qu'ils ont aimés et nous, on voulait dire au revoir à tous ces gens-là qui nous ont quittés aussi.

UR : Je comprends mieux pourquoi il était aussi évocateur… Autre anecdote après « The Miracle » : « White Room » de Cream, tu connais ?

JC : Ah non, connais pas… C'est marrant, faut que tu m'envoies des trucs que j'aille voir !

UR : Je vais vraiment te l'envoyer celle-là, c'est un de leurs plus gros classiques^^ [Envoyé, et apprécié par le Sieur]. Je vais te reposer aussi une question à laquelle tu avais répondu lors de notre dernier entretien, c'est sur ce que vous écoutez en ce moment ? On peut penser que ça ait changé…

JC : Je pense, en ce moment, ça va de Sia à un nouvel album de Royal Hunt qui est sorti [« Devil's Dozen »], je me suis replongé dans « Paradox » qui est un album qui m'avait beaucoup marqué à l'époque… Ou au projet Kiske/Somerville [qui ont sorti leur 2 e album « City Of Heroes » en avril] qui, je trouve, est super bien réussi, super bien foutu… Et puis Mumford & Sons qui est un truc totalement Folk… intéressant.

CH : Moi ça va être super varié aussi… J'achète beaucoup de trucs d'électro en fait ces dernières années – ça fait un moment déjà – j'avais acheté Kavinsky, j'adorais ça. Un truc moins connu qui s'appelle [Tender Ray ? un truc comme ça… moi et l'électro, pardon]… London Grammar est un truc que j'adore aussi, là rien à voir avec le Metal ! Après dans les trucs plus énervés je suis très très grande fan de Septic Flesh ! Sinon oui ça dépend, ça dépend du jour, ça dépend des humeurs mais oui ça va être assez varié en tout cas. Des choses différentes de même, des trucs Pop aussi hein, comme je suis prof, à longueur de journée j'ai des élèves qui viennent avec des morceaux donc [Johann commence un « Libérééée ! »] Alors, ça, j'y ai échappé, je sais pas comment j'ai fait, mais j'y ai échappé ! Mais ouais, du coup j'ai écouté aussi pas mal de choses en fonction de ce que mes élèves me ramènent… En Metal j'en ai un qui chantait du Leprous… c'est vachement sympa.

UR : Tu avais diffusé une vidéo où tu reprenais « Infinite Dreams »…

CH : Oui, de Maiden ! [Heidi est fan du groupe… sans doute mon meilleur argument pour vous vendre Asylum Pyre] Ah bah celle-là tu l'as vue passer car c'est celle qui a le plus circulé… elle a plus de 100.000 vues, elle a eu un gros succès. Je fais assez régulièrement des covers [https://www.youtube.com/user/ChaosHeidi1]… en fonction du temps que j'ai aussi, et là dernièrement j'en ai fait une de Septic Flesh, justement. J'ai repris « Anubis » et j'ai tourné un clip avec une amie qui est réalisatrice qui a fait le clip spécialement pour l'occasion en fait ! Donc c'est mon dernier méfait c'est une reprise de Septic Flesh !

Que le dieu embaumeur vous ait en sa très sainte garde, et guide vos pas lors de votre périple européen. Ce dernier aura lieu dans la deuxième moitié de janvier, passant par Annecy le 15 avant de partir pour l'Allemagne, les Pays-Bas, la Tchéquie, la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie puis l'Autriche, avec Luca Turilli et Iron Mask ! Enjoy !

The Outcast.

 

 

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