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A V A N T A S I A - Tobias Sammet

Propos recueillis par Kzaf


"Ghostlights" le nouveau volet de la saga Avantasia sort le 29 janvier, fortement alleché par la prosition d'échanger avec le géniteur-compositeur de l'ambitieux projet Tobias Sammet, Ultrarock a décroché son téléphone et vous propose ci-dessous, d'en apprendre un peu plus  :

Ultrarock : Salut Tobias, nous sommes ici pour parler de la sortie du nouvel album d'Avantasia, « Ghostlights ». Allons droit au but : que penses-tu du résultat ?

Tobias Sammet : Il est incroyable ( rires)  ! Plus sérieusement, je suis très content du résultat. Crois-le ou pas, la création de ce nouvel album a été très sereine, très relax. En prenant un peu de recul, je suis très étonné de la quantité de matière musicale que l'on a pu sortir en si peu de temps. Nous n'avons jamais vraiment ressenti de pression et nous avons pu travailler tranquillement malgré le planning serré. La joie de bosser sur ce projet qui me tenait à cœur doit y être pour quelque chose.
Sans que je ne m'en soucie vraiment, je me rends compte que le résultat est assez différent de tout ce qu'Avantasia a pu proposer jusqu'ici, et c'est une très belle surprise. Je ne saurais pas t'expliquer pourquoi, ni comment nous en sommes arrivés là, mais le fait est que cet album a une véritable âme.

" Je me rends compte que le résultat est assez différent de tout ce qu'Avantasia a pu proposer jusqu'ici, et c'est une très belle surprise."


Combien de temps a été nécessaire d'un bout à l'autre de la conception de « Ghostlights » ?


J'ai commencé à travailler dessus au début de l'automne 2014 et le dernier mixage ainsi que le mastering ont eu lieu autour du 5 novembre dernier. En gros, il nous aura fallu 14 mois.

Tu as l'air de dire que cet album a été assez facile à élaborer, et qu'il est différent des autres. Cela signifie-t-il que le précédent, « The Mystery Of Time », t'avait donné du fil à retordre ?

Non, pas du tout. La différence vient surtout du son. Je ne saurais te dire pourquoi, mais je trouve « Ghostlights » bien plus charismatique, plus séduisant que les précédents. J'adore « The Mystery Of Time » et chacun des albums d'Avantasia, mais c'est un peu comme chaque enfant que tu peux avoir, ils sont tous différents, avec leurs qualités et leurs défauts, et tu les aimes pourtant tous autant.

Tu as encore une fois réussi à réunir un ensemble de guests assez impressionnant pour cet album, notamment, pour ne citer qu'eux, Marco Hietala (Nightwish, Tarot), Sharon Den Adel (Within Temptation) ou Michael Kiske (ex-Helloween) qui est devenu un habitué. Quels sont les arguments qui te permettent d'attirer de grands noms de la scène métal pour participer à tes créations ?

« Hey Marco, j'ai un gros paquet de fric pour toi ! » ( rires) . Si seulement c'était vrai… Bien sûr les artistes sont rémunérés, mais bien moins que je le souhaiterais.
Pour reprendre l'exemple de Marco, je l'ai rencontré lors d'un concert commun en Allemagne avec son groupe Tarot, il y a deux ans. J'ai adoré sa prestation et sa voix si particulière. Je lui ai parlé d'Avantasia et lui ai proposé de poser sa voix sur un morceau, «  Master Of The Pendulum », que je trouvais taillé pour lui. Je lui ai envoyé les prémices du morceau pour qu'il se fasse une idée et ça lui a plu. Nous avons ainsi travaillé ensemble sur ce titre et je suis très content du résultat. L'exemple de Marco illustre bien la façon dont cela se passe en règle générale avec les guests des albums d'Avantasia.


" Hey Marco, j'ai un gros paquet de fric pour toi ! "


Justement, comment choisis-tu les personnes avec qui tu aimerais travailler ? Est-ce seulement une question de timbre de voix ? Ou la popularité de chaque artiste joue-t-elle un rôle dans tes choix ?

Non, pour moi le choix reste toujours d'ordre artistique. Pour prendre l'exemple d'Oliver Hartmann, il n'avait à la base qu'un rôle assez minime au sein de l'album. Je ne le connaissais que très peu, c'était un ami de Sascha Paeth. Et vu la qualité de son travail, j'ai souhaité lui donner une place bien plus importante. Je mets un point d'honneur à choisir les personnes qui m'entourent en fonction de leur talent et de leurs compétences. Alors bien sûr, il n'y pas que d'illustres inconnus dans la guest-list des différents albums d'Avantasia, mais je pense que tu prends le problème à l'envers. Tous ces artistes avec qui j'ai eu la chance de travailler et qui sont des musiciens reconnus, ils sont devenus populaires parce qu'ils avaient des qualités exceptionnelles, pas par hasard. Et ce n'est pas leur popularité, mais plutôt ces qualités-là qui font que j'ai souhaité travailler avec eux.
Evidemment, c'est leur popularité qui m'a permis de les découvrir au détour d'un concert ou d'un album que j'ai pu écouter, mais je n'ai jamais choisi quelqu'un en fonction du nombre de ses fans. Toutes ces personnes qui ont participé aux différents projets d'Avantasia sont tout autant de musiciens dont le travail m'a touché au préalable.
Un autre exemple : Robert Mason ( ex-Lynch Mob ). Il n'est clairement pas l'un des chanteurs les plus connus au monde… Mais je suis un fan absolu de son timbre de voix. Je l'ai découvert à l'écoute du second album de Lynch Mob. Dès les premières minutes de mon écoute, j'étais persuadé qu'il pouvait énormément apporter à Avantasia. Il n'est ni Michael Jackson, ni Prince, et pourtant c'est un chanteur au talent incroyable et il avait le chant et le tempérament parfaits pour Avantasia.


Aujourd'hui, c'est certainement plus facile de convaincre les différents artistes de venir travailler avec toi qu'aux débuts d'Avantasia, non ?

Evidemment, c'est plus simple aujourd'hui. J'ai créé Avantasia en mai 1999, pendant une tournée que nous faisions avec mon groupe Edguy en compagnie d'Angra, en France. A l'époque, Edguy n'était encore qu'un petit groupe qui grandissait peu à peu et personne ne me connaissait vraiment. Ça a été assez compliqué de convaincre les bonnes personnes de travailler avec moi sur ce projet naissant. Mais, pas à pas, la qualité du son d'Avantasia et les bons résultats dans les charts internationaux m'ont permis de viser de plus en plus haut. La réussite d'Edguy m'a aussi permis de rencontrer des personnes talentueuses et influentes, ce qui a aussi beaucoup influé sur les possibilités qui s'ouvraient à moi pour Avantasia. Certaines collaborations ont aussi rendu les choses plus simples : quand tu as à ton tableau de chasse des légendes comme Alice Cooper, Bruce Kulick ou Eric Singer, ça aide. Avec le temps, Avantasia a dépassé le statut de projet. Je suis heureux de pouvoir dire que c'est presque devenu une institution du métal, un phénomène. Je ne dis pas cela par prétention, vraiment.
Mais si l'on regarde d'un peu plus près ce qui se fait aujourd'hui dans le monde du métal, Avantasia est différent dans son concept et dans son approche de la musique. Quand je revois tout le chemin que j'ai parcouru, moi, Tobias, un jeune chanteur tout droit sorti du fin fond de l'Allemagne, c'est une grande fierté.


" Quand tu as à ton tableau de chasse des légendes comme Alice Cooper,
Bruce Kulick ou Eric Singer, ça aide."

 

Si tu avais la possibilité de choisir l'artiste de tes rêves pour travailler avec toi sur un album d'Avantasia… ?

Très bonne question… Je pense que ce serait Bruce Dickinson. Sa voix est incroyablement unique, et l'histoire de ce frontman et d'Iron Maiden signifient beaucoup pour moi. J'ai toujours été un fan absolu.


Quel est ton plus beau souvenir avec Avantasia ?

Il y en a beaucoup… Un des meilleurs, c'est la première fois que j'ai entendu la voix de Michael Kiske posée sur un de mes morceaux. L'un de mes autres souvenirs hors-normes, c'est Alice Cooper me disant « Ta chanson est vraiment sympa, ok j'en suis ! ». Imagine un peu le truc, je suis un fan invétéré de ce mec-là, et il était là à me dire qu'il était prêt à travailler avec moi ! Putain, ALICE COOPER mec ! Ça a été un moment incroyable.



" Alice Cooper me disant « Ta chanson est vraiment sympa, ok j'en suis ! ». Imagine un peu le truc, je suis un fan invétéré de ce mec-là, et il était là à me dire qu'il était prêt à travailler avec moi ! "

 

Parlons un peu de l'enregistrement de « Ghostligts ». As-tu réussi le petit exploit de faire venir tous ces artistes en studio pour travailler avec toi, ou le plus gros du boulot a-t-il été fait grâce à internet ?

On a beaucoup travaillé dans le studio de Sascha et certains artistes sont venus, comme Jorn Lande par exemple. Beaucoup étaient à l'étranger et sont allés enregistrer dans d'autres studios comme Bob Catley qui a fait sa part du travail à Birmingham. Pour être tout à fait honnête, je n'ai jamais trop compris l'intérêt de faire déplacer tout le monde en Allemagne, dans la même pièce pour enregistrer. C'est devenu si facile de travailler à distance, même en se trouvant aux quatre coins du monde ! Nous disposons d'une multitude d'options rendant les choses plus faciles, et ça n'entrave en rien l'âme des créations d'Avantasia.

Avec le temps, Avantasia a grandi, et peut-être est-il devenu plus imposant, plus envahissant que ton autre groupe, Edguy. Comment gères-tu cette situation ?

Quand il est temps de travailler pour Edguy, je suis à 100% le chanteur d'Edguy. Quand nous avons débuté notre carrière en 1992, le premier album en 1997, le second en 1999, la machine s'est emballée, et nous avions un grand nombre de concerts à donner. Nous sommes presque arrivés à saturation tant la tâche était monstrueuse. Je ne sais pas si c'est un simple hasard, mais c'est à peu près au moment où j'ai décidé de créer Avantasia que nous avons décidé avec Edguy de lever un peu le pied. Nous sortions un nouvel album quasiment tous les ans, et nous ne pouvions pas tenir des années durant à ce rythme-là. Et puis, il était hors de question d'écœurer les fans à sortir trop de créations en trop peu de temps, en risquant d'y perdre en qualité. Il est clair que cette décision de calmer le rythme de travail d'Edguy m'a laissé plus de temps et de possibilités pour permettre à Avantasia de naître et de grandir. Quoi qu'il arrive, il est très important de garder une certaine excitation et une grande motivation pour chaque groupe, chaque projet. A l'heure actuelle, Avantasia est dans une dynamique qui me donne un élan incroyable, qui me donne envie de réaliser une multitude de choses. C'est un projet magnifique qui me permet de rester concentré sur mes objectifs artistiques et qui m'a maintenu à certains moments, aussi paradoxal cela puisse paraître, dans un état d'extrême motivation pour Edguy.

 

"Quand il est temps de travailler pour Edguy,
je suis à 100% le chanteur d'Edguy. "

 

Tu viens de terminer une tournée avec Edguy pour la sortie de « Space Police », tu attaques bientôt une nouvelle tournée pour « Ghostlights » avec Avantasia… Tu dors de temps en temps ?

Non, ça fait des années que je ne dors plus ( rires ) ! Plus sérieusement, je ne ressens pas le besoin de me reposer. Je n'ai jamais eu l'impression de travailler en élaborant les différents albums d'Edguy ou d'Avantasia ni même en arpentant les différentes scènes des multiples tournées où j'ai eu la chance de chanter et de jouer.
Je fais ce que j'aime le plus au monde. Tout est fait autour de nous pour que tout se passe pour le mieux. Bien sûr, j'ai connu des moments difficiles, stressants. Mais ils sont bien plus rares que les moments de joie et de bien-être. J'ai la chance incroyable de ne pas avoir à me lever à 6h du matin pour me rendre à un job harassant sans aucun intérêt intellectuel, rentrer chez moi à 17h, mort de fatigue avec comme seul objectif d'aller me coucher pour retourner travailler le lendemain. De quel droit pourrais-je me plaindre ? J'ai un job en or, ma vie est magnifique.


Kzaf

 

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